Semi-conducteurs : A Caen, le japonais Murata accélère sur l’infiniment petit

"Small is beautiful" dit le dicton anglais. Précurseur de la miniaturisation des composants électroniques passifs, la filiale française du géant japonais Murata s’allie avec trois laboratoires du CNRS pour accompagner sa bascule dans l’ère nanométrique.
La technologie de pointe élaborée à Caen par Murata a notamment contribué à la miniaturisation des pacemakers, aujourd'hui de la taille d'une grosse gélule.
La technologie de pointe élaborée à Caen par Murata a notamment contribué à la miniaturisation des pacemakers, aujourd'hui de la taille d'une grosse gélule. (Crédits : Medtronic)

Les insuffisants cardiaques ne le savent pas mais ils doivent une fière chandelle à la filiale française du groupe japonais Murata. C'est en grande partie grâce à ses travaux sur la miniaturisation des composants que renferment les pacemakers qu'il n'est plus nécessaire, pour les poser, de procéder à une opération à cœur ouvert. Ramenés à la taille d'une grosse gélule, les stimulateurs cardiaques peuvent dorénavant être implantés via la veine fémorale, moyennant une simple anesthésie locale.

C'est l'un des quartiers de noblesse de cette pépite caennaise fondée en 2009 sous le nom d'Ipdia par d'anciens cadres de la division semi-conducteurs de Philips. Productrice de composants électroniques passifs intégrés à haute performance, elle a été précurseur de la technologie 3D sur silicium. Laquelle lui a permis d'élaborer, à puissance égale, des produits jusqu'à 100 fois plus minces que ceux des générations précédentes. Et au passage de s'ouvrir les portes du marché des implants médicaux mais aussi plus récemment celui de la téléphonie mobile.

« De plus en plus ramassés, les processeurs des nouveaux smartphones commandent aussi de plus en plus de fonctions ce qui rend nos solutions presque incontournables », constate Franck Murray, son PDG.

Et maintenant, l'horizon nano

Cinq ans après être passée sous pavillon nippon, la société (200 collaborateurs aujourd'hui), dont l'activité a performé en 2021, s'apprête à franchir un nouveau cap dans l'infiniment petit. Qu'on en juge. Elle était déjà capable d'intégrer 250 nanofarads (l'unité de mesure de capacité électrique) sur un seul millimètre carré de silicium, sans hypothéquer la performance de ses produits. Sa prochaine génération en intégrera 1.300 sur la même surface. « Nous allons passer de l'échelle micrométrique à l'échelle nanométrique », décrypte Florent Lallemand, chef de projet.

Pour accompagner cette rupture technologique, l'industriel vient de créer un laboratoire commun dénommé IPDN (comme Integrated Passives Devices of Normandy) avec trois labos de recherche du CNRS installés comme lui à Caen : le Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique, le laboratoire de Cristallographie et sciences des matériaux et le Groupe de recherche en informatique, image, automatique et instrumentation. Ces derniers apporteront respectivement leurs compétences en physique des matériaux, chimie des matériaux, et caractérisation électrique des dispositifs.

Objectifs : emmener les prototypes jusqu'à l'industrialisation et améliorer leur tenue dans le temps. « Plus les composants sont petits et plus il est compliqué d'identifier les éventuelles défaillances. C'est pourquoi les compétences des chercheurs dans l'analyse structurale des matériaux sont précieuses », explique Florent Lallemand. Les travaux menés dans le cadre du laboratoire commun pourront donner lieu à des dépôts de brevets, précise le CNRS.

« L'approche singulière de Murata pourrait être utilisée pour d'autres types de dispositifs comme les micro-batteries », prédit Ulrike Lüders, directrice de recherche au Crismat et patronne de l'IPDN. On le voit, la course vers l'infiniment petit n'a pas encore atteint son acmé.

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Commentaires 2
à écrit le 18/03/2022 à 15:37
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Quand je dis sur les forum que années 50 nous étions no 2 mondiaux en électronique derrière les USA Visiblement nous avons de beaux restes, après c'est l'absence de protections de cette grande industrie de nos gouvernements. Thomson, audax, bull etc...

à écrit le 18/03/2022 à 12:25
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un bel exemple à suivre pour la France

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