Google intègre à ses équipes un des cofondateurs de DeepMind, sa filiale d'intelligence artificielle

Après avoir quitté ses fonctions chez en août, le cofondateur de DeepMind Mustafa Suleyman reprend des responsabilités, mais cette fois chez la société-mère, Google. Un mouvement symptomatique de la main-mise du géant américain sur sa filiale britannique. Cette dernière s'était pourtant concentré à l'origine sur la recherche fondamentale ouverte.
François Manens
Avec l'arrivée de Mustafa Suleyman dans ses équipes, Google marque un peu plus sa mainmise sur DeepMind.
Avec l'arrivée de Mustafa Suleyman dans ses équipes, Google marque un peu plus sa mainmise sur DeepMind. (Crédits : Charles Platiau)

Quatre mois de pause et ça repart. Après son départ surprise de Deepmind en août, Mustafa Suleyman, un des trois cofondateurs de la startup d'IA, se place chez la maison-mère, Google. Il travaillera sur les "opportunités et les effets des technologies d'IA appliquée" a-t-il indiqué, aux côté, notamment, de Jeff Dean, le directeur de Google AI.

"Il y a eu de la spéculation ses dernières 24 heures autour de ma situation. Après dix années trépidantes, je m'accorde du temps pour une pause afin de récupérer et je prévois de me remettre en selle à DeepMind bientôt", avait-il déclaré, fin août, dans un tweet.

Il n'a qu'en partie respecté sa promesse, puisqu'il rejoint à la place Google, qui a racheté la startup britannique pour 400 millions de livres sterling (soit 650 millions de dollars à l'époque), en 2014.

DeepMind aspiré par Google

Ce passage dans la société-mère de l'ex-dirigeant de Deepmind suit l'évolution des rapport entre Google et sa filiale. Suleyman a dirigé la division santé de DeepMind avant qu'elle soit intégrée, avec sa centaine de chercheurs, dans une structure baptisée Google Health, en 2018.

Le cofondateur menait également la division "recherche appliquée" de la startup. Il y prenait en charge le transfert des technologies de DeepMind vers différentes entreprises dans un premier temps, puis majoritairement vers Google. Rebaptisé "DeepMind for Google", le département compte désormais une centaine d'ingénieurs et de chercheurs répartis entre Los Angeles et Londres. Ils travaillent sur une douzaine d'applications afin d'y intégrer des technologies d'IA dans les différents produits et services d'Alphabet : sur les services publicitaires, YouTube, les infrastructures cloud, Google Translate ou encore la conduite autonome de Waymo...

Pourtant, DeepMind, depuis sa création en 2010, affiche avec la volonté de mettre les résultats de ses recherches au profit du bien commun. Les chercheurs publient la majorité de leurs travaux en open source (sans faire payer), et la startup n'avait donc pas vocation à devenir une machine à cash. Au contraire, elle suivait un objectif de recherche fondamentale, vers une intelligence artificielle forte. L'entreprise britannique s'est ainsi fait connaître avec des IA capables de battre les meilleurs joueurs du jeu de Go (AlphaGo) ou du jeu vidéo Starcraft II. Des prouesses technologiques sans retombées financières immédiates.

Lors de leur rachat par Google en 2014, les dirigeants de DeepMind s'étaient assurés de garder une part d'autonomie stratégique vis-à-vis du groupe américain, afin de ne pas trop s'écarter de leur ligne directrice.

Un rapport financier déséquilibré

Seulement, la réalité économique déséquilibre le rapport de force : des documents du registre britannique des entreprises, la Companies House, ont exposé les pertes de DeepMind sur 2018. Elles s'élèvent à 470 millions de livres (519 millions d'euros), alors que le chiffre d'affaires de DeepMind dépasse à peine les 100 millions de livres (110 millions d'euros). Et ce chiffre d'affaires est principalement lié à la vente de code informatique et d'algorithmes à sa maison-mère. Même si les intérêts de Google dans sa filiale dépassent l'ordre financier, elle se retrouve dans une position de force, et a pu insister sur le renforcement de la recherche appliquée.

Après avoir félicité Suleyman, le CEO et cofondateur de DeepMind Demis Hassabis a donc insisté pour que son entreprise maintienne son cap historique.

"Nous voulons nous assurer que DeepMind continue d'être un des meilleur endroit au monde pour développer des innovations de ruptures en IA, et que nous mènerons ce travail de façon réfléchie et responsable", a-t-il commenté dans un blog posté jeudi.

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 06/12/2019 à 19:53
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Après le buzz sur l'IA, le retour à la réalité, des recherches de ce genre ne peuvent pas êtres amorties à court terme.

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