La Tribune - Vous venez de lancer trois produits phares au salon CES de Las Vegas : un netbook, un smartbook et un smartphone. Vous avez aussi racheté votre ancienne division mobile. Que comptez-vous faire de ces produits ?

Yang Yuanqing - Nous ne sommes pas satisfaits de notre position dans le marché de la micro-informatique, sur lequel nous voulons atteindre une part de marché à deux chiffres. Mais nous ciblons également les nouvelles vagues de l'informatique, au-delà du PC. Les marchés de l'Internet mobile nous intéressent, particulièrement en Chine.

- On dénombre près de 400 millions d'internautes en Chine. L'Internet mobile va-t-il s'y développer ?

- Certainement, car les trois opérateurs de télécoms chinois ont lancé leur offre 3G, et sont en train de construire leurs bases d'abonnés. Cependant, il manque à ce marché une gamme d'objets suffisamment sophistiqués, et paramétrés pour l'usage local. Les produits que nous avons lancés au CES peuvent être ajustés aux besoins des fournisseurs de contenus et des opérateurs locaux.

- Vous avez des marges relativement faibles. Comment comptez-vous les augmenter ?

- Nous avons certainement les moyens d'augmenter nos marges avec notre activité traditionnelle de PC. Nous gagnons pas mal d'argent en Chine. En dehors de la Chine, nous avons deux lignes d'activité. La première, qui intègre l'activité achetée auprès d'IBM (marque Thinkpad), est destinée au marché de l'entreprise. Nous voulons absolument qu'elle gagne de l'argent. La deuxième ligne est constituée par les PME-PMI et les particuliers. Nous gagnons d'abord de l'argent sur les marchés émergents puis nous en gagnerons sur les marchés matures.

- Devez-vous modifier vos canaux de distribution ?

Nous allons engager plus de monde pour aider nos partenaires sur le marché des PME-PMI. Par ailleurs, nos produits innovants, smartbooks et smartphones, nous permettront aussi d'augmenter nos marges.

- Comptez-vous les vendre sur les marchés matures ?

- Bien sûr, nous les avons présentés aux opérateurs occidentaux. 

- Quels sont, selon-vous, les avantages d'un smartbook, comparé à un netbook ?

- C'est un produit facile à utiliser, en permanence connecté à Internet, qui se met en marche en 7 à 8 secondes, avec une batterie qui dure longtemps. Vous n'avez pas besoin de 1 à 2 minutes pour allumer votre système comme sur un PC Windows.

- Qu'attendez-vous du lancement de Windows 7 ?

- Nous n'avons pas encore ressenti le cycle de rafraîchissement des parcs de PC que nous attendons. Nous l'espérons pour le deuxième semestre 2010.

- Quelles sont les différences les plus frappantes entre les demandes des utilisateurs asiatiques et occidentaux ?

- En Asie, les petits écrans de 13 pouces sont à la mode. Aux Etats-Unis et en Europe, il faut des écrans de 14, 15, voire 17 pouces. Nous devons nous adapter à ces demandes, et parallèlement, trouver les traits communs qui nous permettront d'être plus efficaces. Pour y parvenir, nous avons trois équipes de designers, à Raleigh, en Caroline du Nord, au Japon et à Beijing, qui travaillent ensemble. Nous pensons que les netbooks deviendront des objets de mode et que les gens en changeront comme on change de vêtements.

- Avez-vous des problèmes de fourniture de composants ?

- Oui, surtout au niveau des mémoires DRAM car les fabricants n'ont pas investi ces deux dernières années. Pour les autres composants, ça va.

 - La tablette d'Apple va-t-elle avoir un impact bénéfique sur votre industrie ?

- Certainement. Avoir un concurrent comme Apple nous pousse à nous dépasser et à faire de plus beaux produits. De plus, Apple éduque et élargit le marché. L'iPhone a été commercialisé récemment en Chine, mais les opérateurs cherchent des produits moins sophistiqués. Nous pouvons en tirer avantage.

- La Chine a lancé un programme de subvention pour équiper les zones rurales en informatique. Etait-ce un bon marché pour Lenovo ?

- Ce n'est pas une grosse activité, mais nous avons tenu à explorer ces nouveaux marchés.