Mouvaux rénove une cité jardin en quartier à énergie positive

A Mouvaux, sur un parc de 300 anciennes maisons, le bailleur expérimente sa méthode HEP (Habita(n)ts à Energies Positives) en concertation avec les habitants. La maitrise d’œuvre de ce projet de la Troisième Révolution Industrielle vient d’être confiée à l’agence Engasser & associés.
Le quartier de Mouvaux est sorti de terre au lendemain de la guerre d'une initiative patronale qui était déjà innovante à l'époque. Les patrons nordistes voulaient construire des maisons pour leurs salariés avec tout le confort.

Symbole de la deuxième révolution industrielle au début des années 1950, la cité jardin de l'Escalette à Mouvaux va bientôt devenir celui de la troisième révolution industrielle (TRI). Ce quartier de 11 hectares dans la banlieue lilloise où vit un millier d'habitants va expérimenter les nouvelles approches prônées par Jeremy Rifkin. Le bailleur Vilogia y lance sa méthode HEP (Habita(n)ts à Energies Positives) et vient d'en confier la maitrise d'œuvre à l'agence Engasser & associés. La transformation de l'Escalette en quartier à énergie positive démarre. Les maisons seront réhabilitées et des logements neufs seront construits. Ensemble, ils produiront à terme plus d'énergie qu'ils n'en consommeront. De nouveaux services, commerces et équipements y seront construits. Priorité sera donnée aux projets engagés dans l'économie circulaire et l'économie de la fonctionnalité. Ils seront décidés en concertation avec les locataires et les propriétaires actuels sachant que sur les 300 maisons que compte la cité jardin, 200 appartiennent à Vilogia et 100 font partie du secteur privé, le bailleur ayant vendu une partie de son patrimoine.

Implication de la population très tôt en amont du projet

Car Philippe Rémignon, directeur général de Vilogia en est convaincu :

« Rien ne pourra se faire sans l'adhésion des habitants. Nous avons ouvert tous les champs du possible. Nous allons les resserrer avec le maitre d'œuvre en concertation avec les habitants.»

La population a été appelée à rencontrer les quatre groupements de maîtrise d'œuvre en lice dès la phase de diagnostic. Elle a participé à plusieurs rencontres organisées pour alimenter le cahier des charges. La concertation se fait rarement à un tel niveau.

L'usage au cœur du processus de la Troisième Révolution Industrielle

Aux dires d'Aurelie Top, architecte médiatrice chez Archiae à qui Vilogia a fait appel pour piloter la concertation :

« C'était indispensable pour que le projet ait des chances de réussir. Quand les opérations de réhabilitation se basent sur la technique et non pas sur les usages, elles aboutissent rarement. Il faut mettre l'usage au cœur du processus de la TRI. Le changement de ce quartier ne sera une réussite qu'à cette condition ».

Et de rappeler que la dépense énergétique varie de 1 à 4 dans un logement classique selon les bonnes ou mauvaises habitudes prises par les occupants. L'écart monte de 1 à 40 dans les habitations BBC. Il suffit de planter des clous dans les murs et d'ouvrir les fenêtres de manière intempestive pour faire monter la facture. Le différentiel est encore plus grand en cas de maison passive et de bâtiment à énergie positive. Or c'est bien ce type de logement que Vilogia envisage de construire.

Atteindre une densité urbaine sans nuire à l'intimité de chacun

D'où l'importance de sensibiliser et de former la population pour qu'elle change ses habitudes. Mais encore faut-il prendre en compte ses attentes. Ce qui a été fait à l'Escalette. Habitués à avoir une certaine intimité du fait de l'espacement de leur maison, les habitants ne voulaient pas d'une densification qui défigure leur cadre de vie. En réponse à leur demande, il a été décidé de diviser par deux certaines maisons et d'y construire des extensions horizontales sur le jardin ou vertical sur le toit. De 300 le nombre de logements peut ainsi passer à 500 sans avoir à modifier complètement le paysage actuel.

« Et cela permet de diversifier l'offre en introduisant des logements de plus petites tailles pour les personnes seules. En particulier pour les personnes âgées qui pourront ainsi continuer à vivre dans le même environnement », précise Aurelie Top.

Les logements neufs seront construits à l'endroit où existent aujourd'hui des garages plus ou moins abandonnés. Ceci également à la demande des habitants.

Forte adhésion du maire Mouvaux au projet

De son côté, Eric Durand, le maire de Mouvaux, a décidé de réaménager dès à présent la rue de l'Escalette. Celle qui traverse le quartier. Les travaux ont démarré et devrait prendre fin en septembre prochain. Avec son éclairage par des LED à économie d'énergie reliés à des temporisateurs de présence, la « nouvelle » rue préfigure le futur visage du quartier.

« Ce quartier est sorti de terre au lendemain de la guerre d'une initiative patronale qui était déjà innovante à l'époque. Les patrons nordistes voulaient construire des maisons pour leurs salariés avec tout le confort. Chaque maison avait sa salle de bain, ses toilettes intégrés, son chauffage et son jardin privatif. L'Escalette vit aujourd'hui une nouvelle expérimentation qui préfigure la ville de 2030 », se félicite Eric Durand.

Le maire de Mouvaux est très impliqué dans ce projet contrairement aux équipes de la MEL (Métropole Européenne de Lille) très rarement présentes aux réunions de concertation et même à celles du jury en charge de choisir le maitre d'œuvre.

« Dommage pour une fois qu'ils pouvaient être en contact avec le terrain », a déploré un des protagonistes dont on taira le nom.

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