Les fusions-acquisitions dans la French Tech vont-elles enfin décoller ?

L'activité M&A (fusions-acquisitions) dans la tech en France a ralenti en 2018 après trois ans de croissance, mais 2019 s'apprête à battre un nouveau record. Reste que la French Tech accuse un retard par rapport aux États-Unis et au Royaume-Uni, et que les opérations de plus de 50 millions d'euros sont rares.
En avril dernier, l'américain Getaround a annoncé avoir racheté Drivy pour 300 millions de dollars.
En avril dernier, l'américain Getaround a annoncé avoir racheté Drivy pour 300 millions de dollars. (Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)

Zenly vendu à Snapchat pour 300 millions de dollars, Drivy cédé pour la même somme à son ancien rival américain Getaround, Compte Nickel acquis par BNP Paribas pour 200 millions d'euros... Depuis 2015, la tech française s'enorgueillit de réussir régulièrement quelques belles opérations de Mergers and Acquisitions (M & A ou fusions-acquisitions). Certes, ces montants sont loin de ceux que l'on peut observer lorsqu'un géant comme Thales met la main, pour 4,7 milliards d'euros, sur un autre champion mondial comme le fabricant de puces Gemalto, en 2017. Mais ces deals à 200-300 millions d'euros commencent à être significatifs pour les startups françaises. « Bpifrance a fait un gros travail pour pousser les grands groupes à acheter de la tech sur le marché plutôt que de la fabriquer en interne », se réjouit Marc Fournier, l'un des partners du fonds de capital-risque Serena.

Entre 2015 et 2017, un bond de 105% en valeur

Entre 2015 et 2017, le marché des fusions-acquisitions a effectivement connu une forte croissance. D'après l'étude annuelle du cabinet de conseil EY, le nombre d'opérations dans la tech a bondi de 46 % sur la période (de 136 à 205) et de 105 % en valeur (de 8,6 à 17,7 milliards d'euros). Et si 2018 a marqué, déjà, un coup d'arrêt, à la fois au niveau du nombre d'opérations (181, - 12 % sur un an) que du montant total (14,1 milliards d'euros, - 20 %), 2019 devrait renouer avec la tendance 2015-2017, avec déjà environ 160 opérations signées à la fin septembre selon le cabinet eCap Partner. Si le secteur du logiciel est de loin le plus dynamique (environ 60 % des opérations en 2018), les grands groupes de tous les secteurs jouent de plus en plus le jeu pour accélérer leur transformation digitale ou diversifier leurs activités.

Malgré tout, la France reste en retard. D'après les données de DealRoom, le Royaume-Uni continue de drainer à lui seul plus du tiers de l'activité M & A européenne (39,5 %), largement devant l'Allemagne (16 %) et la France (10 %). « Contrairement au Royaume-Uni ou aux États-Unis, il n'y a pas d'opérations de plus de 1 milliard d'euros dans la tech française. La relative faiblesse de ce marché fait écho au manque de financement de late-stage des startups [les plus grosses levées de fonds, ndlr] », relève Numa Bourragué, cofondateur et directeur opérationnel d'eCap Partner. Un problème auquel Emmanuel Macron a souhaité apporter un début de solution en poussant les investisseurs institutionnels (banquiers, assureurs...) à injecter 5 milliards d'euros sur trois ans pour les gros tours de table de la French Tech.

« Après quinze ans à tenter de convaincre les assureurs d'investir dans les startups, le gouvernement a dit 'ça suffit' et les a forcés à s'engager, malgré les rendements mornes et le manque évident de liquidités sur le marché. Et ça pourrait marcher ! », estime l'investisseur Nicolas Colin dans un billet de blog.

Lire aussi : French Tech : Macron annonce 5 milliards d'euros pour les startups en hyper-croissance

Numa Bourragué confirme. « L'écosystème M & A en France pourrait vraiment décoller à partir de 2022-2023, quand les grosses levées de fonds d'aujourd'hui auront permis aux startups de devenir des leaders sectoriels », s'avance-t-il. D'autant plus que les entrepreneurs les plus ambitieux changent d'état d'esprit vis-à-vis de l'acquisition. « Avant, les fonds et les entrepreneurs voulaient vendre vite pour sécuriser un retour sur investissement, explique Marc Fournier, de Serena. Désormais, grâce à la pratique du cash-out [pouvoir retirer de l'argent lors d'une levée de fonds pour sécuriser son patrimoine par exemple], les entrepreneurs les plus ambitieux n'hésitent plus à attendre pour faire une belle sortie. » L'écosystème tech serait donc enfin mûr pour que les rachats de plus de 50 millions d'euros décollent vraiment... dans quelques années.

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Commentaire 1
à écrit le 14/10/2019 à 21:27
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On peut toujours rêver sur l'avenir des entreprises françaises de "tech" Créées par des jeunes probablement courageux en regard d'autres Français. Mais des jeunes baignés pendant toute leur scolarité dans un univers scolaire où les vacances dominent...

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