Vect-Horus, le cheval de Troie de la neurologie qui a conquis Sanofi

La société de biotechnologie basée à Marseille développe des vecteurs peptidiques permettant de transporter des médicaments dans le cerveau et les tumeurs en passant outre la barrière hémato-encéphalique. Une innovation qui lui vaut une collaboration avec Sanofi pour ce qui concerne les maladies neurodégénératives.
Le but de Sanofi est d'utiliser la technologie de Vect-Horus pour expérimenter le transport d'anticorps destinés au traitement des maladies neurodégénératives.

C'est le principe du cheval de Troie. Appliqué au domaine médical, il s'appelle vecteur peptidique. Et c'est cela qui fait la particularité de Vect-Horus : avoir mis au point des vecteurs qui permettent aux médicaments d'être littéralement "transportés" par des récepteurs au-delà de la frontière habituellement infranchissable qu'est la barrière hémato-encéphalique.

"Cette barrière protège le cerveau" explique Alexandre Tokay, co-fondateur du spin-off issu d'un laboratoire du CNRS et de Aix-Marseille Université, dirigé par le Dr Michel Khrestchtisky. Le vecteur peptidique va donc se lier à des récepteurs ciblés par la société, la traverser et "relâcher le médicament de l'autre côté".

Une performance qui se mesure davantage quand on sait que seules 2 % des molécules thérapeutiques développées à ce jour peuvent passer dans le cerveau. "L'intérêt des peptides est leur potentiel à être conjugués à la plupart des molécules, depuis les plus petites molécules issues de la chimie jusqu'aux anticorps ou aux nanoparticules" poursuit Alexandre Tokay.

La plus-value des vecteurs peptidiques développés par Vect-Horus est double : passer certes cette barrière difficilement franchissable mais s'appuyer également sur les récepteurs ciblés et les mécanismes de transport pour mieux cibler la zone et les cellules à atteindre.

Le choix de Sanofi

La spécificité de Vect-Horus intéresse particulièrement Sanofi avec qui la petite entreprise marseillaise vient de conclure un accord de collaboration scientifique. Le but de ce rapprochement est de se servir de la technologie de Vect-Horus pour expérimenter le transport d'anticorps destinés au traitement des maladies neurodégénératives.

Une collaboration dans laquelle beaucoup d'espoirs sont placés, les pathologies du système nerveux représentant le deuxième marché thérapeutique mondial et ce, alors qu'il n'existe pour l'heure aucun traitement curatif ou efficace. D'un point de vue purement business, la collaboration avec le groupe pharmaceutique français répond à la volonté de Vect-Horus de multiplier les accords de R&D avec les sociétés biopharmaceutiques.

Un marché mondial

Après avoir levé 1,5 million d'euros en décembre dernier auprès de ses investisseurs historiques - des professionnels de l'industrie et de la finance - la start-up envisage un nouveau tour de table "significatif" dans quelques mois, notamment pour renforcer ses fonds propres et permettre le développement de projets d'envergure.

Riche de quatre familles de brevets et de 80 peptides développés, Vect-Horus sait que son marché est mondial. D'autant que la concurrence n'est pas tant exacerbée. "Nous avons des concurrents outre Atlantique, plutôt au Canada et aux Etats-Unis" reconnaît simplement Alexandre Tokay.

"Notre propriété intellectuelle couvre les principaux marchés mondiaux" rajoute-t-il. Avec 19 salariés dont 16 chercheurs, Vect-Horus se positionne comme un acteur essentiel de l'innovation médicale. "Notre modèle économique est basé sur la propriété intellectuelle" explique Alexandre Tokay qui compte sur sa plateforme technologique pour développer avec l'appui d'industriels de nouveaux agents d'imagerie ou thérapeutiques brevetables.

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