Déclaré officiellement candidat à l'élection présidentielle, Xavier Bertrand, 56 ans, brigue donc un second mandat à la tête du conseil régional des Hauts-de-France. L'ancien maire de Saint-Quentin se présente cette fois-ci sous une étiquette divers droite puisqu'il a quitté Les Républicains en 2017.
Son slogan de campagne ? « Se battre pour vous », avec toujours comme priorités l'emploi, la formation, l'entrepreneuriat (avec par exemple le financement, sous conditions de ressources, de 90% du permis de conduire des jeunes qui entament une formation) mais aussi la sécurité (équipements des polices municipales, vidéo-protection dans toutes les gares de la région) et le ferroviaire (lancement du barreau Picardie-Roissy, ouverture à la concurrence des TER, arrivée du train à hydrogène).
Xavier Bertrand a listé d'autres infrastructures prioritaires comme la route nationale 2 reliant Paris à la frontière franco-belge, le Canal Seine Nord déjà lancé, le développement de la fibre et la création de maisons de santé.
Adversaire de taille
Si l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy est déjà annoncé comme favori d'après les sondages (crédité dès novembre dernier de 33% des voix dans notre sondage IFOP-Europe 1-La Tribune et de 35% des intentions de votes au premier tour selon un sondage Ipsos SopraSteria pour France Bleu et France 3 réalisé fin avril), il devra quand même affronter un adversaire de taille : le Rassemblement National.
Le parti d'extrême-droite est en effet crédité de 30%-31% d'intentions de vote, selon les récents sondages. Un chiffre à mettre en perspective avec les précédentes élections de 2016, où le Parti socialiste, mené par Pierre De Saintignon, avait dû se désister au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen (qui avait alors totalisé 40,64% des voix au premier tour et 42.23% au second tour).
Front républicain
Ce front républicain contre l'extrême-droite avait évité une triangulaire tout en permettant l'élection de Xavier Bertrand. Sauf que pour cette élection, le président sortant ne veut pas entendre parler d'une alliance républicaine entre les deux tours... Il s'appuie peut-être sur sa notoriété, puisqu'il affrontera cette fois, non pas Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, mais son porte-parole, Sébastien Chenu, 48 ans, conseiller régional depuis six ans. Cet ancien membre de l'UMP avait rejoint le parti d'extrême-droite en décembre 2014.
Natif de Beauvais dans l'Oise, il est député de la 19e circonscription du Nord (Denain) depuis 2017. Sa campagne, intitulée « Une région qui vous protège », met en avant un programme axé sur la sécurité et l'emploi, avec l'arrêt des subventions aux entreprises qui délocalisent et aux structures « en lien avec l'islamisme ». Sébastien Chenu souhaite aussi mettre en place des référendums locaux avant chaque implantation d'éoliennes, dans une région qui en comporte déjà près de 1.500.
Union de gauche
Quant à la gauche, elle a bien retenu la leçon de 2016 en réussissant à monter une large liste d'union qui fait figure d'exception. Karima Delli, Roubaisienne de 42 ans, députée européenne et chef de file d'Europe Ecologie Les Verts, sera la tête d'une liste où l'on retrouve le Parti socialiste, le Parti communiste, La France Insoumise et les Radicaux de gauche. L'ensemble est crédité de 17% des voix (soit quasiment le score de 2016), selon un sondage BVA pour RTL publié début mai. Le programme fait évidemment la part belle à l'écologie mais également à la justice sociale : revenu de solidarité, gratuité des transports régionaux, soutien à la jeunesse et la culture.
Poids lourds LREM
La République en Marche arrive aussi dans le jeu des régionales, avec une liste dirigée par un ancien cadre supérieur d'Auchan, spécialisé en ressources humaines, Laurent Pietraszewski, 54 ans. Il a été député du Nord de 2017 à 2020, avant d'être nommé l'année dernière secrétaire d'État chargé des retraites et de la santé au travail. Début mai, la liste LREM était créditée de 10%, selon le même sondage Ipsos réalisé pour France Bleu et France 3. Si ce score était réalisé, la liste LREM pourrait se maintenir au second tour.
D'autant que le parti présidentiel peut désormais compter sur le soutien de quelques poids lourds du gouvernement : le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ancien maire de Tourcoing ; le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, avocat pénaliste, ancien ténor des barreaux, natif de Maubeuge ; la ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, née à Paris ; son homologue en charge des petites et moyennes entreprises Alain Griset, ex-président de la Chambre d'artisanat du Nord.
Le programme LREM table sur des « Hauts-de-France unis », avec un "pass-liberté jeunes" de 1.000 euros (réparti à égalité entre culture et et mobilité, la formation, le sport ou la santé). Une autre mesure phare vise à « accompagner les 80.000 jeunes de 16 à 25 ans ayant quitté l'école, sans formation et sans emploi et ne font pas la démarche d'aller à Pôle emploi ou à la mission locale ».
Deux autres listes
Trois autres listes viennent compléter le panorama des candidats. José Evrard, 75 ans, longtemps militant communiste passé ensuite par le Front National, il représentera Debout la France, mouvement souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan. Eric Pecqueur, 54 ans, ouvrier chez Toyota à Onnaing et délégué CGT, se présente pour la troisième fois aux élections régionales pour le parti d'extrême gauche Lutte ouvrière. Audric Alexandre, tête de liste du parti européen PACE, s'associe à trois autres formations : Volt, Allons-Enfants et Nous-Citoyens, avec une parole politique pro-Europe.
A ce stade, et en prenant les chiffres des sondages avec avec prudence, deux scénarios se dégagent. Une quadrangulaire remportée par Xavier Bertrand avec 36 % des intentions de votes devant Sébastien Chenu à 33%, Karima Delli à 19% et Laurent Pietraszewski à 11%, selon le sondage BVA pour RTL paru début mai.
L'institut Ipsos/SopraSteri avait testé l'hypothèse d'une triangulaire. Dans ce cas aussi, le vote donnerait Xavier Bertrand vainqueur avec 43%, Sébastien Chenu (RN) recueillant 34% et Karima Delli 23% des intentions de vote.
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