Le Next40 et le French Tech 120 renouvelés d'un quart en 2021

La nouvelle promotion du Next40 et du French Tech 120, qui offrent un accompagnement sur-mesure aux startups les plus performantes et les plus prometteuses de la French Tech pour les aider dans leur hyper-croissance, consacre 33 nouvelles pépites et fait une place plus grande aux territoires. Décryptage.
Sylvain Rolland
Le secrétaire d'Etat à la Transition Numérique, Cédric O, lors de l'annonce de la nouvelle promotion du Next40 et du French Tech 120.
Le secrétaire d'Etat à la Transition Numérique, Cédric O, lors de l'annonce de la nouvelle promotion du Next40 et du French Tech 120. (Crédits : DR)

Les champions 2021 de la tech française sont connus. Après plusieurs reports dus à la crise du Covid-19, le secrétaire d'Etat à la Transition numérique, Cédric O, a annoncé lundi 8 février le nom des startups qui composent la nouvelle promotion du Next40, qui regroupe les entreprises les plus performantes et prometteuses de la French Tech, ainsi que les 80 qui complètent cette liste pour former le French Tech 120.

Inspirés du CAC40 et du SBF120 -sans en avoir, de très loin, les performances économiques-, ce classement est en fait un tremplin qui permet aux pépites sélectionnées de bénéficier, pendant un an reconductible, d'un accompagnement sur-mesure pour les aider à devenir des vrais champions de l'économie. L'objectif : faciliter leur hyper-croissance en leur ouvrant grand les portes de l'appareil d'Etat via 60 conseillers chargés de répondre à leurs besoins auprès des administrations -Ursaff, impôts-, des organismes comme l'INPI -pour la propriété intellectuelle- et des institutions comme Bpifrance, Business France ou encore Euronext pour leur financement et leur internationalisation.

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12 nouveaux entrants dans le Next40 dont 9 issus du French Tech 120 et trois nouvelles pépites

Dans le détail, le French Tech 120 accueille 33 nouvelles entreprises, et trois d'entre elles intègrent directement le Next40. Il s'agit de la space tech toulousaine Kineis, qui a réussi une méga-levée de fonds de 100 millions d'euros en début d'année 2020, et des parisiens Skeepers (nouveau nom de Avis Vérifiés), et du réseau social Yubo, qui ambitionne d'être le premier français à percer dans l'univers bouché des réseaux sociaux.

Neuf entreprises du French Tech 120 2020 sont promues dans le Next40 2021, dont la pépite parisienne de la cybersécurité CybelAngel, le spécialiste lillois de la robotique Exotec, le service de VTC Heetch, le grenoblois Lumapps qui a aidé le gouvernement à développer l'application Tous Anti-Covid, le médias en ligne Brut et les pépites de l'adtech AbTasty et Akeneo.

La plateforme HomeExchange, spécialisée dans l'échange de logements de courte durée, est la seule entreprise du Next40 2020 à quitter non seulement le Next40 mais aussi le French Tech 120 en 2021. D'autres ont simplement été rétrogradées du Next40 au French Tech 120, mais peuvent y revenir dans le futur. Ces recalés de l'élite sont Blade (les PC dématérialisés Shadow), les enceintes de Devialet, la proptech FinalCad, la medtech HR Path, la fintech Ledger, le spécialiste du recrutement Talentsoft, le spécialiste de la cybersécurité VadeSecure et les sites de vente en ligne Vestiaire Collective et Recommerce.

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L'industrie à l'honneur mais pas la mixité F/H ni la diversité

Au niveau des secteurs, le Next40 et le French Tech 120 font la part belle à l'industrie, qui représente 27% des startups sélectionnées, à la santé (23%) et aux fintech (15%). Les startups du logiciel, de la data et de l'intelligence artificielle représentent quant à elles 20% des pépites sélectionnées, tandis que les cleantech pèsent 12% et les startups spécialisées dans les ressources humaines 11%.

En revanche, le classement représente bien les inégalités du secteur de la tech. Seules 7 startups sur 120 sont dirigées ou cofondées par des femmes, soit un ratio déplorable de 5,8%. C'est encore pire que celui de l'écosystème tech dans son ensemble : depuis 2008, 15% des startups ont été fondées par soit uniquement des femmes (5%), soit une équipe mixte (10%), d'après un baromètre de KPMG pour l'association Sista, publié fin 2019. Ainsi, si les équipes de ces startups sont composées à 42% de femmes pour 58% d'hommes, celles des conseils d'administration sont très inégalitaires, avec seulement 28% de femmes pour 72% d'hommes.

D'où le lancement d'une initiative intitulée le "Board Impact", dont le but est d'avancer sur les sujets de mixité femmes/hommes et de diversité sociale et culturelle dans les startups. Partant du principe que les 120 entreprises sélectionnées doivent être exemplaires en la matière mais sont très loin du compte, ce "board", composé de 6 entrepreneurs du French Tech 120 et de trois experts de la société civile (l'association Sista pour la mixité, Tech Your Place pour la diversité sociale et culturelle, le fonds d'investissement à impact Future Positive Capital pour l'impact environnemental) devra formuler des propositions concrètes à Cédric O, afin de fournir aux startups une feuille de route afin d'améliorer -de manière facultative- leurs pratiques.

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Ces 120 entreprises tirent l'essentiel de la performance économique des startups en France

Les 120 pépites sélectionnées cumulent un chiffre d'affaires de 8,85 milliards d'euros en 2019, soit une progression de 55% par rapport à la promotion précédente, ce qui souligne la bonne santé des startups de la French Tech, tout en révélant l'ampleur du fossé qui sépare les plus performantes d'entre elles avec le CAC40 et le SBF120, les deux indices dont s'inspirent le Next40 et le French Tech 120, qui se conçoivent comme le futur de l'économie française.

Or, si la France compte environ 10.000 startups, leur impact sur l'économie globale reste, pour l'heure, marginal. L'analyse des critères retenus pour intégrer le Next40 révèle d'ailleurs à quel point les startups sont des nains de l'économie : il suffit d'un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros, qui correspond donc à celui d'une petite PME, pour être éligible au dispositif -en complément d'autres critères notamment 30% de croissance et/ou une levée de fonds supérieure à 20 millions d'euros sur les trois dernières années.

Les chiffres du French Tech 120 montrent également que la performance économique des startups est tirée par les plus grosses. Ainsi, 21.500 nouveaux emplois ont été créés en 2019 -derniers chiffres disponibles- dans le numérique, et 25.000 étaient prévus en 2020 avant la crise du Covid-19. Or, les 120 startups du French Tech 120 ont créé à elles seules 10.000 emplois en 2020, soit la moitié des créations nettes de 2019 et 40% des créations prévues en 2020 ! Ces pépites emploient actuellement 37.500 personnes, "essentiellement en France" d'après le cabinet de Cédric O, et projettent de créer 10.000 nouveaux emplois en 2021.

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Les startups sélectionnées sont aussi les plus performantes de la French Tech sur le critère des levées des fonds. En 2020, ces 120 entreprises ont levé près de 3 milliards d'euros sur les 5 milliards levés pour l'ensemble de la French Tech. "La liste du French Tech 120 confirme la tendance qu'on est plus sur le bouillonnement de petits acteurs, mais qu'on peut construire des leaders technologiques de grande taille en France", veut croire le secrétaire d'Etat au Numérique.

70% de la promo 2021 vient d'Ile-de-France

Si la promo 2021 est plus performante sur le plan économique, elle est aussi un petit peu plus diverse sur le plan géographique. Si 36 startups sur 120, soit à peine 30% des sélectionnés, ont leur siège social en dehors de l'Ile-de-France, ce qui est exactement le même taux qu'en 2020, le Next40 est un peu moins parisien que l'an dernier, avec sept régions représentées contre 4, pour 8 startups sur 40 hors de la région parisienne. Dans le détail, il s'agit de OVH et VadeSecure (Hauts-de-France).

Cette diversité est toutefois à relativiser car le French Tech 120 s'impose l'obligation de sélectionner 2 startups par région, donc une dizaine des 36 startups hors Ile-de-France ont été mécaniquement sélectionnées et ne l'auraient pas forcément été si elles avaient été parisiennes.

La progression des Régions au sein du Next40 signifie tout de même que le le fossé entre les startups parisiennes et celles des autres régions françaises tend -doucement- à se combler. Des startups d'envergure internationale, à l'image de l'hébergeur cloud OVH (Roubaix), du spécialiste des outils collaboratifs Klaxoon (Rennes), d'Aledia (Grenoble) qui invente les écrans de demain, ou de Ynsect (Amiens) spécialisée dans l'alimentation animale à base d'insectes, ont intégré le Next40 tout en étant fortement ancrées sur leur territoire. De nombreuses startups industrielles ont ainsi prévu de recruter dans les territoires, notamment Ynsect et Aledia, mais aussi Microphyt, Innovafeed ou encore Afyren.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 08/02/2021 à 18:31
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Désolé hein mais vu que les politiciens ne sont plus qu'apparence c'était quand même plus sympa avec Axelle Lemaire on ne comprenaitt pas toujours tout ce qu'elle disait mais elle était toujours motivée ! Ils pourraient au moins nous mettre Kat Borlo...

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