Préserver les produits de la mer passe par un changement des habitudes de consommation. Cette campagne « Mr Goodfish » a séduit Metro Cash & Carry France. Le grossiste y voit même « une démarche d'intérêt public », aux dires de Marie Garnier, son directeur qualité.

Le Nord teste, la France suivra à l'automne

Mr Goodfish avec ses moustaches en forme de poisson trônera donc dès l'automne 2012 au rayon poissonnerie de ses 92 entrepôts. Aux 400 000 poissonniers, restaurateurs et traiteurs clients de l'enseigne, elle proposera d'acheter une plus grande variété d'espèces dès lors qu'elles sont pêchées à proximité du lieu de consommation et en dehors des saisons de reproduction. D'ici là, ce programme aura été testé dans les 14 Metro du Nord - Pas-de-Calais.

Les quotas, c'est bien mais insuffisant

La semaine dernière Philippe Bappel, directeur marketing de Metro Cash & Carry France signait un accord de partenariat avec Philippe Vallette, directeur général de l'aquarium Nausicaa et président du Réseau Océan Mondial. C'est sous l'égide de ce réseau international qui regroupe Nausicaa (France), L'Acquario di Genova (Italie) et l'Aquarium de Finisterrae (Espagne) qu'est né au printemps 2010 « Mr Goodfish ». Ce programme de dimension européenne est financé à part égal par les trois aquariums, le Feder et la Oak Fundation, une fondation privée qui ?uvre en faveur de l'environnement. Il ne s'agit pas d'un label lié à des certifications. Mais de recommandations qui visent à convaincre les professionnels des métiers de bouche par des messages positifs qu'ils relayeront ensuite auprès de leur propre clientèle en la séduisant par de nouvelles recettes.

Inciter à acheter plus « responsable »

Dans chaque bassin de pêche français - Manche, Mer du Nord, Atlantique et Méditerranée - un comité réunit des représentants de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), des pêcheurs, mareyeurs, poissonniers, restaurateurs et consommateurs. Ensemble, ils dressent à chaque saison une liste variée de produits de la mer à consommer en priorité pour ne pas compromettre la survie des espèces menacées. Depuis, une centaine de restaurateurs et poissonniers s'est prêtée au jeu. Essentiellement dans le Nord - Pas-de-Calais et en Picardie.

Le tacaud et le grondin remis au goût du jour

L'entrée en lisse d'une grande enseigne comme Métro donne un coup d'accélérateur. « Nous allons toucher un bien plus large public qu'aujourd'hui et allons disposer d'un panel suffisant pour sortir des statistiques en vue d'améliorer notre action », souligne Florence Huron, responsable « Mr Goodfish » chez Nausicaa et coordinatrice du programme sur toute la France. Jusque là délaissés, le tacaud, le grondin et l'aiglefin commencent déjà à séduire. Et comme le précise Delphine Roncin, secrétaire général du comité régional des pêches du Nord - Pas-de-Calais et de la Picardie, « plus ces poissons se vendront, plus élevé sera leur prix ». Les pêcheurs auront alors accès à de nouvelles ressources à forte valeur et pourront d'autant mieux respecter les quotas et limiter la pêche des poissons aujourd'hui les plus prisés comme le thon rouge, le cabillaud, la sole de mer du Nord ou la sardine de Méditerranée.