Surfer sur Internet en haute montagne, c’est (bientôt) possible

Orange et Eutelsat vont apporter gratuitement l’accès à Internet par satellite dans 18 sites touristiques montagneux, du Jura à la Corse. Cette opération d’un an est destinée à renforcer l’attractivité de ces territoires et de faire connaître la solution satellitaire.
Delphine Cuny
L'association des élus de la montagne a signé un partenariat avec Orange et Eutelsat pour connecter des sites isolés en montagne.

« Le satellite est mal connu, pourtant c'est une arme formidable contre la fracture numérique, pour connecter les gens » plaide Michel de Rosen, le PDG d'Eutelsat. L'opérateur de satellite va, avec Orange, apporter gratuitement l'accès à Internet par satellite dans 18 sites touristiques montagneux, dans le cadre d'une convention de partenariat signée ce mercredi avec l'Association nationale des élus de la montagne. L'opération s'appelle ConnecTourisme et n'a reçu aucune subvention publique. « Orange est un militant de la lutte contre la fracture numérique. Nous sommes un militant de la fibre optique mais nous sommes aussi pragmatiques et la technologie satellite est particulièrement efficace et adaptée aux zones montagne » a fait valoir de son côté Stéphane Richard, le PDG de l'opérateur télécoms, lors d'une conférence de presse dévoilant l'opération. C'est sa filiale NordNet, fournisseur d'accès Internet par satellite, qui fournira l'abonnement, gratuitement, pendant un an. Eutelsat fournira la connectivité par son satellite de communication KA-SAT mais aussi les paraboles, dont il paiera l'installation. 

L'Internet à 20 mégabits mais pas en illimité

L'objectif est de connecter des lieux isolés, qui ne le sont pas déjà : les 18 sites touristiques choisis seront répartis dans les six massifs montagneux métropolitains, Vosges, Jura, Massif Central, Alpes, Corse, Pyrénées, et seront tous inéligibles à un débit d'1 mégabit par seconde toute technologie confondue (autre que le satellite). Il s'agira par exemple d'offices de tourisme, de stations de ski de fond, de refuges ou de départs de randonnée de parcs naturels, qui pourront accéder à des débits pouvant aller « jusqu'à » 20 mégabits (en réception, 6 Mégas en émission), comparables à un excellent ADSL. La priorité est de raccorder les professionnels du tourisme mais il est prévu aussi d'ouvrir du WiFi public pour les touristes eux-mêmes. Un premier bilan sera dressé au bout de six mois. A l'issue du test, les établissements connectés pourront, s'ils le souhaitent, conserver gratuitement les équipements installés et souscrire auprès de NordNet la prolongation de l'abonnement.

Actuellement, la parabole coûte 400 euros (sans l'installation facturée 150 à 250 euros par un antenniste) et l'abonnement chez NordNet varie de 30 à 80 euros en fonction du volume de trafic mensuel (10 ou 50 Gigas). Car à la grande différence avec l'accès filaire (ADSL ou fibre), l'Internet par satellite ne se consomme pas en illimité (sauf la nuit !). Ces offres de NordNet, qui revendique 45.000 abonnés dans toute la France, ne comprennent pas la téléphonie (en option entre 10 et 20 euros par mois) ni la télévision. « Nous ne sommes pas dans une démarche de business aujourd'hui, l'objectif de l'opération est de voir la réalité des usages » assure le PDG d'Orange.  

Renforcer la compétitivité des territoires

La solution satellitaire a l'avantage d'être « immédiatement opérationnelle, pas besoin de tranchées, de trous, de fils » a fait valoir le PDG d'Eutelsat. « Cette initiative s'inscrit parfaitement dans la logique du plan France Très haut débit, qui place la fibre, notamment la fibre jusqu'à l'abonné, au cœur du dispositif, mais s'appuie sur toutes les technologies, y compris le satellite » a observé Antoine Darodes, le directeur de la mission France Très haut débit.La mission doit lancer demain l'opération Ecoles connectées qui prévoit de raccorder à la rentrée 16.000 établissements primaires à l'Internet haut débit, essentiellement par satellite (un peu en Wimax), et bénéficie d'un financement public de 5 millions d'euros.

« Le temps des infrastructures est long, celui de la compétitivité est celui de l'urgence » a relevé le directeur de la mission Très haut débit. « Nous sommes pragmatiques, fibre optique ou non, nous voulons du résultat ! » a défendu de son côté Frédérique Massat, la présidente de l'Association des élus de la montagne, qui est aussi députée de l'Ariège : son département compte 147.000 habitants mais accueille 1,5 million de touristes par an. Or l'élue souligne que « l'on ne peut pas miser sur le tourisme avec des endroits vierges de connections. »

Delphine Cuny

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