Faible mobilisation des postiers pour dénoncer la souffrance au travail

Les postiers, appelés à la grève jeudi, se sont rassemblés en petits comités devant leurs directions ainsi que devant le Sénat à Paris, pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail, responsable d'une crise sanitaire et sociale sans précédent, selon les syndicats.
Face à la baisse des volumes du courrier (30% de 2008 à 2015), la Poste a réorganisé ses services avec, en parallèle, une baisse des effectifs très importante (3.000 à 5.000 postes en moins par an rien que pour les facteurs depuis 2005) qui, selon les syndicats, génère une dégradation très importante des conditions de travail et de santé des agents.

La direction a fait état d'un taux de grévistes de 3,76% à la mi-journée, tandis que les syndicats de la Poste n'avançaient pas de chiffres en milieu d'après-midi, à l'exception de l'Unsa faisant état de "10.000 grévistes" (sur plus de 250.000 salariés au total). En Gironde, SUD a fait état d'un taux de grévistes de 10% parmi les guichetiers et de 5% au courrier. Selon SUD-PTT, nombre de facteurs n'ont pas voulu se mettre en grève, craignant de se voir supprimer leur prime de Noël, qui ne concernerait cependant "que 2.000 postiers", selon la direction.

Débat au Sénat

Munis de drapeaux et de ballons aux couleurs des syndicats qui appelaient à cette grève - CGT, SUD, Unsa ainsi que FO localement - les postiers étaient entre 150 et 200 à Paris devant le Sénat où s'est tenu un débat sur l'avenir de La Poste à l'initiative des sénateurs communistes, a constaté un journaliste de l'AFP. "Rendez-nous nos PTT, on n'est pas des banquiers", lisait-on sur une banderole prônant "un service public de La Poste", devenue société anonyme en 2010 mais dont l'Etat reste le principal actionnaire avec la Caisse des dépôts et consignations.

Au Sénat, Jean-Pierre Bosino, maire communiste de Montataire (Oise), a évoqué de très importants "dysfonctionnements" dans son département. Sa mairie, a-t-il expliqué, n'a reçu "aucun courrier en août et tous les plis en septembre avec 28 jours de retard parfois". Selon lui, un cabinet de juristes, "excédé par les retards de distribution" a porté plainte contre La Poste. Le sénateur dénonce le "démantèlement du maillage territorial" et la stratégie commerciale de l'entreprise "avec des conséquences terribles et dramatiques sur les agents" dont une "souffrance au travail". Il a déploré que "ni la ministre du Travail, ni le ministre de l'Economie ne soient intervenus".

"Une logique de rentabilité"

Jean Desessard (Ecologistes) a regretté "une logique de rentabilité" au détriment du service public, Joël Guerriau (UDI-UC) défendant "une présence postale accrue" et le "rôle d'aménagement du territoire" de La Poste, tandis que Delphine Bataille (PS) a déploré la fermeture de bureaux de poste "sans concertation", -250 dans les nouveaux contrat de présence postale qui lie La Poste, l'Etat et les communes-, ce qui "pénalise les plus fragiles". Autre sujet de mécontentement, pour Brigitte Gonthier-Maurin (Communiste, républicain et citoyen): le nouveau contrat de présence postale qui "supprime le verrou démocratique de l'avis du conseil municipal au profit du seul avis du maire pour décider de la fermeture ou pas d'un bureau" de poste.

A Paris, Jean-Marie, facteur gréviste du 9e arrondissement a dénoncé auprès de l'AFP "une baisse d'effectifs continue après chaque réorganisation, tous les deux ans en moyenne", et des tournées à rallonge avec des horaires compressés le samedi. Retraité depuis deux mois, Laurent Ripoche a déploré "une très forte charge de travail, un courrier qui baisse mais une pub en augmentation constante". Il a évoqué le cas d'une collègue continuant à travailler avec une "ceinture de maintien" pour atténuer ses maux de dos et des attelles pour ses tendinites "par peur de perdre son travail".

Face à la baisse des volumes du courrier (30% de 2008 à 2015), la Poste a réorganisé ses services avec, en parallèle, une baisse des effectifs très importante (3.000 à 5.000 postes en moins par an rien que pour les facteurs depuis 2005) qui, selon les syndicats, génère une dégradation très importante des conditions de travail et de santé des agents.

(avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 10/12/2016 à 17:52
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Mon séjour de deux ans à la Poste comme facteur fut de loin le pire emploi que j'ai eu à faire dans ma vie, et j'ai fait une douzaine d'emplois différents. Travail six jours sur sept soit disant six heures de boulot mais en fait 7 à 8 heures réelles ...

à écrit le 09/12/2016 à 10:52
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Introduire du management méthodes process venant du secteur marchand pour remettre au travail les fonctionnaires de la Poste n'est pas facile mais ils doivent comprendre que le Club Med qui dure depuis des années et des années comme à la sncf, ratp, ...

le 10/12/2016 à 18:00
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Allez donc y bosser ! Moi j'y suis entré en me disant que ça serait mieux que mes précédents emplois. Un ancien collègue de travail m'avait pourtant mis en garde car il connaissait bien un facteur. J'aurais mieux fait de l'écouter : 45 heures payées ...

à écrit le 09/12/2016 à 8:18
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Il est urgent que ceux qui souffrent dans leur travail changent de job.

le 09/12/2016 à 10:57
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Dans le privé si on n'est pas content on démissionne ! Les postiers mécontents n'ont qu'à faire de même !!! Des chômeurs de longue durée se feront un plaisir de prendre leur place à la fonction cool !

à écrit le 09/12/2016 à 7:57
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Et si on commençait par supprimer la distribution du peu de courrier le samedi, tout en continuant la collecte et le tri le WE ?

à écrit le 09/12/2016 à 1:35
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La souffrance au travail à La poste....HIHIHI cela fait rigoler tout le monde

à écrit le 08/12/2016 à 20:40
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Demander à des personnes qui ne gagnent pas des milles et des cents de faire une journée de grève et donc perdre une journée de salaire juste avant Noël, c'est malin.

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