Michel Van Bellinghen n'est pas du tout satisfait de la situation actuelle. Et il l'a fait savoir. Ce jeudi, le nouveau président de l'Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT), le régulateur du secteur, a dévoilé son « plan stratégique » pour les deux prochaines années. Et son discours, rapporté par la presse, s'est avéré particulièrement tranchant. A ses yeux, l'intensité concurrentielle n'est pas suffisante. Loin de là. D'après le site Lecho.be, Michel Van Bellinghen souhaite la renforcer. Pourquoi ? « Parce que nous considérons que c'est la concurrence qui stimule l'innovation et les investissements », a-t-il lancé.
Pour justifier cette ligne, l'IBPT a tiré à boulet rouge sur les prix pratiqués par les opérateurs. Alors que la tendance est à la baisse au sein de l'Union européenne, celle-ci n'est pas aussi prononcée en Belgique, a constaté le régulateur. Les prix se situent encore « au-dessus de la moyenne européenne », a-t-il enchaîné. Avant de s'inquiéter de voir que les tarifs, loin de se stabiliser, sont, il y a peu, repartis à la hausse. Sur le fond, le régulateur y voit la conséquence d'une mauvaise organisation de ce marché de plus de 7 milliards d'euros. Sachant que celui-ci est largement dominé par Proximus, l'opérateur historique (avec une part de marché avoisinant les 50%, selon l'IBPT). Lequel est suivi par Telenet (entre 20 et 30%) et Orange (de 10% à 20%).
Plus de co-investissement
Dans l'Internet fixe, Michel Van Bellinghen s'est montré catégorique : « Nous avons besoin d'un troisième acteur, si possible avec son propre réseau. » Il faut dire que ce segment est aujourd'hui un bon gros duopole dominé par Proximus (spécialisé dans le VDSL sur tout le territoire) et Telenet (de très loin le premier câblo-opérateur du pays, très présent en Flandre). A eux deux, ils pèsent pas moins de 82% du marché ! Or début 2016, Orange, qui ne dispose pas de réseau fixe en propre, a lancé une offre mêlant Internet et télévision en passant par les infrastructures de câble de ses rivaux Telenet et Voo (qui couvre la Wallonie). Mais à ce jour, le challenger français demeure logiquement très loin de ses concurrents, avec une part de marché de 3%.
Pour faire émerger un vrai marché à trois acteurs dans l'Internet fixe, le régulateur a indiqué jeudi qu'il songeait à favoriser le co-investissement dans la fibre. Si une telle initiative voyait le jour, elle profiterait largement à Orange. Et pour cause : en décembre dernier, Proximus a dévoilé un plan d'investissements sur 15 ans pour couvrir les villes et zones les plus denses pour un montant de 3 milliards d'euros. Orange a proposé à l'opérateur historique de se joindre à lui pour déployer cette technologie qu'il connaît très bien. Mais son rival, qui ne souhaite pas partager ce nouveau réseau, lui a claqué la porte au nez...
Baisse des prix d'accès aux réseaux de câble?
Le régulateur pourrait aussi favoriser l'essor d'Orange dans l'Internet fixe d'une autre manière. Comme l'explique Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James, « il pourrait réduire le prix de gros d'accès aux réseaux câblés, qui est très cher et s'élève à 23 euros par ligne ». Ce qui permettrait à Orange « d'accroître ses marges ou d'enrichir son offre de contenus ». Une chose est sûre: il devrait bientôt y avoir des remous sur le marché belge des télécoms.
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