Le Japon investit un demi-milliard d'euros dans des semi-conducteurs de nouvelle génération

La production doit démarrer d'ici 2030 pour ces puces électroniques gravées et plus fines. En pleine tensions mondiales, notamment entre la Chine et Taïwan, un important fournisseur de semi-conducteurs, le Japon veut assurer son indépendance technologique. Les grands groupes Sony, Toyota, SoftBank Group ou NTT participent à ce projet public-privé.
Les tensions géopolitiques autour de la Chine ont aussi fait prendre conscience dans les pays industrialisés, notamment aux Etats-Unis et en Europe, de la nécessité de produire localement ces composants.
Les tensions géopolitiques autour de la Chine ont aussi fait prendre conscience dans les pays industrialisés, notamment aux Etats-Unis et en Europe, de la nécessité de produire localement ces composants. (Crédits : Reuters)

La bataille des semi-conducteurs est loin d'être terminée. Alors que l'Allemagne vient de bloquer le rachat par la Chine de deux usines de semi-conducteurs pour défendre ses intérêts stratégiques, le Japon va, lui, investir près d'un demi-milliard d'euros dans un nouveau projet destiné à produire dans le pays des semi-conducteurs de nouvelle génération. Le gouvernement japonais compte aussi regrouper de grands groupes nippons, a annoncé vendredi le porte-parole du gouvernement, Hirokazu Matsuno.

Le gouvernement nippon a promis d'injecter 70 milliards de yens (483 millions d'euros), tandis qu'une dizaine d'entreprises privées dont Sony, Toyota, SoftBank Group ou NTT devraient investir un milliard de yens chacune (6,9 millions d'euros), a précisé le ministère japonais de l'Industrie.

Une nouvelle entreprise nommée Rapidus sera créée, et s'engagera dans la recherche, le développement et la fabrication de semi-conducteurs de nouvelle génération afin de « renforcer la compétitivité de l'industrie japonaise » dans ce domaine, selon le ministère.

« Les semi-conducteurs sont une technologie clé qui soutient la transformation numérique et la décarbonisation », a souligné M. Matsuno.

La production doit démarrer d'ici 2030 pour ces puces électroniques gravées avec une finesse de 2 nanomètres, utilisées dans les ordinateurs quantiques - qui effectuent des calculs bien plus rapidement que les machines classiques - et l'intelligence artificielle.

Une plus grande finesse permet de concentrer davantage de composants dans un espace réduit, d'augmenter les performances et de réduire la consommation énergétique des semi-conducteurs.

Des pénuries depuis deux ans

L'enjeu stratégique de ces composants, présents dans les ordinateurs, smartphones, voitures, serveurs de données ou consoles de jeux, a encore été confirmé par les pénuries liées notamment à la pandémie, qui perturbent les chaînes d'approvisionnement mondiales depuis 2020.

Les tensions géopolitiques autour de la Chine ont aussi fait prendre conscience dans les pays industrialisés, notamment aux Etats-Unis et en Europe, de la nécessité de produire localement ces composants indispensables, essentiellement importés de Taïwan et de Corée du Sud.

Les Etats-Unis ont édicté en octobre de nouvelles règles visant à limiter l'export de semi-conducteurs et d'équipements américains pour ce secteur, afin de compliquer leurs achats et leur fabrication par la Chine, sur fond d'une féroce rivalité technologique entre les deux superpuissances économiques.

Mercredi, l'Allemagne a elle bloqué le rachat de deux de ses usines de ce secteur par des investisseurs chinois, disant vouloir réduire sa dépendance envers Pékin et « empêcher la fuite des technologies clés et protéger l'infrastructure et les capacités de production » allemandes.

ZOOM : le ralentissement mondial pèse sur l'industrie japonaise

En septembre, selon les derniers chiffres, la production industrielle au Japon a décliné de 1,6% par rapport à août, soit la première baisse de cet indicateur depuis mai, signe que le ralentissement économique mondial commence à peser.

L'automobile, la chimie et les machines-outils ont été les secteurs ayant le plus contribué à la baisse de la production, a précisé le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti).

Les expéditions de biens manufacturés nippons ont chuté de 2,4% en septembre sur un mois tandis que les stocks ont grimpé de 3%, selon les données du ministère.

Même si la politique monétaire reste ultra-accommodante au Japon, l'industrie nippone n'est pas immunisée contre ce ralentissement économique mondial car elle est particulièrement tournée vers l'export.

(Avec AFP)

Lire aussiSécurité nationale : l'Allemagne bloque le rachat par la Chine non pas d'une, mais de deux usines de semi-conducteurs

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Commentaires 3
à écrit le 12/11/2022 à 15:15
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Si vous ne voulez pas vous faire "manipuler", abandonnez l'électronique et revenez à la mécanique ! ;-)

à écrit le 12/11/2022 à 0:49
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@jeanluc La chine elle même cherche sa sécurité en semi-conducteurs, elle ne détient pas cette chaine répartie entre la corée, japon et usa. La somme annoncée par le japon c'est pas beaucoup, c'est le stricte minimum Jenluc : tu ne sais pas d...

à écrit le 11/11/2022 à 21:58
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500 Millions cela parait beaucoup mais dans ce domaine les investissements sont tres lourds. 50 millions pour une petite ligne de condo... alors 500 M c'est que dalle. Et l'Europe? elle ira les acheter en Chine puisqu 'elle préfère investir dans les ...

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