Plainte pour concurrence déloyale : pour Apple, Spotify veut le beurre et l'argent du beurre

Spotify a déposé plainte mercredi contre Apple auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante via son magasin d'applications, l'App Store. Le fabricant d'iPhone a nié jeudi toutes les accusations et estimé que "Spotify ne serait pas ce qu'il est devenu aujourd'hui sans l'App Store".
Anaïs Cherif
Apple est visé par une plainte déposée par Spotify, leader mondial du streaming audio, auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante.
Apple est visé par une plainte déposée par Spotify, leader mondial du streaming audio, auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante. (Crédits : Aly Song)

Apple rend coup pour coup. La firme à la pomme croquée est visée par une plainte de Spotify, déposée mercredi auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante. Le leader mondial du streaming audio accuse Apple de tirer parti de l'App Store, son magasin d'applications, pour avantager son propre service Apple Music, au détriment de la concurrence. Actuellement, lorsqu'un utilisateur d'iPhone ou d'iPad souhaite s'abonner à Spotify, il doit télécharger l'application sur l'App Store. Il peut ensuite payer directement via le système de paiement d'Apple, sans avoir à se rendre sur le site de Spotify.

Le géant suédois reproche à la firme californienne de prélever une commission de 30% sur les revenus générés la première année d'abonnement, puis 15% les années suivantes. L'avocat de Spotify, Horacio Gutierrez, a déclaré que le numéro un mondial de la musique en ligne avait été contraint d'utiliser ce système de facturation en 2014, puis obligé d'augmenter le prix de son service premium de 9,99 à 12,99 euros pour ne pas rogner sur ses marges... Alors qu'Apple Music, qui ne se soumet pas à ses propres restrictions, a été lancé à 9,99 euros, rapporte Reuters.

| Lire aussi : Pourquoi Spotify déclare la guerre à Apple en Europe

"Spotify ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans l'App Store"

Dans un communiqué de presse cinglant publié jeudi, Apple nie catégoriquement toutes les accusations :

"Apple connecte Spotify à nos utilisateurs. Nous fournissons la plateforme qui permet aux utilisateurs de télécharger et de mettre à jour leur application. Nous partageons des outils de développement logiciel essentiels pour la création d'applications comme Spotify. Et nous avons construit un système de paiement sécurisé - ce qui n'est pas une mince affaire - permettant aux utilisateurs d'avoir confiance pour les transactions sur l'application. Spotify demande de conserver tous ces avantages tout en conservant 100% des revenus. "

Et de poursuivre : "Spotify ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans l'écosystème de l'App Store, mais il tire maintenant parti de son envergure pour éviter de contribuer à la préservation de cet écosystème pour la prochaine génération d'entrepreneurs en applications."

Apple se défend de toute discrimination

Spotify soulignait également que certaines applications, comme Uber et Deliveroo, ne sont pas soumises à la fameuse redevance de 30%. "Environ 84% des applications de l'App Store ne reversent aucun revenus à Apple lors de leur téléchargement. Ce n'est pas une discrimination, c'est dans le design" du magasin d'applications, explique Apple. Ainsi, sont exclues de cette redevance, l'intégralité des applications gratuites et celles financées par la publicité ou encore les applications qui vendent exclusivement des biens physiques.

Spotify n'est pas la seule entreprise à être vent debout contre l'App Store. En juin dernier, Netflix s'est retiré du paiement de l'App Store dans 33 marchés - dont la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne. Conséquence : les nouveaux clients en Europe, en Amérique latine et en Asie, qui regardent des vidéos depuis des appareils Apple, ne pourront plus s'abonner via l'App Store. Ils seront automatiquement redirigés vers le site de Netflix pour y entrer leurs informations bancaires. Un risque que peuvent uniquement se permettre les grandes entreprises avec une réputation déjà établie.

> Lire aussi : Pour doper ses marges, Netflix veut zapper Apple

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 17/03/2019 à 9:19
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Notre gouvernement qui adore légiférer pour rien devrait se plancher sur ce vrai problème. La valeur est capturée par des plateformes toutes puissantes qui ne paient pas d’impôt Il faut plafonner la commission à 5% (tout comme la commission carte ble...

à écrit le 15/03/2019 à 14:57
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Depuis la mort de Jobs, Apple n'innove plus en technologies. Mais par contre, ils sont parmi les meilleurs pour trouver des moyens de faire du fric. Sur le dos des pigeons. Pardon, des clients...

le 17/03/2019 à 9:58
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Steve avait aussi le sens du pognon ! L’ écosystème Apple est une machine à cash, par contre c’est vrai qu’apple Ne semble plus innover à part en fiscalité !!!

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