Le CityOS de Barcelone, un pari pour l'avenir

Barcelone vient de choisir le consortium qui mettra en place de façon opérationnelle la plateforme CityOS. C'est une grande fierté pour moi de voir s'incarner dans une ville pionnière de l'intelligence urbaine sociale et technologique les résultats des travaux disruptifs de recherche que j'ai portés à travers ma start-up, SINOVIA.
Le programme City OS vient ainsi traduire la volonté de la Ville de Barcelone de construire, grâce aux apports de la technologie, de nouveaux espaces ouverts pour les citoyens permettant d'assurer l'interopérabilité de nombreux services et applications urbains.

La Ville de Barcelone, dont j'ai déjà pu souligner dans ces colonnes l'esprit pionnier en matière d'intelligence urbaine, porte depuis bientôt quatre ans un ambitieux programme de ville-plateforme baptisé CityOS. Elle vient d'annoncer le consortium retenu pour prendre en charge le développement opérationnel de la plateforme. Je suis aujourd'hui très heureux et très fier de rappeler que le cœur de la future plateforme CityOS est issu de ma première start-up française SINOVIA. Ce projet de plateforme urbaine est une première mondiale, qui vient consacrer l'aboutissement de mon parcours d'universitaire, de chercheur et d'entrepreneur au sein du groupe mondial GDF SUEZ devenu, il y a quelques jours, ENGIE.

Présentation de CityOS

CityOS est une plateforme dont les maîtres-mots sont services, usages et interopérabilité. Elle va permettre à Barcelone de s'ouvrir à la multitude pour avoir une meilleure connaissance de la ville et de construire son évolution par le design des services. Il s'agit d'une nouvelle manière d'approcher la valorisation des data urbaines (qualité de l'eau, de l'air, gestion de la mobilité, valorisation des déchets, efficacité énergétique, gestion de la démographie, météorologie locale...) autour d'un objectif : prévoir et d'anticiper les usages sociaux par l'innovation et la convergence vertueuse entre services, infrastructures et nouvelles technologies.

La plateforme CityOS se présente aussi comme une méthodologie de travail avec une approche fédérative visant à :

- ouvrir et élargir le domaine d'utilisation des données liées au fonctionnement de la ville (base de données municipales et non-municipales, données issues de systèmes de capteurs, des réseaux sociaux etc.) et faire accéder celles-ci au statut de connaissances ;

- offrir, par l'interopérabilité, un décloisonnement horizontal et vertical des divers services proposés par la Ville ;

- faciliter l'analyse des diverses données collectées et élaborer, à partir de celles-ci, de nouvelles propositions de services ;

- être l'un des supports, en taille réelle, de l'anatomie de la ville issue des travaux de l'organisation internationale pionnière « City Protocol Society » (CPS), en particulier en ce qui concerne les ontologies.

Alors que la ville devient un écosystème de plus en plus complexe, évoluant en temps réel, l'approche proposée par le CityOS contribue à la construction d'une ville durable, responsable et respectueuse des équilibres au service d'une communauté d'intérêts.

 (Animation de présentation de la plateforme)

Une vision de la ville de demain

La vision qui a présidé à la mise en place de ce projet est identique à celle que je porte sur la scène internationale de la Smart City humaine depuis plusieurs années : relever, grâce à l'intelligence urbaine, les cinq grands défis de la ville de demain (social, culturel, économique, écologique et de résilience) en faisant converger les trois grands leviers que sont l'inclusion sociale, la réinvention des infrastructures urbaines et l'innovation technologique.

Le programme CityOS vient ainsi traduire la volonté de la Ville de Barcelone de construire, grâce aux apports de la technologie, de nouveaux espaces ouverts pour les citoyens permettant d'assurer l'interopérabilité de nombreux services et applications urbains. Il ne s'agit pas d'une approche technocratique ou technologique de la ville, mais bien au contraire, d'un désir de faire de la ville une plateforme à ciel ouvert, un laboratoire d'expérimentations permanent, fonctionnant 7j/7 et 24h/24.

Espace numérique de partage des données, CityOS s'inscrit dans la tradition de l'agora grecque, du forum romain ou encore du zocalo mexicain. Il vient en effet prolonger, sur un mode virtuel, l'espace physique urbain en démultipliant, grâce à la puissance du numérique, les potentiels générés par le partage d'informations, les échanges, les rencontres.

moreno barcelone OS

Plateformes, hybridation et design de services

Il faut souligner pour finir, alors que Barcelone lance la première plateforme urbaine mondiale, le rôle essentiel que sont amenés à jouer ces systèmes dans la ville de demain.

Les plateformes sont des systèmes numériques qui permettent d'agréger, d'enrichir, de récréer, de contextualiser des informations, mais c'est surtout par leur biais que les usages et les fonctionnalités peuvent être repensés et incarnés. Véritables espaces d'agrégation et de rencontres dans lesquels convergent les mondes physique, numérique et social, les plateformes sont des lieux où l'on appréhende autrement les usages.

A travers les plateformes dédiées à la mobilité en ville par exemple, la voiture n'est plus pensée comme un objet propre mais comme une fonctionnalité, parmi d'autres, pour se déplacer. Les plateformes font ainsi naître une culture de l'aller-retour indispensable entre le monde physique et le monde physique par le biais du monde numérique, l'hybridation permettant dès lors d'augmenter les possibilités et l'immersion sociale de les concrétiser.

D'où la notion d'«esthétique de l'hybridation», car cette dernière donne naissance à ce que l'on nomme le design des services - notion majeure pour comprendre la culture de l'innovation qui est en train de naître un peu partout dans le monde à l'heure actuelle. De même qu'un designer conçoit un objet fonctionnel pour lui conférer des usages nouveaux avec une certaine beauté, les allers - retours entre monde physique et monde numérique via les plateformes vont permettre de reconcevoir les services et les fonctionnalités de la vie urbaine quotidienne.

Un pari pour l'avenir

La ville de Barcelone a accompli un long travail de formalisation de ce concept puissant de la ville plateforme, se donnant les moyens de développer la chaîne complète de l'innovation urbaine, sociale et technologique. Fruit d'un dialogue approfondi entre les différents acteurs de la ville, publics et privés, le socle répose sur une vision de rupture autour des architectures ouvertes vers et pour les citoyens.

J 'ai eu l'honneur de participer depuis le début à ce processus itératif en étroite concertation avec les autorités municipales et l'ensemble de l'écosystème. Nous sommes partis d'une feuille blanche, avec la contribution des travaux scientifiques que nous avons menés dans mon laboratoire de recherche universitaire français (UMR-CNRS) et que j'ai ensuite portés à travers ma start-up, SINOVIA, avant qu'ils ne soient intégrés au sein de l'un des principaux groupes mondiaux de l'énergie et des territoires, ENGIE.

Le consortium qui va sous peu démarrer les travaux assume un beau pari pour l'avenir : montrer, dans l'une des capitales mondiales de l'innovation urbaine et la capitale européenne de l'innovation, que la voie « social centric », l'initiative citoyenne et l'apport de la multitude forment le principal moteur pour transformer nos villes et notre bien le plus précieux.

La plateforme est un puissant outil au service de cette volonté. Le design de services et le développement de l'interopérabilité pour accélérer la conception des nouveaux usages sont aujourd'hui au rendez-vous dans la ville de Barcelone, qui en sera bientôt le référent au niveau mondial. Nous sommes tous très heureux de participer à cette nouvelle aventure de portée internationale, signe aussi de la vitalité de cet écosystème.

Bonne chance au CityOs et bravo à tous !

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Commentaires 2
à écrit le 29/04/2015 à 14:44
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Manifestement, cet article est un gag qui vise a dénoncer à travers le procédé parodique la jargonisation a outrance des technocrates 2.0. Beau travail.

à écrit le 29/04/2015 à 13:28
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