De la Tech City de Londres à la Brit’ Tech

Après avoir mis l’accent sur l’Est de Londres où a émergé un bouillonnant écosystème de startups, le gouvernement britannique veut promouvoir les autres métropoles ayant une expertise en technologies comme Cambridge et Manchester. Gerard Grech, le directeur général de Tech City UK, explique la philosophie de cette initiative qui n’est pas sans rappeler la French Tech.
Le quartier émergent du "Silicon Roundabout", le rond-point d'Old Street, dans l'Est de Londres où est installé Tech City UK.

La Tribune - Quel est le rôle de Tech City UK ?

Gerard Grech : Notre organisation est née en décembre 2010, c'est le Premier ministre David Cameron qui a lancé ce programme Tech City visant à faire de Londres une plaque tournante sur la scène mondiale de la technologie, autour du quartier émergent du Silicon Roundabout, dans l'Est de la capitale. Beaucoup d'artistes, de designers, de créatifs puis de startups avaient commencé à s'installer ici à Shoreditch, car les loyers étaient très bas.

Nous sommes une organisation financée par le gouvernement, nous recevons environ 2 millions de livres par an [2,5 millions d'euros], ce qui paraît incroyable à des Américains ! Ceci dit, il n'y a qu'un représentant du gouvernement au conseil d'administration : les autres membres sont des financiers, des spécialistes des startups.

Nous nous situons à l'intersection entre la communauté « tech » et le gouvernement, nous écoutons les entrepreneurs et nous informons les décideurs politiques de leurs demandes, des difficultés qu'ils rencontrent. Notre rôle est d'être un pont entre ces entrepreneurs du numérique et le gouvernement, de faire entendre la voix des startups. Nous sommes d'ailleurs entourés de startups ici dans nos nouveaux bureaux de Runway East, un espace de coworking sur Old Street.

Tech City Runway East startups

Avez-vous votre propre incubateur ou accélérateur ?

Non, nous sommes là pour faciliter les démarches et les mises en relation. Mais nous avons lancé il y a dix mois le programme « Future 50 » pour aider les entreprises de croissance à accélérer, en leur facilitant l'accès aux administrations, qu'il s'agisse de la paperasse ou d'obtenir des visas, en leur présentant le bon analyste financier à la City, le bon conseil pour préparer une introduction en Bourse. Sur les 50, quatre ont déjà réussi leur IPO cette année - Just Eat, Zoopla, AO.com et Horizon Discovery - et treize autres ont levé des fonds pour un total de 260 millions de livres. Ces 50 entreprises [dont Shazam, Photobox et Made.com, certaines n'étant pas britanniques comme la kenyane Mode, l'italienne Neomobile et la californienne Box, NDLR] emploient au total plus de 15.000 personnes. Nous avions un stand au Web Summit de Berlin pour les mettre en avant. Nous allons bientôt l'étendre à de nouvelles entreprises dont nous étudions les candidatures, avec un comité d'investisseurs.

Tech City Londres Grech

Gerard Grech, le directeur général de Tech City UK, est un ancien de BlackBerry et de Nokia, il a aussi travaillé pour Orange à Paris dans la division contenus. Il a succédé en janvier à Joanna Shields (ex-directrice de Facebook Europe).

Quatre ans après votre lancement, où en est Tech City aujourd'hui ?

Londres est le centre de la technologie en Europe à bien des égards. Si l'on regarde les capitaux levés par exemple : en un an, à fin mars, plus de 1,2 milliard de dollars ont été levés auprès de fonds de capital-risque (VC) par des startups installées ici et les VC implantés à Londres comme Index Ventures, Balderton Capital, Google Ventures, ou Santander dans la FinTech, ont eux-mêmes levé ces dix derniers mois 1,45 milliard de dollars qui seront investis au fil du temps. Il y a eu aussi de nombreux rachats, comme celui de DeepMind par Google dans l'intelligence artificielle pour 500 millions de dollars et celui de Naturalmotion Games par Zynga pour 527 millions de dollars.

Nous sommes passés de 200 à 2.200 entreprises du numérique en cinq ans. Avant 2010, il n'y avait pas d'incubateurs ou d'accélérateurs à Londres, aujourd'hui il y en a plus de 40, ceux de Microsoft Venture, de Telefonica (Wayra), de Tech Stars, etc, sur la cinquantaine qui existent dans tout le Royaume-Uni. Plus d'un quart de la croissance nette des emplois à Londres vient du numérique. Et 45.000 personnes travaillent dans la « Fin Tech » dans le Grand Londres, soit plus qu'à New York ou dans la Silicon Valley.

Cependant, s'il se passe naturellement beaucoup de choses dans la capitale, d'autres villes du Royaume-Uni sont aussi très dynamiques dans le numérique. Le rôle de Tech City UK est désormais de stimuler l'écosystème numérique de tout le pays.

Vous ne parlez plus seulement d'East London, ni même du grand Londres ?

Nous avons décidé en avril de prendre une dimension nationale et de nous rebaptiser Tech City UK. C'était le bon moment car nous avons atteint une certaine masse critique ici à Londres. Il y a des milliers d'entreprises du numérique dans tout le Royaume-Uni, nous avons de fantastiques universités et chaque ville a ses atouts, par exemple l'expertise en matériel et composants à Cambridge, l'intelligence artificielle à Oxford et Edimbourg, la robotique à Bristol, les technologies liées aux médias à Manchester. Nous avons formé une alliance nationale de treize « clusters » afin d'échanger les meilleures pratiques et d'accélérer la croissance des jeunes entreprises du numérique dans toutes ces villes. L'objectif est d'essayer de parler d'une seule voix, au nom de la « Tech nation » britannique. Nous pensons que le Royaume-Uni est l'endroit idéal pour lancer et faire croître une activité dans le numérique, que nous avons l'environnement le plus favorable, en termes d'accès aux capitaux et aux talents, de fiscalité, etc.

Que pensez-vous de la French Tech ?

Il y a des similitudes entre Tech City UK et la French Tech. J'ai d'ailleurs reçu Axelle Lemaire, votre secrétaire d'Etat au Numérique, en juin et rencontré Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie. Mais Tech City n'est pas vraiment un mouvement : si le gouvernement a un rôle à jouer, nous considérons que les autres composantes de l'écosystème, le privé, les accélérateurs, les collectivités locales, etc, doivent y participer activement. Et Tech City UK n'est pas une agence de marketing ! Nous avons de vraies compétences pour faire accélérer la croissance de l'écosystème.

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Commentaires 6
à écrit le 05/12/2014 à 18:55
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Pour quitter l'Europe ont commences

à écrit le 05/12/2014 à 15:40
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Il y a eu des manifestations à Londres , à cause du cout de l' enseignement , comme dirait la maman de Napoléon ...pourvu que cela dure .

à écrit le 05/12/2014 à 14:39
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L'émulation européenne a été un des facteurs de notre réussite continentale historique, clairement. Cependant il me semble que la coopération devrait être un axe, désormais majeur, à travailler entre nous pour faire émerger un jour des leaders mondia...

à écrit le 05/12/2014 à 14:37
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L'émulation européenne a été un des facteurs de notre réussite continentale historique, clairement. Cependant il me semble que la coopération devrait être un axe, désormais majeur, à travailler entre nous pour faire émerger un jour des leaders mondia...

à écrit le 05/12/2014 à 12:44
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Paris a tous les atouts pour rester leader dans ce domaine et la French c'est justement l'echos systeme don't nous parle ce monsieur, qui n'ose pas encore faire de compliments, mais ce doit etre culturel.

à écrit le 04/12/2014 à 17:16
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ils imitent la french tech parce-que nous sommes encore 1ers du Deloitte Fast 500 EMEA. :-)

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