Fronde des commerces de proximité : le secours de l'Etat attendu de pied ferme

Pour calmer la fronde des commerçants, forcés de fermer leurs portes à nouveau en raison du deuxième confinement en vigueur jusqu'au 1er décembre minimum, le gouvernement a annoncé la mise en place prochaine de plusieurs mesures. Parmi elles : des aides financières pour la numérisation des TPE-PME, la labellisation d'entreprises spécialisées dans la transformation numérique, ou encore la baisse des tarifs postaux pour les produits culturels.
Anaïs Cherif
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance,
 à la sortie du Conseil des ministres en mars 2020.
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, à la sortie du Conseil des ministres en mars 2020. (Crédits : POOL New)

La fronde des magasins indépendants monte depuis la semaine dernière. En cause : la fermeture forcée d'environ 200.000 commerces jugés "non essentiels" jusqu'au 1er décembre en raison d'un deuxième confinement, alors que Noël approche à grands pas. Parmi eux, les librairies -exemple emblématique depuis le début de la crise- mais aussi les fleuristes, les magasins de jouets, de vêtements...

Face aux critiques de fédérations et syndicats de commerçants qui dénoncent une concurrence déloyale des enseignes de la grande distribution et des plateformes de e-commerce, qui elles, peuvent poursuivre leurs activités, le gouvernement a laissé jusqu'à mercredi aux grandes surfaces pour retirer de leurs rayons les produits jugés "non essentiels", dont les livres et DVD, les décorations ou encore les vêtements. Une décision qui a encore déclenché une vive polémique.

Lire aussi : Confinement et fermeture des commerces non essentiels : une autoroute pour Amazon ?

Bruno Le Maire : "Je crois plus en l'offensive qu'en la défensive"

Pour calmer la colère, l'Etat renvoie la balle dans le camp des petits commerces en les appelant à se numériser. Le gouvernement les invite donc à mettre en place des services de livraison à domicile et permettre le retrait de commandes en magasin, le fameux "click and collect", autorisé au cours de ce deuxième confinement.

Pour exister face à la concurrence des ogres du e-commerce, "je crois plus à l'offensive qu'à la défensive", affirmait Bruno Le Maire au micro de RTL lundi matin en appelant à "rattraper notre retard sur la numérisation des commerçants français".

Selon le ministre de l'Économie et des Finances, seul un magasin sur trois dispose d'un site Internet en France. Une proportion jugée insuffisante par le gouvernement, qui dit vouloir aider à la numérisation des commerces de proximité via un "soutien de conseils et financier", a déclaré Bruno Le Maire.

Le ministre promet une stratégie d'ensemble en débloquant à terme 100 millions d'euros du plan de relance pour "accompagner les chefs d'entreprise dans leur digitalisation, via une aide directe ou un crédit d'impôt. Ce doit être le plus simple et le moins coûteux possible", confirmait-il au Parisien dans un entretien vendredi dernier.

Mais pour l'heure, le gouvernement se contente d'aides ponctuelles et sectorielles. Pour inciter les commerçants à réaliser du "click and collect", Bercy promet que "le chiffre d'affaires généré par ces ventes ne sera pas pris en compte dans le calcul de l'aide au titre du fonds de solidarité", dont le montant peut grimper jusqu'à 10.000 euros mensuels pour les commerçants fermés administrativement, selon un communiqué de presse du ministère.

Baisse des tarifs postaux pour les produits culturels

Concernant spécifiquement les produits culturels -livres, CD, partitions-, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé lundi une baisse des tarifs postaux. "Imaginez que lorsque vous envoyez un livre de poche à 8 euros, le tarif c'est 6,35 euros. Là, nous allons diviser les tarifs postaux d'envoi des livres par trois ou quatre", a promis la ministre, au micro de LCI. Le tarif sera être variable selon la quantité de produits envoyés.

Bercy a également lancé ce mardi un appel à projets. Le but : identifier des entreprises proposant des outils numériques à destination des commerces, artisans, restaurateurs et PME pour leur permettre de créer un site Internet, déployer une solution de paiement en ligne ou encore leur proposer un service de livraison de proximité.

Les premières solutions "labellisées" par le gouvernement seront communiquées à partir de jeudi. Les entreprises sélectionnées devront "valoriser le commerce local", mettre leurs outils à disposition des commerçants "à titre gratuit ou à tarif préférentiel pendant une période définie", ne pas les soumettre à un engagement de durée et les accompagner pour déployer leurs solutions. En parallèle, le gouvernement a dressé sur le site du ministère de l'économie à destination des commerçants une liste d'outils permettant de se lancer sur Internet.

Pour la commission des affaires économiques du Sénat, la réponse du gouvernement est encore trop faible. "Les commerçants sont insuffisamment numérisés pour prendre massivement le virage du click & collect et de la vente en ligne", regrette-t-elle en appelant "le gouvernement à un véritable changement d'échelle de sa politique de soutien en la matière, en clarifiant les diverses initiatives existantes et en renforçant le soutien financier à l'équipement et à la formation numérique".

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 03/11/2020 à 17:56
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Étonnant ce virus ,il ne s'attaque qu'aux commerces jugées non essentiel.

à écrit le 03/11/2020 à 17:22
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Démagogie, quand tu nous tiens.. Madame Roselyne Bachelot veut réduire les tarifs postaux sur l'expédition des livres. Chez Amazon ou FNAC, c'est 0.01€.... Si le livre est édité en numérique, c'est encore mieux: on l'obtient en 5 minutes... La...

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