CES : cinq ans de French Tech à Las Vegas

L’agence publique Business France accompagne les jeunes pousses françaises à l’étranger, facilitant leur présence sur les grands événements tech, dont le Consumer Electronics Show. Bilan de cinq ans de présence de la French Tech à Las Vegas.
Photo de la délégation française lors du l'édition 2017 du CES
Photo de la délégation française lors du l'édition 2017 du CES (Crédits : DR)

« Pendant le CES, une personne sur deux parle français dans les rues de Vegas », explique un fondateur de startup qui fréquente régulièrement le salon. Rien d'étonnant, puisqu'en nombre de participants la délégation française était la deuxième en 2016 derrière les États-Unis et la troisième cette année derrière les USA et la Chine. Mieux : 222 startups tricolores (dont 172 labellisées French Tech) présentaient leurs produits dans l'Eureka Park, le bâtiment dédié aux jeunes pousses, contre 150 pour les sociétés américaines, et loin devant Israël, la Corée du sud ou même la Chine.

Une présence massive qui souligne le succès de l'initiative French Tech lancée fin 2013. Business France, bras armé du gouvernement pour soutenir les entreprises à l'international, accompagne depuis 2014 nos meilleures startups dans ce grand barnum qu'est le CES. La sélection se fonde sur trois critères principaux : l'innovation, pas de « me too » [imitation d'un produit déjà existant, ndlr] ; l'équipe et le business model ; le « time to market ».

« Au minimum, il faut un prototype. Avec le temps, il y a eu une pondération par rapport au caractère un peu trop branché de certains produits qui n'ont pas eu de suite », explique Éric Morand, directeur du département Tech & Services de Business France.

L'agence publique sise à Bercy dispense aux startups des séances de coaching destinées à les préparer à l'événement, animées par Oliver Ezratty, consultant et auteur du Rapport du CES de Las Vegas depuis 2006, ainsi que des préparations au pitch oral et écrit, sans oublier une formation aux relations presse pour intéresser les 2.500 journalistes du monde entier présents dans la cité des casinos.

En janvier 2014, Business France héberge dans son French Tech Pavillon 15 startups, sur une quarantaine de candidatures. « Le coq en origami, logo de la French Tech, n'existait même pas », se rappelle Éric Morand. Depuis, autour de 25 startups sont accompagnées par BF chaque année à Las Vegas. En 2015, des fonds sont débloqués, et Business France, qui vient de naître de la fusion d'Ubifrance et de l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii) se voit confier la promotion internationale de la French Tech.

« C'est là que ça a commencé à s'accélérer, avec une présence médiatique forte dans la presse américaine, et la présence de ministres comme Fleur Pellerin, Emmanuel Macron et Axelle Lemaire », précise le directeur du département Tech & Services.

Mais janvier 2015, c'est aussi l'attentat contre Charlie Hebdo et le CES est largement éclipsé par cette actualité dramatique.

« On devait faire un événement festif et ça s'est transformé en retransmission du discours du président, et les ministres ont abrégé leur déplacement. Toute la communauté française était sur notre pavillon », raconte Éric Morand.

Une fête pharaonique

En 2016, Business France introduit la délégation « Family&Friends », des sociétés qui sont déjà venues une fois et ont envie de revenir.

« Par exemple, le réveil olfactif SensorWake est sélectionné par notre jury en 2016. En 2017, le fondateur est revenu avec un nouveau produit dans le cadre de Family&Friends. »

L'année 2016 est aussi celle de la fête pharaonique organisée pour Business France par l'agence de communication Havas à l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie. L'affaire met en cause Muriel Pénicaud, actuelle ministre du Travail et ancienne directrice générale de Business France, accusée de ne pas avoir respecté les règles des marchés publics.

« Nos équipes n'ont jamais été impliquées dans cette organisation, c'est la cellule qui s'occupe de la promotion internationale de la French Tech qui s'en est occupée. De notre côté, ça a été une très belle opération de relations publiques. Cette soirée n'était ni trop clinquante ni démesurée, mais un événement nécessaire pour affirmer la présence française dans un lieu d'influence comme le CES », explique Éric Morand.

En 2017, les 13 nouvelles régions s'impliquent et envoient elles aussi leurs startups à Las Vegas et contribuent au financement de la French Tech, aux côtés des partenaires privés comme Orange, BNP Paribas, l'INPI, OVH, All Circuits, STMicroelectronics et Arrow.

Fin d'un cycle

Janvier 2018 verra 25 startups sélectionnées plus une douzaine de Family&Friends. Pour cette édition, Business France a organisé deux journées complètes de boot camp [entraînement] à l'Usine IO et la Cité des objets connectés d'Angers, avec un coaching personnalisé réalisé par Ideas and stage, du media training avec l'agence Cap et Cime, une séance « CES pour les nuls » avec Olivier Ezratty et un coaching spécial retail (commerce) avec Innov8 (magasins Lick), ainsi qu'une session sur l'investissement.

La promotion de la French Tech par Business France impressionne les autres pays comme le Japon, Taïwan, les Pays-Bas qui envoient des délégations pour apprendre les secrets de l'agence publique de développement international.

Si quantité ne rime pas forcément avec qualité, les startups tricolores ont tout de même engrangé depuis cinq ans un nombre important de prix (47 en 2017), dont le prestigieux Award « Best of Innovation ». Cette année marque aussi la fin du cycle de cinq ans de la French Tech. « Désormais, il faut tourner une nouvelle page. La mission French Tech va s'installer à la Station F au sein de French Tech Central, les budgets arrivent à échéance et le gouvernement travaille sur une nouvelle enveloppe. En ce qui nous concerne, nous allons continuer notre effort de soutien des startups à l'international, en musclant nos dispositifs au Royaume-Uni et en Allemagne, et nous envisageons la création d'un Club des startups », précise Éric Morand. Vu l'impact médiatique mondial acquis par la French Tech, et le tropisme « startup nation » du gouvernement, gageons que les fonds seront vite trouvés pour continuer à soutenir nos jeunes pousses au CES et ailleurs.

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Commentaire 1
à écrit le 10/01/2018 à 21:32
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