La Fondation Territoriale de Loire-Atlantique veut relocaliser la philanthropie en circuit-court

Lancée début juillet autour de dix membres fondateurs du public et du privé, la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique veut favoriser le rapprochement entre les petites entreprises et les associations locales. Objectif : devenir un point de ressources et un accélérateur du mécénat au service des inégalités sociale, sociétale et environnementale.
Unique dans sa capacité à rassembler les acteurs du public et du privé, la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique entend développer des expérimentations pour développer l'interconnaissance et les synergies autour du mécénat pour réduire à grande échelle les inégalités.
Unique dans sa capacité à rassembler les acteurs du public et du privé, la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique entend développer des expérimentations pour développer l'interconnaissance et les synergies autour du mécénat pour réduire à grande échelle les inégalités. (Crédits : DR)

C'est une initiative citoyenne, considérée comme « unique en son genre », créée pour combler les trous dans la raquette du mécénat où de petites entreprises « qui ont envie de se lancer » et de petites associations insuffisamment dimensionnées, restaient à la porte des projets d'envergure nationale. Fondée autour de trente-quatre partenaires dont dix membres fondateurs du privé et du public (Capeb44, conseil général 44, Les Ecossolies, Nantes Métropole, KPMG, Malakoff Humanis, Passerelles & Compétences...) la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique veut être le maillon manquant et un accélérateur du mécénat au service des inégalités sociétale, sociale, environnementale. « A ce niveau de coopération, c'est une première en France. C'est une alliance de multi parties prenantes, impulsée par une initiative privée, qui n'existe pas ailleurs », se réjouit Fanny Lepoivre, ex-cadre pour la Croix-Rouge, la fondation abbé Pierre, bénévole pour des associations locales, fondatrice et déléguée générale de la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique.

La prise de conscience des entreprises de l'engagement sociétale

Créée le 25 mai dernier, officiellement lancée le 4 juillet, la structure s'installe sur un département fertile. Un territoire riche de 30.000 associations Loi 1901, où selon un classement la Fondation OÏKOS, la métropole nantaise décroche la 1ère place parmi les métropoles les plus RSE de France. Dans ce panorama porteur, la région, dotée du Pôle Mécénat des Pays de la Loire depuis 2014, figure, selon une étude de l'Admical (association pour le développement du mécénat dans les entreprises) comme la première région française pour son engagement vers le mécénat avec un taux de participation des entreprises de 9,5%. Très présentes, les entreprises ligériennes ne comptent, en revanche, que pour 3,4% du budget national du mécénat, loin derrière Auvergne-Rhône Alpes (11,4%), les Hauts de France (7,5%) où l'île de France qui a elle seule pèse pour 55,5%. De même que les dons plafonnent à, à peine 7400 euros en Pays de la Loire, quand ils atteignent 23.000 euros dans le Sud-Est et 47.000 euros dans le Nord. « Pour des raisons historiques ou culturelles », justifie l'Admical. C'est en tout cas sur les petites structures , "mais pas que..." que la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique jette son dévolu. « Au-delà de l'intérêt fiscal qui n'est pas la motivation première, les entreprises ont pris conscience, que dans un contexte de pénurie de personnel, pour être attractives et fidéliser leur personnel, elles pouvaient investir dans le mécénat de compétences et donner du sens à leur activité. Or, beaucoup étaient perdues devant le foisonnement de dispositifs et d'initiatives. Certaines ignorent, par exemple qu'elles peuvent transformer en dons, les charges des congés payés abandonnés par leurs salariés », indique la déléguée générale de la FT44, qui compte sur les réseaux d'entreprises (Chambres consulaires, Dirigeants Responsable de l'Ouest, le syndicat d'artisans de la Capeb...), pour mobiliser les troupes.

Deux appels à projets en 2022 et 2023

Combien d'associations seront susceptibles de bénéficier de projets de mécénat en Loire-Atlantique? « Quelles soient sportives ou culturelles, toutes celles qui cherchent à réduire les inégalités peuvent y prétendre. C'est tout l'objet du Centre de ressources et d'information du Mécénat Prim44 que nous lançons en novembre prochain et qui sera une porte d'entrée et un point d'information», indique Fanny Lepoivre. A travers des webinaires, des podcasts, des formations ou du conseil, il fournira aux associations et aux entreprises des outils pour démystifier l'approche du mécénat. « L'enjeu est de se retrouver dans la kyrielle d'associations », reconnaît la déléguée générale de la FT44. C'est l'une des missions confiées aux membres fondateurs qui ont pendant un an débroussaillé le terrain et coconstruit la fondation en vue d'un premier appel à projets lancé en septembre prochain. Cette première édition concernera toutes les inégalités. Un spectre large pour viser « ceux qui habituellement ne rentrent pas dans les cases.» Une dizaine de porteurs de projets seront sélectionnés, avec pour chacun la promesse d'une dotation de 150.000 euros.

Si une entreprise mécène en convainc une autre...

Un deuxième appel à projets sera lancé en 2023 avec cette fois un thème resserré autour de l'égalité des chances. La fondation, qui a déjà reçu le concours de Fidal, EDF, GRDF, RTE, FCC, Baker Tilly Strego... a collecté 180.000 euros. Juridiquement abritée par la Fondation Territoriale de Lille, reconnue d'utilité publique, la FT44 va ainsi pouvoir recevoir des dons de n'importe qui. Pour son premier exercice, elle bénéficie d'un budget de 257.000 euros, financé à 80% par du mécénat à travers les dons de membres fondateurs qui s'engagent à verser entre 10.000 et 50.000 euros par an pendant trois ans et 20% de subventions publiques. Pour 2023, elle pourrait engager une levée de fonds pour aller chercher 400 à 600.000 euros. « Le département compte 52.000 entreprises dont 9,5% font du mécénat. Soit environ 5000 entreprises. Si chacune d'elles convainc au moins une entreprise de verser 2500 euros, après déduction fiscale, cela représente 1000 euros net, pour la fondation qui pourra redistribuer 12.5 millions d'euros sur le territoire », esquisse Gilles de Larauze, dirigeant de la société nantaise Happy Babees (3 crèches interentreprises - 35 personnes) et co-président de la Fondation Territoriale de Loire-Atlantique. La philanthropie n'empêche pas de savoir compter.

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