Comment ne pas sacrifier la sécurité à l'intelligence dans les villes

A l'occasion de la conférence Safe & Smart City de Tel-Aviv, parrainée par la Tribune, retour sur l'un des enjeux de la ville du futur : comment garantir la protection des données collectées sur les citoyens ?
Soucieux de modernité, adepte inconditionnel de la haute-technologie, Israël est sans doute plus ouvert à l'innovation que la France. Mais l'Etat hébreu continue toutefois à souffrir de handicaps.

Comment être une ville être intelligente et branchée sans pour autant mettre la sécurité des habitants en danger en les enfermant dans une « prison numérique » où les détails de leur vie privée serait accessibles au tout venant: c'est à ce défi que la conférence « Safe & Smart Cities 2015 » organisée lundi à Tel Aviv avec le parrainage de la Tribune, qui réunissait patrons d'entreprises, innovateurs  et experts français et israéliens, a tenté de répondre.

Le choix de cette première édition qui aura une suite l'an prochain à Nice, ne tient en rien au hasard. Tel Aviv, la ville où sont concentrées des centaines de start-up. Elle a obtenu récemment le titre de la «ville la plus smart » du monde lors d'une compétition organisée l'an dernier à Barcelone. « Le digital règne presque partout en maître dans la ville », constate Arie Bensemhoun, directeur exécutif  d'Elnet France une ONG dont la mission est de favoriser les relations entre Israël et l'Europe. Détail important : les présentations des intervenants ne portaient pas sur la sécurité liée à la délinquance. Mais à une réalité bien plus large et tout aussi angoissante.

« Il ne s'agit pas  seulement d'affaires de police. L'objectif est d'améliorer la vie quotidienne de la population : en utilisant des technologies qui permettent d'éviter les collisions entre voitures , trouver une place de parking, éviter des travaux sur les routes et embouteillages, disposer de maisons intelligentes », souligne Claude Trink, directeur de Plasturgie de l'Est et un des co-organisateur de la conférence.


Une barrière de protection autour du Big Data

Dans quelques années, les données médicales seront transmises en temps réel sur les téléphones portables ou des montres « intelligentes », ce qui devrait permettre une intervention beaucoup plus rapide en cas de signes annonciateurs d'une crise cardiaque. Il est toutefois tout à fait possible que les compagnies d'assurances exploitent la situation et exigent dans l'avenir d'avoir accès à ces données avant de signer un contrat . Autrement dit, des informations personnelles pourraient servir des intérêts autres que celles de la personne qui les enregistre.

Parmi les autres dangers qui guettent les villes et que la haute-technologie peut contribuer à éviter figurent la gestion des situations de crises lors de catastrophes naturelles provoquant des coupures d'électricité, de l'approvisionnement en eau, tout en apportant une aide au  personnes âgées, aux handicapés, aux enfants. Bref, il faut élever une barrière de protection autour du « Big Data » les milliards de milliards de données personnelles qui circulent chaque secondes. Parfaites sur le papier ces innovations doivent être encadrées par de très sérieux garde-fous au risque sinon d'aboutir à une société cauchemardes où toutes les informations transmises par téléphones, Internet et autres capteurs en tout genre disséminés à chaque coin de rue des villes sont susceptibles d'être détournées par des individus mal intentionnés ou par un Etat tenté de jouer au « Big Brother » c'est à dire de tout savoir pour contrôler les individus et les entreprises.

Régulation des vols de drones

C'est pour précisément pour éviter un tel travers que les organisateurs entendent favoriser une coopération entre le secteur privé, les pouvoirs publics ainsi que les municipalités tel que Tel Aviv ou Nice, dont le maire Christian Estrosi était présent à la conférence. « Il faut désormais prendre très au sérieux la réalité qui avait tendance à être passée sous silence  et créer un modèle qui permettent d'éviter tous ces périls»,  souligne Claude Trink. Parmi les instruments pouvant, s'ils sont utilisés à bon escient, avoir un rôle positif figurent les avions sans pilote.

David Harari, un des organisateurs considéré comme le « père » de tout le programme des drones d'Israël qui se situe dans le peloton de tête mondial pour ce genre d'appareil, souligne que les drones peuvent par exemple être utilisés pour détecter des fissures sur les ponts, se rapprocher beaucoup plus près qu'un hélicoptère d'un incendie pour repérer des personnes à sauver,  vérifier l'état des lignes à haute tension, des transformateurs électriques sans mettre en danger la vie de pilotes. Selon lui, toutefois, des « réticences psychologiques » subsistent. «Mais cela ne durera pas, tant les drones peuvent être utiles  à condition bien sur que le tout soit soumis à des régulations très strictes pour empêcher les abus, des surveillances abusives ».

La plaie des embouteillage

Soucieux de modernité, adepte inconditionnel de la haute-technologie, Israël est sans doute plus ouvert à l'innovation que la France. Mais l'Etat hébreu continue toutefois à souffrir de handicaps. Les transports publics ont en effet été longtemps comme le parent pauvre du pays. Sur ce « front » la vitesse n'est pas encore au rendez-vous contrairement à ce qui se passe dans la haute-technologie. Un exemple : Tel Aviv et Jérusalem, les deux principales cités, sont reliés par un train poussif qui met près d'une heure et demie pour relier les deux villes distantes de 60 km. Résultat : les embouteillages sont une véritable plaie d'un pays où le nombre de voitures ne cessent d'augmenter.

Conscient de son retard sur ce « front » Israël compte rattraper le temps perdu. Près de 15 milliards de dollars vont être investis dans les cinq prochaines années pour l'ouverture de nouvelles lignes ferroviaires, l'électrification de certaines d'entre elles, la construction d'un tramway léger à Tel Aviv dont les premiers coups de pioche ont été donnés ces derniers jours. Des contrats qui intéressent au plus haut point les grands du secteur des transports tel Egis Vinci, Althom Thales ou Systra présents à la conférence de Tel Aviv pour présenter leurs services et leurs succès dans le monde.

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Commentaire 1
à écrit le 12/05/2015 à 14:53
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Une ville "facho poule" plutôt ! Non ? Une moloch qui se dit "ville", qui dit à chacun comment il doit agir dans tout les domaines de la vie quotidienne ! Et la perte de la responsabilité individuelle, de la subjectivité, du droit de pouvoir se tromp...

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