Les créatifs sont complètement à l’ouest

Les 550.000 emplois créatifs de la métropole du Grand Paris, ceux du numérique en particulier, sont monopolisés par Paris et les Hauts-de-Seine. Une géographie des métiers créatifs terriblement inégalitaire, mais l’est et le sud de la métropole vont peut-être avoir quelques atouts à jouer.
Futur en Seine, manifestation créative et numérique, est en plein coeur de Paris

Ils aiment le cœur de Paris, n'ont rien contre le nord juste de l'autre côté du périphérique, mais, avant tout, ils raffolent de l'ouest et des Hauts-de-Seine. «Ils», ce sont les créatifs : l'édition, le cinéma, la publicité, l'architecture, le numérique, la mode ou les éco-activités... ils sont 680.000 en Ile-de-France, mais 80% à Paris et petite couronne.

Économistes, sociologues et élus les surveillent comme le lait sur le feu. Richard Florida, spécialiste américain de l'aménagement urbain, avance en effet la thèse que l'existence et le développement de cette «classe créative» est en totale corrélation avec le développement économique d'une métropole : urbaine, connectée, elle recherche des éco-systèmes urbains propices à la création et assure le développement des lieux où elle s'installe. Car les créatifs, vue la nature de leurs métiers, on les trouve surtout et presque uniquement dans les métropoles mondialisées.

Le numérique se rue dans les Hauts-de-Seine

L'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) vient d'étudier leur implantation dans le Grand Paris. Premier constat : ils sont tous à l'Ouest. 72% des emplois du cinéma, de l'architecture, des médias et de la publicité sont concentrés entre Paris et les Hauts-de-Seine.

Dans le numérique, le tropisme est aussi fort : les emplois sont presque tous à l'ouest de Paris, et dans le 92, qui, à lui seul, en truste 40%.

La taille des établissements dans le numérique explique ces implantations : 4 salariés en moyenne par entreprise dans Paris, mais 14 dans les Hauts-de-Seine. Paris est donc une terre de gestation pour des projets qui, lorsqu'ils murissent et grandissent, émigrent dans le 92. Le prix du m2 joue, mais, surtout, ces entreprises créatives de l'informatique et de l'internet tendent naturellement à se rapprocher du tertiaire des Hauts-de-Seine. La fracture est-ouest est, en tout cas, terrible en Ile-de-France, l'est et le sud étant presque désertés dans ce secteur.

Le retour de l'industrie en ville?

Paris concentre bien évidemment la mode (les 2/3 des établissements de la région) et la haute couture. Le design est, lui, plus diffus car il est, pour une large part, internalisé par les grandes entreprises de l'industrie et des services.

Ces trois filières sont surreprésentées dans le coeur de la métropole car elles y trouvent un écosystème en symbiose avec leur dynamique et leur agilité, et, note l'APUR, elles « y trouvent des sources d'inspirations puisées au plus près de l'inventivité des citoyens et inspirées par les mutations de la ville ».

C'est peut-être la  vieille tradition parisienne de « l'industrie en ville » qui est en train de ressurgir. Elles y sont aussi à cause des politiques municipales de soutien à l'innovation, les incubateurs en particulier, à Paris comme dans les Hauts-de-Seine ou en Seine-Saint-Denis du côté du territoire de la création.

Le Val-de-Marne a pourtant un terreau favorable pour les créatifs

La question est de savoir si cette répartition territoriale totalement inégalitaire est figée dans le marbre.

Beaucoup trop de collectivités de l'est et du sud-est sont certes responsables de la situation vu leur manque d'investissement dans l'innovation. Mais, si l'on lit bien les cartes de l'APUR ou celles de l'IAU (Institut d'aménagement urbain d'Ile-de-France, en particulier les deux excellents tomes de l' «Abécédaire de la future Métropole du Grand Paris», on s'aperçoit que, pour l'instant, le créatif fleurit à l'ouest, mais que le meilleur terreau est peut-être du côté du Val-de-Marne. Un tissu de PME et de PMI extrêmement bien fourni grandit à l'est et au sud de Paris et les nouveaux métros vont le booster.

Dans le même temps, s'y met en place un immobilier plus hybride, un terreau d'accueil bien plus facile pour les économies créatives que La Défense ou le 8e.

La mutation des grandes emprises industrielles ouvre peut-être de nouvelles perspectives. Avec des zones habitat/travail beaucoup plus mixtes que dans les quartiers d'affaires traditionnels du cœur de la métropole qui sont, eux, en train de se questionner et d'essayer de se repositionner.

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Commentaires 2
à écrit le 18/04/2015 à 14:44
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Réflexion complètement absurde sur la géolocalisation des créatifs. Et tous les créatifs américains qui ont développé les technologiques numériques, qui font surf sur les cotes de Californie, vous les avez oubliés ? Vous croyez qu'un type intelligent...

le 18/04/2015 à 18:03
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Effectivement (je suis graphiste, illustrateur indépendant) à choisir je préférerais vivre ailleurs, 95% de mon boulot se fait en télétravail, mais le 5% restant m'oblige à être à la disposition physique (pratiquement dans les 24 heures) de mes clien...

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