
Le malheur des uns fait le bonheur des autres... A moins de deux mois de Noël, environ 200.000 commerces de proximité sont contraints de fermer leurs portes en France jusqu'au 1er décembre à cause du deuxième confinement. Alors qu'un magasin sur trois ne possède pas de site Internet selon Bercy, les grandes plateformes de commerce en ligne rivalisent de promotions et d'opérations de communication depuis la semaine dernière pour offrir leurs services.
Le groupe japonais Rakuten a dégainé dès vendredi dernier, premier jour du confinement. Il propose gratuitement aux commerçants son outil de "click and collect", qui permet aux clients de commander et payer en ligne pour pouvoir récupérer leurs colis en boutique, pour toute ouverture de compte sur son site. Rakuten a également rendu gratuit l'un de ses abonnement, qui permet aux commerçants d'ouvrir une boutique en ligne, jusqu'à Noël et sans engagement. Des actions de formations ont été réalisées jeudi par le géant, présent en France depuis 2010 grâce au rachat de PriceMinister
"Une heure et un ordinateur, c'est tout ce dont vous avez besoin pour ouvrir une boutique en ligne", revendique le Pdg France de Rakuten, Fabien Versavau, sur Twitter.
Accusations de concurrence déloyale
Ces premières initiatives ont rapidement été complétées par d'autres annonces du genre de la part des géants du e-commerce. Depuis lundi, Amazon France propose aux commerçants gratuitement son abonnement mensuel - normalement facturé 39 euros - pour trois mois. Un crédit de 200 euros leur est également offert pour assurer leur promotion en ligne, et 300 salariés du groupe sont mobilisés pour répondre aux questions des commerçants novices sur Internet.
A l'instar de Rakuten, l'ogre du e-commerce lancera également à partir du 8 décembre des formations gratuites sur le numérique (réseaux sociaux, vente en ligne, création d'e-boutique...) et espère former "des dizaines de milliers d'entrepreneurs". Même son de cloche chez eBay, mais aussi Cdiscount, qui proposent des avantages similaires.
| Lire aussi : En quête de rentabilité, Cdiscount consolide sa stratégie de marketplace
Tous revendiquent vouloir aider les petits commerces, en leur offrant des millions de clients à portée de clics. Mais les plateformes y trouvent aussi leur compte. Les géants du commerce en ligne sont accusés de concurrence déloyale depuis la fermeture des commerces de ville dits "non essentiels", comme les librairies, les fleuristes, les magasins de jouets... De nombreux élus et ministres - dont Roselyne Bachelot à la Culture, Bruno le Maire à l'Economie ou encore le Premier ministre Jean Castex - ont même appelé à décaler les achats ou à soutenir les commerces locaux.
Redorer son blason
Leurs opérations de communication leur permettent donc de redorer leur image en se positionnant comme de simples prestataires de services, qui permettent aux vendeurs d'avoir accès facilement à des solutions de logistique, de paiement ou de mise en relation avec les clients. C'est d'ailleurs le modèle défendu par Rakuten et eBay. A la différence d'Amazon par exemple, "eBay n'est pas un distributeur et ne possède aucun stock ni entrepôts, eBay n'entre donc à aucun moment en concurrence avec ses vendeurs", justifie le groupe américain dans un communiqué de presse adressé ce jeudi.
A terme, ces marketplaces espèrent recruter durablement de nouveaux commerçants pour augmenter le nombre de produits référencés et donc, attirer toujours plus de consommateurs sur leur site déjà fréquentés par des millions d'internautes. Car les géants du commerce en ligne ont déjà profité du premier confinement. Amazon, leader mondial, a réalisé un chiffre d'affaires de 88,9 milliards de dollars entre avril et juin, en hausse de 41% par rapport à la même période l'année précédente. Et son bénéfice net sur la période a doublé pour s'élever à 5,2 milliards de dollars.
Sujets les + commentés