Contenus terroristes en ligne : ce que contient "l’appel de Christchurch"

Pour lutter contre la prolifération des contenus terroristes et extrémistes sur Internet, États et géants du Net décident de faire front commun. Sous l'impulsion du gouvernement néo-zélandais et français, près de 180 chefs d'États et patrons de grands groupes étaient réunis ce mercredi à l'Élysée pour le lancement de "l'appel de Christchurch". Explications.
Anaïs Cherif
Jacinda Ardern, la Première ministre néo-zélandaise, était ce mercredi à Paris pour lancer l'appel de Christchurch, au côté d'Emmanuel Macron.
Jacinda Ardern, la Première ministre néo-zélandaise, était ce mercredi à Paris pour lancer "l'appel de Christchurch", au côté d'Emmanuel Macron. (Crédits : Reuters)

[publié le 15/05 à 18h15, mis à jour le 16/05 à 10h18]

Pourquoi "l'appel de Chirstchurch" a-t-il été lancé ?

Le 15 mars dernier, un terroriste australien a abattu 51 fidèles dans deux mosquées à Christchurch (Sud de la Nouvelle-Zélande). Il a diffusé ses actes en direct sur Facebook pendant 17 minutes. Facebook dit avoir retiré près de 1,5 million de vidéos de l'attaque dans les premières 24 heures. Insuffisant pour empêcher sa propagation virale sur Twitter, YouTube, WhatsApp et Instagram.

Face à la prolifération des contenus terroristes sur ces plateformes, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern, était ce mercredi 15 mai à Paris pour lancer "l'appel de Christchurch", au côté d'Emmanuel Macron. Ils espèrent ainsi mobiliser gouvernements et entreprises.

"Notre objectif est que ne se reproduise jamais la transformation d'internet en machine de propagande folle, un objectif recherché par les terroristes d'extrême droite comme par les terroristes islamistes", a déclaré Emmanuel Macron.

Que contient le texte ?

Le texte regroupe une dizaine de recommandations à l'égard des gouvernements et des entreprises. De leur côté, les gouvernements s'engagent à agir sur le fond en luttant « contre les facteurs de terrorisme, en renforçant la résilience et l'inclusion de nos sociétés ». L'appel propose aussi « d'encourager les médias à appliquer des normes éthiques lorsqu'ils décrivent en ligne des événements terroristes, pour éviter d'augmenter la portée des contenus terroristes et extrémistes violents. »

De leur côté, les plateformes devront se livrer à davantage de transparence, en éditant des rapports « publics et réguliers ». D'un point de vue technique, elles s'engagent à « examiner (...) les algorithmes » pour comprendre comment les utilisateurs se retrouvent orientés vers des contenus terroristes et donc, pouvoir agir en conséquence. De manière générale, elles doivent investir davantage pour pour améliorer les capacités de détection des plateformes, y compris via "les empreintes numériques" et "les technologies d'intelligence artificielle". Les plateformes promettent également de coopérer avec la police et la justice, et élaborer des procédures de réaction rapide.

"L'appel de Chistchurch" est-il contraignant ?

Non. C'est une simple déclaration d'intention. Malgré cela, il n'a pas recueilli la signature des États-Unis - pays qui a vu naître Facebook, YouTube, Twitter et Snapchat, au cœur des polémiques de modération des contenus haineux.

"Bien que les Etats-Unis ne soient pas actuellement dans une position de se joindre à l'adhésion, nous continuons de soutenir les objectifs généraux représentés" par "l'Appel de Christchurch", a indiqué la Maison Blanche, dans un communiqué. "Nous maintenons que le meilleur outil pour lutter contre la rhétorique terroriste est la rhétorique productive et donc nous insistons sur l'importance de promouvoir des discours alternatifs crédibles (...) afin de contrecarrer le message terroriste".

En revanche, Amazon, Facebook, Google et YouTube (Alphabet), Microsoft et Twitter ont signé ce texte et devraient annoncer des mesures. Facebook, le plus grand réseau social au monde avec 2,3 milliards d'utilisateurs, a déjà annoncé le durcissement des conditions d'utilisation des vidéos en direct. Désormais, les utilisateurs ayant déjà enfreint les règles proscrivant les "organisations et individus dangereux" n'auront plus accès à Facebook Live pendant un certain temps, a promis le fleuron de la Silicon Valley.

Au total, 26 pays et entreprises ont répondu à l'Appel de Christchurch pour l'instant, dont : Qwant, DailyMotion, la Fondation Wikimédia, mais aussi la France, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Royaume-Uni, l'Irlande, la Jordanie, la Norvège, le Sénégal, l'Indonésie et la Commission européenne. D'autres pays dont l'Australie, l'Allemagne, le Japon, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Inde et la Suède ont également apporté leur soutien à l'appel.

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 16/05/2019 à 10:08
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"en renforçant la résilience et l'inclusion de nos sociétés " Traduction, en luttant contre la pauvreté et les inégalités donc, il est marrant comme l'oligarchie a du mal à employer ces mots pourtant particulièrement adaptés à la situation. M...

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