Avec Study, Facebook est prêt à vous payer pour exploiter vos données

Facebook veut étudier le comportement des utilisateurs de smartphones pour "améliorer ses produits". C'est pourquoi le réseau social propose de payer des volontaires pour lui permettre de connaître leurs usages d'applications mobiles.
Anaïs Cherif
(Crédits : Dado Ruvic)

Pour capter de précieuses données, Facebook est même prêt à payer. Le plus grand réseau social du monde, avec plus de 2,3 milliards d'utilisateurs, a dévoilé une nouvelle application, baptisée "Study from Facebook". Le principe : payer des volontaires pour récolter leurs données d'utilisation de leur smartphone afin "d'améliorer les produits du groupe Facebook".

Concrètement, il suffit de s'inscrire au programme, de télécharger l'application Study en autorisant toutes les demandes d'envoi de données à Facebook, et d'utiliser son smartphone comme à son habitude. Study va ensuite collecter des informations sur la façon dont les participants utilisent leur smartphone : nombre d'applications installées, temps passé sur les applications, géolocalisation, type de réseau et de smartphone utilisé...

Le fleuron de la Silicon Valley dit garantir ne pas "collecter les identités des participants, les mots de passe, les contenus partagés - ce qui inclut les messages, les photos ou les vidéos", explique le réseau social dans une note de blog. Facebook s'engage aussi à "ne pas vendre les données issues de cette application à des parties tierces ou les utiliser pour réaliser du ciblage publicitaire".

Lire aussi : Être propriétaire de ses données personnelles, une dangereuse illusion

Une application similaire avait déjà fait flop

Les utilisateurs seront incités à participer au programme via des publicités. Pour l'instant, Study est uniquement disponible aux États-Unis et en Inde. Facebook assure que les participants pourront se retirer du programme à tout moment en désinstallant l'application. Il n'a pas communiqué sur le montant de la compensation pour les utilisateurs.

Pour connaître les secrets des utilisateurs, le groupe américain n'en est pas à son premier coup d'essai. Entre 2016 et 2018, il avait discrètement lancé le programme "Facebook Research", qui avait fait polémique pour son manque de transparence. Il payait les utilisateurs entre 13 à 35 ans jusqu'à 20 dollars par mois en carte cadeaux pour les inciter à installer une application similaire. Celle-ci récoltait les mêmes informations que Study, mais aussi les requêtes des moteurs de recherches, les messages privés et les contenus partagés. Facebook allait même jusqu'à demander aux utilisateurs de faire des captures d'écran de leur historique de commandes sur Amazon, selon TechCrunch. À la suite de ces révélations dans la presse américaine en janvier, le groupe avait dit mettre fin à ces pratiques.

Facebook disait vouloir pivoter vers la privacy

Avec ce nouveau programme, Facebook dit vouloir se montrer plus transparent. L'âge limite pour y participer a notamment été revu à la hausse, puisque seules les personnes ayant plus de 18 ans pourront participer.

Mais le lancement d'une application de tracking, présentée à des "fins de recherches", n'en reste pas moins étonnant. Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur de Facebook, a annoncé un pivot stratégique vers la "privacy" en mars dernier. Alors que le groupe a été impliqué dans de nombreux scandales de données courant 2018, Facebook dit désormais vouloir améliorer la protection des données personnelles des utilisateurs. Dans un long plan d'actions en six volets, le jeune milliardaire disait vouloir reconstruire "dans les années à venir" les applications du groupe pour garantir la confidentialité des données et des échanges aux utilisateurs.

Or, avec Study, qui succède à un programme controversé, Facebook cherche à récolter encore davantage de données. Autre paradoxe : le groupe s'engage à ne pas récolter les identités des participants... car il peut lier Study au compte Facebook présent sur le téléphone, comme le montre cet extrait :

"Lors de l'analyse des données de l'application Study, nous nous référerons à d'autres informations dont dispose Facebook sur un participant, telles que son âge, son sexe et son utilisation des produits Facebook. Cela nous permet d'en savoir plus sur la manière dont les participants utilisent les différents services", peut-on lire dans une note de blog.

Une approche qui semble peu cohérente avec une stratégie axée sur la privacy.

Lire aussi : Peut-on faire confiance à Facebook pour protéger notre vie privée ?

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2019 à 13:16
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C'est le bon idee vraiment

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