Transition énergétique : Bruno Le Maire dévoile les 22 champions français de l'indice Green20

Le ministre de l'Economie et la directrice de la Mission French Tech, Clara Chappaz, ont dévoilé les 22 pépites qui composent la deuxième promotion de l'indice French Tech Green20, qui regroupe les startups les plus prometteuses dans le domaine de la transition énergétique.
Sylvain Rolland
Mercredi 15 juin, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.(photo), et la directrice de la Mission French Tech, Clara Chappaz, ont présenté au salon Viva Technology la nouvelle promotion du French Tech Green20.
Mercredi 15 juin, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.(photo), et la directrice de la Mission French Tech, Clara Chappaz, ont présenté au salon Viva Technology la nouvelle promotion du French Tech Green20. (Crédits : Sylvain Rolland / La Tribune)

1.800 startups greentech en France, quelques centaines de dossiers, et 22 lauréats à l'arrivée. Mercredi 15 juin, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et la directrice de la Mission French Tech, Clara Chappaz, ont présenté au salon Viva Technology la nouvelle promotion du French Tech Green20. Petit frère du French Tech 120 et du Next40 mais entièrement dédié aux greentech et copiloté par le ministère de la Transition Ecologique et la Mission French Tech, cet indice regroupe les pépites les plus prometteuses dédiées à la création de nouvelles solutions technologiques pour accélérer la transition énergétique.

L'objectif : braquer les projecteurs sur des innovations dotées d'un potentiel mondial, et les aider à accélérer leur développement en leur offrant de la visibilité, la crédibilité d'un label d'Etat, et un accès facilité à plus de 60 services publics et administrations afin de faciliter les démarches liées à leur hyper-croissance. "Les vingt startups de la première promotion ont levé plus de 500 millions d'euros sur l'année écoulée et quatre d'entre elles ont réussi une entrée en Bourse", revendique fièrement Clara Chappaz, qui espère un succès au moins aussi impressionnant pour la "saison 2".

Décarbonation de l'industrie, matériaux durables, énergies renouvelables, mobilité verte et smart city à l'honneur

Dans le détail, la nouvelle promotion ne conserve que huit pépites de la première : Be-FC (première pile durable), Lactips (alternative propre au plastique à partir de protéines de lait), Matter'up (ciment bas carbone), Kayrros (technologie de rupture pour l'optimisation énergétique), Metron (système opérationnel de gestion de l'énergie), Nam'r (producteur de données géolocalisées), Phoenix Mobility (conversation à l'électrique de véhicules thermiques) et Waga Energy (biométhane).

Quatorze startups intègrent donc la liste prestigieuse pour la première fois (voir liste en fin d'article). Il faut dire que contrairement au French Tech 120, renouvelé d'un tiers tous les ans sur la base de critères purement économiques, ceux du Green20 sont plus subjectifs. "Contrairement au French Tech 120, c'est un jury composé de quatre experts qui choisit les startups, explique à La Tribune Nassim Daicha, le directeur du programme du côté de la Mission French Tech. Le jury regarde les performances économiques bien sûr, mais aussi la qualité de l'innovation, sa scalabilité partout dans le monde et son impact industriel", poursuit-il.

Cette année, les innovations mises en avant par l'indice s'inscrivent particulièrement dans la décarbonation de l'industrie, les énergies renouvelables et décarbonées, la mobilité verte, le recyclage ou encore la ville durable. Les startups de l'agritech -les technologies pour améliorer les rendements et la qualité de l'agriculture- ont été mises de côté, tout simplement car le gouvernement leur réserve leur propre indice dédié, baptisé French Tech Agri20, dont la première promotion sera révélée dans quelques mois.

L'indice French Tech Green20 se veut donc en phase avec la stratégie France 2030 et la nécessité, encore réaffirmée par Bruno Le Maire lors de la présentation, de transformer, verdir et relocaliser l'industrie française. "Développer un écosystème greentech de pointe dans notre pays est une condition indispensable pour relever les défis de la transition énergétique, mais aussi transformer et relocaliser notre industrie, et maintenir la France parmi les plus grands acteurs de l'innovation au monde", a décliné le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

Même discours pour Clara Chappaz, qui considère les greentech comme une pièce essentielle de la lutte contre le changement climatique. "Il faut agir de façon urgente, changer les comportements individuels et collectifs, et trouver des nouvelles technologies pour décarboner notre économie dans tous les domaines, notamment l'industrie, l'énergie et l'agriculture. Et les startups peuvent être une partie de la solution", estime-t-elle.

1.800 greentech en France, le 4ème écosystème européen

Comme tous les autres programmes de la Mission French Tech, le Green20 vise aussi à donner de la visibilité aux startups greentech pour renforcer et faire grossir leur écosystème. "Le problème de beaucoup de clients et de partenaires, c'est qu'ils sont encore en train d'examiner la technologie, il faut encore les convaincre d'adopter des technologies nouvelles et disruptives, alors qu'il faudrait aller beaucoup plus vite", regrette Antoine Rostand, le CEO de Kayrros, membre reconduit du Green20. Autrement dit : encore trop méconnues, les solutions des greentech manquent de porte d'entrées auprès des industriels et des grands groupes qui pourraient accélérer leur développement. La faute à un écosystème encore jeune -la moitié des 1.800 pépites françaises ont été créées il y a moins de 5 ans.

L'entrepreneur estime toutefois que sa participation à la première promotion a été une "formidable opportunité". "C'est un label de qualité qui fédère la communauté greentech et une aide précieuse quand on doit solliciter l'administration française. Nous avons réussi à trouver de nouveaux investisseurs grâce à lui et lancé de nouveaux projets", raconte-t-il. Même satisfecit pour Marie-Hélène Gramatikoff, cofondatrice et CEO de Lactips. "Nous avons eu beaucoup de visibilité médiatique et c'est très important auprès des corporates et des investisseurs", ajoute-t-elle.

Bruno Le Maire a fait du développement des greentech une priorité politique. Car avec ses 1.800 pépites, la France n'est que le quatrième écosystème greentech d'Europe, derrière la Suède, l'Allemagne et le Royaume-Uni. "Quatrième n'est pas français, il faut passer premier", a affirmé le locataire de Bercy. D'autant plus que certaines startups de la greentech française ont le potentiel de devenir des géants mondiaux et de placer la France comme une référence du secteur à l'échelle internationale, à l'image de Ynsect [ferme verticale qui produit des alternatives aux protéines animales pour l'agriculture] ou EcoVadis [plateforme de notaion RSE].

D'après le panorama des GreenTech réalisé par Bpifrance, 25% d'entre elles sont dans les nouvelles énergies, 23% dans l'industrie verte, 20% dans la conservation des écosystèmes et la transition environnementale, 13% dans l'agriculture et l'agroalimentaire, 13% dans la mobilité propre, et 6% dans la construction durable. Elles stimulent l'économie française sur l'ensemble du territoire -plus de 70% d'entre elles sont situées hors d'Île-de-France- et ont créé plus de 60.000 emplois directs, pour un chiffre d'affaires de plus de 3 milliards d'euros.

Les 22 startups qui composent l'indice French Tech Green20

  • Beyond Aerospace : premier avion d'affaire électrique utilisant la propulsion à l'hydrogène
  • BeFC : première pile à combustible bioenzymatique durable, basée sur du papier et respectueuse de l'environnement
  • Eolink : éolienne flottante innovante et intégrée.
  • Fairbrics : nouvelle fibre textile, avec les mêmes propriétés que le polyester, mais qui contient 30% de CO2 et à une empreint carbone réduite par un facteur deux.
  • Gouach : première batterie électrique 100% réparable à destination de la micro-mobilité.

Lire aussi 5 mnGouach réunit 3,3 millions d'euros pour déployer ses batteries réparables

  • Hoffmann Green : production de ciment décarboné.
  • HySiLabs : hydrogène décarboné.
  • Jimmy : fournisseur de chaleur industrielle décarbonée.
  • Kayrros : surveille l'ensemble des sites énergétiques et industriels du monde, mesure leur consommation de matières premières et d'énergie et leurs émissions de polluants et GES.
  • Keey Aerogel : développe, fabrique et industrialise des nanomatériaux isolants trois fois plus performants que les alternatives traditionnelles, à base de silice recyclée provenant de déchets de construction et de démolition.
  • Lactips : développe, fabrique et commercialise l'unique polymère industriel sans plastique.
  • Lixo : utilisation de l'intelligence artificielle pour permettre à tous les acteurs de la gestion des déchets (collecteurs, centres de tri, recycleurs, etc.) d'analyser des flux de déchets pour mieux les valoriser, les trier et les gérer.
  • Materrup : ciment local bas carbone, à base d'argile crue des territoires.

Lire aussi 5 mnMaterrup vise Bordeaux Métropole pour sa seconde usine de béton bas carbone (4/5)

  • Metron : propose un système opérationnel de gestion de l'énergie qui permet aux groupes industriels d'optimiser leur efficacité énergétique, la productivité de leurs équipes et la décarbonation de leur activité.
  • Nam.r : produit des données sur les territoires, les bâtiments et l'environnement pour répondre aux enjeux de la transition écologique.
  • Néolithe : transforme des déchets ménagers et industriels non-recyclables en granulats minéraux utilisables dans le BTP.
  • Phoenix Mobility : convertit les flottes de véhicules utilitaires thermiques (essence ou diesel) existantes en véhicules 100% électriques grâce à un kit de conversion standardisé et modulaire.
  • ROSI Solar : solutions pour recycler et revaloriser les matières premières de l'industrie photovoltaïque.
  • Sylfen : permet aux propriétaires de bâtiments de sécuriser leur approvisionnement en énergie à partir d'énergies renouvelables et locales.
  • Tallano : développe une technologie brevetée de réduction à la source par aspiration des émissions de particules fines des systèmes de freinage dans le secteur des transports routiers et ferroviaires.
  • Tryon : développe et commercialise des unités de micro-méthanisation pour la valorisation locale des biodéchets alimentaires.
  • Waga Energy : production de biométhane en valorisant le biogaz des sites de stockage des déchets

Liste de la première promotion : Lhyfe, Lactips, Materr'up, Greenly, Algama, BeFC, Deepki, Dualsun, Entech, Hello Watt, Kayrros, Metron, namR, neoplants, ombrea, Poly To Poly, Spareka, toopi, Urban canopee, Waga Energy.

Sylvain Rolland

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.