Internet des objets : les opérateurs télécoms en ordre dispersé

A côté d’Orange et Bouygues Telecom, qui ont fait de cette révolution annoncée une vraie priorité, Numericable-SFR et Free apparaissent, pour l’heure, en retrait.
Pierre Manière
Orange ambitionne de « devenir l’opérateur de référence de l’Internet des objets », dit Stéphane Richard, le PDG du groupe.

Décidément, Orange n'aura pas traîné à emboîter le pas à Bouygues Telecom. Jeudi, le numéro un français des télécoms a annoncé le déploiement d'un nouveau réseau bas débit sans fil. Intégralement dédié à l'Internet des objets (ou IoT, pour Internet of Things), celui-ci repose sur la technologie LoRa (pour Long Range, ou « longue distance »).

Concrètement, ce nouveau réseau d'antennes permettra à moult objets et lieux dotés de capteurs spécifiques (glissés dans des palettes d'approvisionnement, des lampadaires publics, des machines-outils ou même enterrés sous des places de parking) de renvoyer des informations sur leur usage ou leur environnement. Et ce faisant, de déployer tout un éventail de services innovants, liés par exemple aux économies d'énergie, à la détection d'une panne dans une usine, ou encore à l'identification de places de parking disponibles.

Peu coûteuse, la technologie bas débit LoRa repose sur des capteurs très peu énergivores - leur autonomie peut atteindre plusieurs années -, et sur des antennes qui portent sur plusieurs dizaines de kilomètres. Elle est particulièrement adaptée lorsque les informations à transmettre ne pèsent pas lourd, soit quelques octets tout au plus. Après avoir lancé un projet pilote à Grenoble, Orange va déployer ce nouveau réseau dans le courant du premier trimestre 2016. Ainsi, l'opérateur historique montre qu'il ne veut rester en pointe dans l'Internet des objets, présenté par tous les observateurs comme la prochaine grande révolution numérique. Selon un rapport du cabinet Idate, il devrait y avoir, d'ici 2020, quelques 80 milliards d'objets connectés à travers le monde.

Devenir « l'opérateur de référence »

Bien conscient de ces enjeux, l'ambition d'Orange est on ne peut plus claire : le groupe veut « devenir l'opérateur de référence de l'Internet des objets », insiste Stéphane Richard, le PDG d'Orange, dans un communiqué. Au-delà de la simple connectivité, l'opérateur espère surtout tirer profit de la distribution de ces objets, et de la commercialisation de services à valeur ajoutée « dans les domaines de la santé, du bien-être, de la maison connectée ou encore des smart cities », précise son chef de file. A ce petit jeu, Orange Business Services, le bras armé d'Orange pour les services aux entreprises, n'est d'ailleurs pas en reste. En témoigne ses nombreux projets à destination des agriculteurs ou des industriels.

L'offensive de l'opérateur historique se situe dans le sillage de son concurrent Bouygues Telecom. La filiale du géant du BTP a clairement fait de l'IoT un de ses principaux vecteurs de croissance pour les années à venir. Bouygues Telecom a également choisi la technologie LoRa pour déployer son propre réseau bas débit. Celui-ci sera opérationnel dans 500 villes de l'Hexagone d'ici la fin de l'année. Destiné principalement à des clients industriels, celui-ci vise à séduire des grands groupes comme Primagaz ou Veolia, d'après une source interne. « En mettant des puces dans les bouteilles de gaz, on pourra par exemple savoir lorsqu'elles sont presque vide, tout sachant précisément où elles se trouvent », poursuit cette même source. En choisissant LoRa, Orange et Bouygues Telecom font au passage un pied-de-nez à son concurrent toulousain Sigfox - qui déploie des réseaux similaire sur le Vieux Continent et aux Etats-Unis - dans un contexte concurrentiel fort sur le créneau du bas débit.

Free à la traîne

Reste que dans l'Hexagone, les autres cadors des télécoms apparaissent en retrait. Du moins pour le moment. Certes, l'Internet des objets n'est pas absent du catalogue de Numericable-SFR. Via sa marque SFR Business, le groupe propose des solutions « Machine to Machine » (ou « M2M ») aux professionnels, notamment dans les domaines de la maison intelligente ou des transports. Mais l'opérateur mise davantage sur d'autres services à valeur ajoutée (comme la vidéo à la demande) pour doper sa rentabilité.

Enfin, chez Free, l'absence d'une stratégie audacieuse dédiée à l'IoT peut surprendre. Il faut dire que Xavier Niel, (patron d'Iliad, la maison-mère de l'opérateur low cost) connaît le secteur mieux que personne, après avoir mis des billes dans beaucoup de startups spécialisées. Mais jusqu'à présent, il l'a fait sur ses deniers propres, sans y mêler Free. Parmi ses plus jolis coups, Xavier Niel avait misé sur Nest, le spécialiste des thermostats connectés, avant que la société ne tombe l'an dernier dans l'escarcelle de Google pour 3,2 milliards de dollars. Alors Xavier Niel va-t-il bientôt doter l'opérateur d'une vraie stratégie IoT ? Possible. Lors d'une conférence à Bordeaux la semaine dernière, il a souligné que « le rôle de l'opérateur sera de faire en sorte que le réseau soit 'intelligent' pour permettre les usages connectés ». Affaire à suivre, donc.

Pierre Manière

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Commentaires 5
à écrit le 23/09/2015 à 17:17
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Et d'un point de vue sécurité on est toujours sous silence, il serait bon que la tribune s'inspire de the hacker news, créer une rubrique du hack, histoire de faire prendre conscience au gens des risques qu'ils prennent...

à écrit le 23/09/2015 à 14:18
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C'est assez dramatique, Richard n'a aucune vision. Il agit comme la caisse de résonance d'un passé proche, s'engageant dans de vieilles lunes sans avenir alors qu'il lui est demandé surtout de raisonner, au niveau mondial. Les opérateurs vont voir le...

à écrit le 23/09/2015 à 8:41
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Le deploiement de ses reseaux bas debit a pour objectif à terme de couper le gsm, 2g et 3g et ainsi recuperer toutes les licenses pour la 4g (VoLTE) et les objets connectés Lora. C'est plutot malin. Consequence: mort annoncée du "minitel" des iot app...

à écrit le 23/09/2015 à 8:34
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boh, on en connait un qui ne va rien faire, va laisser les autres faire les investissements, puis exiger d'avoir acces ' en cout variable' a ces technologies ( et obtenir gain de cause) , puis claironner le fort niveau de ses marges et ses prix minus...

le 25/09/2015 à 16:20
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C'est vrai que c'est scandaleux qu'ils n'ont pas installé autant d'antennes en 3 ans que les autres en 20. OK aujourd'hui ils en installent plus que les 3 autres réunies, mais bon, ils ne font tien du tout.

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