La France veut créer des champions technologiques de la transition écologique

Vingt jeunes pousses tricolores viennent de rejoindre le nouveau programme French Tech Green 20, lancé par le gouvernement et destiné à favoriser l'émergence et l’industrialisation de technologies de pointe au service de l’environnement et du climat.
Juliette Raynal
La start-up marseillaise DualSun, fondée par Laetitia Brottier et Jérôme Mouterde, fait partie des 20 entreprises sélectionnées pour le French Tech Green 20. Elle fabrique des panneaux photovoltaïques capables de produire de l'électricité et de chauffer l'eau.
La start-up marseillaise DualSun, fondée par Laetitia Brottier et Jérôme Mouterde, fait partie des 20 entreprises sélectionnées pour le French Tech Green 20. Elle fabrique des panneaux photovoltaïques capables de produire de l'électricité et de chauffer l'eau. (Crédits : DualSun)

"A technologies constantes, nous ne parviendrons pas à atteindre la neutralité carbone en 2050", rappelait Paul-François Fournier, au Forum Zéro Carbone, organisé par la ville de Paris et La Tribune en décembre dernier à l'occasion du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris. Le directeur exécutif innovation de Bpifrance soulignait alors, l'impérative nécessité de développer un vaste écosystème de start-up greentech pour accélérer la transition écologique.

Lutte contre la pollution de l'air, rénovation et efficacité énergétique, production d'énergies décarbonées ou encore végétalisation des villes... L'appellation greentech désigne toutes ces jeunes sociétés dont les technologies de rupture permettent d'accélérer la transition écologique. Cette classe d'actifs, longtemps boudée par les investisseurs trop frileux, apparaît désormais comme stratégique face à l'urgence de la lutte contre le changement climatique.

Les technos de rupture, indispensables pour le climat

La décennie écoulée montre ainsi une forte accélération des montants investis au capital des sociétés greentech en France. Entre 2010 et 2020, près de 6 milliards d'euros ont été investis, dont plus de 2 milliards d'euros sur les seules années 2018 et 2019, souligne un récent rapport de France Invest.

C'est dans ce contexte de prise de conscience générale que le gouvernement français a donné, début mai, le coup d'envoi d'un nouveau programme, baptisé French Tech Green 20. Objectif : favoriser l'émergence des champions de la transition écologique, en accompagnant 20 start-up greentech en capacité de devenir des leaders technologiques.

Comme les start-up membres du Next 40 et du classement French Tech 120, les 20 jeunes pousses sélectionnées vont bénéficier d'un accès facilité à plus de 60 services publics grâce à un correspondant dédié à chacun, mais aussi d'une plus grande visibilité, grâce au soutien de l'Etat. Les vingt sociétés lauréates*, sur près de 200  candidates, ont été sélectionnées selon leur impact environnemental ainsi que sur leur capacité à se développer rapidement à grande échelle. 90% des start-up lauréates participent ainsi à la réduction des gaz à effets de serre, 70% contribuent à la réduction des déchets et 60% ont un impact positif sur la qualité de l'air.

20 pépites issues de tous les territoires

"La moitié d'entre elles est localisée en dehors de l'Ile-de-France ce qui illustre l'ampleur de la dynamique greentech sur tout le territoire", souligne le gouvernement.

Parmi elles, la société marseillaise DualSun, dont les panneaux photovoltaïques sont capables de fournir de l'électricité et de chauffer l'eau, le nantais Lhyfe, spécialisé dans la production d'hydrogène vert, ou encore Lactips qui fabrique du plastique à partir de protéines de lait à Saint-Etienne, et le breton Entech smart energies, spécialisé dans le stockage d'énergies renouvelables.

"Avec plus de 230 projets réalisés en cinq ans, une technologie et un modèle économique validés, Entech ambitionne de passer aujourd'hui à nouvelle phase de développement qui va nécessiter l'intégration de nouvelles compétences, des financements et une visibilité accrue. Nous entrons donc dans le programme Green20 au bon moment pour soutenir l'accélération de notre développement", se réjouit Christopher Franquet, PDG et cofondateur d'Entech, qui emploie aujourd'hui 60 salariés.

Algama qui propose d'introduire des micro-algues dans notre alimentation, fait partie des lauréats franciliens, tout comme le conseiller en énergie Hello Watt, qui prévoit de créer 150 nouveaux postes dans les mois à venir. Même hypercroissance pour la start-up parisienne Metron, qui prévoit de compter 200 collaborateurs à la fin de l'année et vise une entrée en Bourse en 2024. Sa technologie qui permet de collecter et d'analyser les données des usines pour réduire leur consommation énergétique a déjà séduit plus de 100 industriels à travers le monde.

La French Tech veut passer au vert

Le French Tech Green 20 s'inscrit dans le cadre plus large de l'initiative French Tech For The Planet, lancée en décembre dernier et dont le but est de faire de la transition écologique un axe essentiel de l'action de la French Tech.

Mais cette vague verte dans l'écosystème tech tricolore n'est pas qu'à l'initiative du gouvernement. Plus récemment, une centaine d'entreprises en hypercroissance se sont engagées pour le climat. Dans une tribune exclusive publiée sur notre site, les signataires se sont engagés à réaliser un bilan carbone complet avant la fin de l'année et à agir concrètement pour limiter les émissions identifiées. Ils souhaitent que ces mesures deviennent des critères obligatoires pour toutes les entreprises du Next40 et du French Tech 120.

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* Liste complète des 20 lauréats du French Tech Green 20 :  Lhyfe, Lactips, Materr'up, Greenly, Algama, BeFC, Deepki, Dualsun, Entech, Hello Watt, Kayrros, Metron, namR, neoplants, ombrea, Poly To Poly, Spareka, toopi, Urban canopee, Waga Energy.

Juliette Raynal

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Commentaires 11
à écrit le 16/05/2021 à 14:53
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Bonjour, juste 2 mots pour parler d'une start-up à démarrer dans l'Énergie électrique vraiment zéro carbone et un marché immense : "L'ÉNERGIE AU FIL DE L'EAU" : on fait flotter un moulin à eau dans un cours d'eau, une barge, retenue en amont soit par...

à écrit le 16/05/2021 à 12:57
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mais aussi incapables de construire des eoliennes, des panneaux solaire ,des poste de television de produire un vaccin et ceci en grande partie a cause de produits interdit en france et aussi une taxation record pour engraisser les Politien

à écrit le 16/05/2021 à 9:37
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la france veut avoir des champions de la transitions dans l'auxerrois, et des champions de l'eolien a gueret........ ca rappelle un peu les concours d'agriculteurs, en local, ou chacun vient montrer son taureau et ses vaches la france n'aura aucun ...

à écrit le 15/05/2021 à 13:05
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La France a tous intérêts à créer des champions technologiques de la transition, en jouant à l'attaque et non en défense ! Chaque grand changement technologiques remet les compteurs à zéro pour les nations qui s'en donnent les moyens. Les majors pét...

le 16/05/2021 à 0:27
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je vais pas te faire du mal, mais question techno, il a fallut interdire la chine jusqu'a 2019 sur ces sujets pour éviter qu'ils inondent ! du coup le mythe de verser de l'oseille en mode tonneaux des bidules , vaut mieux s'abstenir, puisque si l'on ...

à écrit le 14/05/2021 à 19:19
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Faire des champions pour qu'ils aillent faire leurs business ailleurs, c'est profiter de l'argent public pour faire fortune!

le 15/05/2021 à 9:46
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Normalement l'état n'a pas a financer ! surtout du fait d'avoir moi même participé a l'une des rares start up qui a fonctionné, et ou effectivement la plupart par la suite délocalisent. Mais surtout, le développement en mode stato économique, sont...

à écrit le 14/05/2021 à 19:13
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La prise de conscience est tardive. Probable trop. Après vingt années d'efforts appliqués - et couronnés de succès: PIB issu de l'industrie passé de 24% à 12% entre 2000 et 2020 - pour détruire l'essentiel du tissu industriel français - sur-réglement...

le 16/05/2021 à 0:18
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je suis aussi sur l'analyse, j'ai pu voir comment une poignée de potos gérait le développement dans les nouvelles technologies, force est de constaté que pour pouvoir le faire, encore faut t'il ne pas s'être desindustrialisé ! sur les jobs d'aven...

à écrit le 14/05/2021 à 18:15
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Chauffer l'eau avec le soleil c'est de la vieille technologie, la vraie question serait plutôt d'imposer ces dispositifs pour chaque nouvelle construction.

à écrit le 14/05/2021 à 17:45
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Les panneaux photovoltaïques perdent en rendement quand leur température s'élève, récupérer les calories ne peut que leur être agréable. Un ancien collègue travaillait sur la clim autonome, un panneau photovoltaïque pour faire le courant (il en faut...

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