Près de 2.000 salariés de France Télécom sont "en grande fragilité"

Le nouveau patron de France Télécom estime qu'environ 2.000 salariés de son groupe sont en situation de "grande fragilité" sur un effectif global de 102.000 personnes. Vendredi, syndicats et patronat doivent conclure une négociation de six mois sur la manière et les moyens de lutter contre le harcèlement et la violence au travail.

Selon Stéphane Richard, le directeur général de France Télécom, interrogé ce jeudi par BFM radio, environ 2.000 salariés de son groupe sont en "grande fragilité, soit 2% de l'effectif total. En décembre dernier, les résultats du questionnaire remis par le cabinet d'audit Technologia aux salariés après la série de suicides qui frappait le groupe, avaient déjà fait apparaître qu'un quart des salariés (25,4%)  étaient en "situation de risque".

Depuis, le groupe a engagé une profonde réforme de son organisation du travail avec une nouvelle équipe dirigeante. Il devrait notamment s'inspirer des propositions de technologia destinées à éradiquer le malaise social de l'entreprise. La semaine dernière, il a signé deux accords dont il ressort notamment que les mobilités reposeront désormais sur le volontariat. 

Ce jeudi, le groupe a d'ailleurs dévoilé les huit priorités qu'il se fixe. "Il y a des mesures qui touchent à l'organisation et il y a des mesures qui constituent des investissements. (...) Ces ressource ont été prévues dans nos budgets 2010", a expliqué Stéphane Richard. Le groupe va notamment intégrer des critères de performance sociale pour déterminer la part variable de la rémunération de ses dirigeants. Ces critères seront définis avec les organisations syndicales, a ajouté le dirigeant. En revanche, du montant des dépenses liées à ces mesures, rien n'a été dévoilé.

En février, l'inspection du travail a transmis à la justice un rapport sur une série de suicides de salariés de France Télécom, dénonçant une "mise en danger d'autrui" et un "harcèlement moral" liés aux méthodes de l'entreprise. Rapport à la suite duquel une information judiciaire est ouverte pour "homicide involontaire".

Le cas de France télécom a permis d'élargir à l'échelon national la réflexion sur le harcèlement et la violence au travail sur la base d'un accord-cadre européen signé il y a trois ans sur ces thèmes non encore transposé en droit français.  Après six mois de négociations, syndicats et patronats doivent ainsi finaliser vendredi leur projet d'accord sur la manière et les moyens de lutter contre ces pratiques qui touchaient en 2005 quelques 5% des travailleurs européens (chiffres issus d'une étude intitulée "enquête européenne sur les conditions de travail").

Selon ce texte, "le harcèlement survient lorsqu'un ou plusieurs salariés font l'objet d'abus, de menaces et/ou d'humiliations répétés et délibérés dans des circonstances liées au travail". La violence au travail peut prendre la forme d'agressions verbales, d'agressions comportementales, notamment sexistes, d'agressions physiques: insultes, menaces, humiliations, brimades. Les partenaires sociaux ont tenu à identifier "les personnes potentiellement exposées à des discriminations" comme les femmes ou les salariés en contact avec le public et susceptibles d'être victimes d'incivilités.

Les discussions achoppent sur un point. Les syndicats voudraient voir inscrire dans l'accord que "certaines formes d'organisations du travail et de gestion du personnel provoquent par elles-mêmes de la violence et du harcèlement". Une jurisprudence de la cour de cassation rendue en novembre dernier va d'ailleurs dans leur sens. Les magistrats ont alors jugé qu'une méthode de gestion du personnel pouvait être considérée comme un harcèlement moral à l'égard d'un salarié. Le patronat de son côté (Medef, CGPME, UPA) refusent de faire d'une méthode une généralité.

 

 

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