Pari raté pour Snap. La maison-mère de Snapchat, messagerie éphémère pour mobile, aurait des "centaines de milliers" d'invendus de ses lunettes connectées, révèle The Information. Baptisées Spectacles, ses lunettes permettent de prendre des photos par un simple clic sur les branches et de les envoyer directement par wifi sur son téléphone pour les partager avec ses amis via l'application. Les invendus seraient des lunettes déjà assemblées, ou sous forme de composants, pouvant éventuellement être réutilisés pour un prochain modèle. Il faut dire que l'entreprise a vendu seulement 150.000 lunettes, estimait le PDG Evan Spiegel lors d'une conférence début octobre, rapporte TechCrunch.
Si Snap a bénéficié d'une large couverture médiatique il y a un an, en septembre 2016, lors de l'officialisation des Spectacles, la messagerie s'est lancée dans une commercialisation hasardeuse. Dans un premier temps, les lunettes étaient vendues uniquement dans des boutiques éphémères, pour faire le "buzz" et s'attirer de longues files d'attentes... Vendues 130 dollars, les Spectacles n'ont ensuite été rendues disponibles sur Internet aux Etats-Unis qu'en février seulement, une fois la demande potentielle essoufflée mais surtout après avoir manqué la période cruciale des fêtes de fin d'année. Ce n'est finalement qu'en juin que les lunettes sont (enfin) arrivées en Europe, notamment en France, pour... 149,90 euros.
C'est un premier échec dans la stratégie de diversification de Snap, qui cherche à trouver de nouveaux relais de croissance à long terme. La messagerie éphémère a beau être populaire (173 millions d'utilisateurs), elle peine à convaincre sur sa capacité à transformer sa fréquentation en revenus, notamment par le biais de la publicité et des données vendues aux annonceurs. Au deuxième trimestre 2017, le réseau social a affiché un bond de 153% de son chiffre d'affaires sur un an à 181,6 millions de dollars mais sa perte nette s'est creusée passant de 115,9 millions à 443 millions de dollars (+261%) sur la même période.
Remaniement et licenciements
La société d'Evan Spiegel a confié la recherche et la commercialisation de nouveaux produits à son "Snap Lab", qui emploie environ 150 personnes. Après les lunettes connectées, le service travaillerait sur un projet de drone équipé de caméras embarquées depuis mars.
"Notre vision : le "hardware" va être un relais important pour fournir notre expérience client dans une décennie sûrement", estimait Evan Spiegel début octobre lors d'une conférence.
En attendant, Snap a fait le choix de réduire ses effectifs. En septembre, la société a remanié le Snap Lab : elle a remplacé son responsable et a licencié une douzaine de salariés - principalement affecté au marketing, dévoilait Bloomberg. Et le Snap Lab n'est pas le seul service touché. En octobre, 18 salariés des ressources humaines ont également été virés, ajoute Business Insider. Le ton est déjà donné pour 2018 : moins de recrutements, a assuré Evan Spiegel dans un mail adressé le mois dernier aux employés de son entreprise. Le PDG s'en remet aux chefs de service pour "prendre des décisions difficiles" pour leurs équipes.
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