A Caen, Murata jette ses forces dans la course à la miniaturisation des semi-conducteurs

Le géant nippon de l’électronique Murata consent un gros investissement au profit de son usine caennaise où sera construite une deuxième ligne de production qui fabriquera des condensateurs d’une petitesse inégalée. En ligne de mire, le marché des téléphones portables de dernière génération.
La moitié des pacemakers fabriqués dans le monde embarquent au moins un composant produit à Caen. Leur taille de celle d'une grosse gélule exonère les patients d'une opération à coeur ouvert.
La moitié des pacemakers fabriqués dans le monde embarquent au moins un composant produit à Caen. Leur taille de celle d'une grosse gélule exonère les patients d'une opération à coeur ouvert. (Crédits : Murata)

Citée par Emmanuel Macron parmi les « 15 chefs de file industriels » censés combler le retard français dans l'industrie de l'électronique, la filiale française du japonais Murata donne raison au chef de l'Etat. Sa maison-mère vient d'annoncer un investissement de 60 millions d'euros au profit de son usine de Caen, assorti d'une centaine de créations d'emplois (200 aujourd'hui). Un gage de reconnaissance en or massif pour ce site que le géant nippon avait racheté en 2016 à la startup IPdia, elle-même née du démantèlement de la division semi-conducteurs de Philips.

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Passée experte dans l'ultra-miniaturisation, l'entreprise va être dotée d'une seconde ligne de production destinée à la fabrication de condensateurs en silicium à échelle nanométrique. Leur épaisseur n'excèdera pas 40 ou 50 microns pour des performances en hautes fréquences, hautes températures et vieillissement inégalées, indique Samuel Bazin, responsable du marketing.

« Certains matériaux doivent être déposés à l'atome près. En interne, il nous arrive parfois nous-mêmes d'être étonnés de repousser à ce point les limites ».

Pour mémoire, ces composants dit « passifs », comparables à des micro-batteries, sont indispensables au bon fonctionnement des processeurs de plus en plus puissants qui tendent à équiper tous nos engins électroniques.

L'infiniment petit dans la cour des grands

Après avoir joué un rôle clé dans la miniaturisation de dispositifs médicaux, l'usine normande qui équipe déjà un pacemaker sur deux dans le monde voit donc s'ouvrir le champ des possibles.

« Notre technologie s'est considérablement développée en dehors des marchés de niche à mesure que l'industrie a eu besoin d'accroître les capacités de traitement de données tout en consommant moins d'énergie », souligne Franck Murray, fondateur d'IPdia et directeur exécutif de Murata Integrated Passive Solutions.

Soutenu par le plan France 2030 et reconnu d'intérêt européen par l'UE, cet accroissement de capacité doit notamment permettre à l'entité française de creuser son sillon sur le marché des véhicules électriques, des infrastructures de télécommunications mais surtout celui, énorme, des téléphones portables de dernière génération dont la firme japonaise lui a ouvert les portes. En toile de fond, l'émergence d'applis voraces en connectivité que laisse présager le déploiement de la 5G.

Un premier client est déjà acquis, Samsung a annoncé vouloir embarquer les condensateurs made in Normandie sur ses smartphones. Il ne devrait pas être le seul. « Nous sommes en phase de pré-production ou de qualification chez tous les grands fabricants ou leurs fournisseurs », indique Samuel Bazin. En parallèle, les équipes caennaises de Murata travaillent sur une sixième génération de composants avec la complicité du CEA Leti de Grenoble, où six de ses ingénieurs ont leurs bureaux. La course à l'infiniment petit n'a pas encore atteint la ligne d'arrivée.

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Commentaire 1
à écrit le 10/03/2023 à 23:59
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Bonjour, Le CEA de Grenoble ! C'est du lourd, d'ici à ce qu'ils sortent des micro condensateurs au graphene pour remplacer les condos au tantale hors de prix ou chimiques durée de vie rarement plus de 8 ans, un très très bon plan.

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