"La mobilité électrique, un maillon pour cibler la juste énergie alternative"

[ ENTRETIEN ] Isabelle Rivière, la fondatrice des Assises IRVE (qui se sont tenues à Nice les 16 et 17 mars derniers), explique en quoi l'enjeu de la mobilité électrique est multiple.

LA TRIBUNE - Les pouvoirs publics et les institutionnels encouragent au choix de la mobilité électrique. Or souvent, la problématique de la recharge est pointée du doigt comme le frein majeur. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, on accélère ou on est à l'arrêt ?

ISABELLE RIVIÈRE - Le « superbonus » de 10. 000 euros décidé en avril 2015 est un atout important pour favoriser l'acte d'achat. Les chiffres démontrent qu'en 2016, trois départements étaient au-dessus de la moyenne nationale - qui s'élève à 1,67 % - en termes de pénétration du véhicule électrique sur le marché automobile classique. Pour le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et les Hautes-Alpes, l'évolution en points de pourcentage entre 2014 et 2016 est largement supérieure à la moyenne nationale.Pour autant, ces départements ne sont pas les plus dotés en bornes de recharge accessibles au public. Le sujet de la recharge en PACA ne fait donc que démarrer. Il va être possible et intéressant de s'appuyer sur ce qui a déjà été fait avant, de s'inspirer de ce qui a fonctionné et de prendre en compte ce qui n'a pas marché ailleurs. Il est important cependant de réfléchir à une interopérabilité entre départements. Et que la nouvelle mandature de la Région prenne le sujet en main, à l'instar de ce qui a été fait avec les Pays de la Loire.

Quel est l'enjeu de la mobilité électrique ?

Il est multiple. C'est un enjeu lié au monde de l'énergie pour sa gestion intelligente et son intégration dans le monde de la smart city. C'est comprendre que l'avenir de l'électrique passe inévitablement par l'intégration des ENR et que l'énergie produite à 100 % renouvelable doit devenir un atout crucial pour la mobilité électrique. Laquelle doit s'adapter à ses publics, qui sont divers : il  va falloir développer des messages pour chaque public et des offres conditionnées qui répondent à la fois au besoin de l'utilisateur final et du client opérateur qui a un réseau à faire fonctionner. Le déploiement en voirie qui a lancé la mobilité électrique est presque le business d'hier, ce qui va compter demain est celui qui va pouvoir répondre avec un package simple aux besoins d'itinérance du conducteur de VE. Du bureau, à la maison, à ses week-ends, déplacements professionnels et vacances. Par exemple  les chefs d'entreprise n'ont pas les mêmes besoins que les stations-service qui vont déployer des recharges rapides et pourtant tous les deux sont un enjeu majeur de l'électromobilité. Ainsi, le nœud du travail est aujourd'hui partenarial, entre les différents acteurs de l'énergie, de l'automobile, des services innovants liés au paiement, à l'accès par smartphones, la gestion du réseau, la création de softs de supervision agiles... Un peu comme dans le monde de la téléphonie d'aujourd'hui, qui s'est déployé en créant des services et des packages, du mobile à l'offre Internet, en incluant le fixe... Il doit être possible de se déplacer, d'identifier le réseau qui va bien et trouver facilement un espace de recharge qui permette d'aller de A à B sans surcoût ! Et surtout, l'enjeu de la mobilité électrique ne s'arrête pas à la mobilité électrique. C'est un maillon dans la mise en place d'une politique de carburants alternatifs qui répond à une directive européenne et à notre besoin d'assainir les impacts des transports sur l'environnement. La nécessité est de cibler la juste énergie alternative en fonction du besoin.

Que faut-il (faudrait-il) pour que la problématique de la recharge ne soit plus un frein, mais au contraire donne un coup d'accélération au choix de l'électrique ?

Cela arrive à grand pas avec les annonces des constructeurs qui se succèdent.Il faut vraiment intégrer le système de la recharge dans une simplicité au quotidien. On se recharge facilement au bureau, sur les grands axes et chez soi. Ces accès à la recharge doivent être simples pour celui qui roule en véhicule électrique, d'où l'importance de l'interopérabilité des réseaux [qui est une affaire de professionnels, Ndlr] pour permettre l'itinérance de la recharge de tout un chacun. Pour une entreprise, ce n'est pas tant la mise en place de bornes qui est difficile, c'est davantage de mettre en place une incitation suffisamment intéressante pour que le salarié opte sans hésiter pour un véhicule électrique. Il y a quatre ans, le sujet, c'était la voiture ; aujourd'hui, ce n'est plus seulement la voiture. Le succès de Tesla montre que lorsque l'on met le prix pour déployer un réseau rapide, l'acheteur estime que la recharge ne constitue plus une difficulté, ça fonctionne. Lorsque le monde du véhicule électrique « pour tous » deviendra aussi simple, cela explosera.

Plus spécifiquement, si les entreprises s'emparent elles aussi du sujet et mènent une politique incitative, cela ne permettrait-il pas d'aller plus vite dans l'évolution des mentalités et du passage à l'acte d'achat ?

Le marché d'aujourd'hui, c'est vraiment l'entreprise. Or il faut viser le privé pour mener à bien le déploiement. C'est comme cela que Tesla a réussi. En négociant d'installer des bornes dans les hôtels, les supermarchés... Elles sont donc accessibles depuis la voie publique mais sont implantées chez des privés. Ce qui est plus complexe, c'est le déploiement sur l'autoroute et dans l'espace public. Un décret paru en 2015 a permis d'exempter de redevance publique les opérateurs privés qui souhaitaient développer un réseau de recharge accessible au public. Et si Sodetrel et Compagnie nationale du Rhône ont mené à bien leurs corridors de recharge rapide, le groupe Bolloré n'a pas déployé une borne sur les 8. 000 qu'il annonçait aux 4es Assises, à Nice, en février 2015.

Dans ce contexte, quel est l'enjeu des carburants alternatifs ?

Aujourd'hui, il est clair que le véhicule électrique ne répond pas à tous les besoins, notamment pour ce qui est des camions. à chaque métier correspond un besoin, chaque carburant s'adapte aux différents usages. Par exemple, les autocars vont davantage vers le gaz tandis que les autobus, en ville, vont plutôt être en 100 % électrique. La recharge ultra rapide est déjà testée par certains bus. Tout est fait pour que les fournisseurs de recharges de bus avancent vite. Une standardisation est demandée afin d'aller fort en industrialisation et afin de répondre, entre autres, à l'appel d'offres de la RATP qui sera lancé en fin d'année.

Propos recueillis par Laurence Bottero

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Commentaires 2
à écrit le 03/04/2017 à 8:08
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Excellent exemple de barratin qui ne veut pas dire grand chose, cette dame parle dans le vide.....On croirait à lire cet article que les voitures électriques, c'est pour aujourd’hui, voire pour hier....Alors que le marché est à peine à 1%..... Donc ...

le 03/04/2017 à 11:15
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Il y a aussi la manière de produire l'électricité, avec des énergies carbonées ou non.

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