Luc Besson prend son temps pour trouver de l'argent

Europa Corp, le studio du réalisateur de "Grand Bleu", veut lever 15 à 20 millions d'euros, et a mandaté pour cela la banque Rothschild. Mais le processus, lancé il y a six mois, avance lentement. Luc Besson aurait pris des contacts avec le Qatar, ce que la société dément officiellement.
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Le 30 novembre dernier, Europa Corp annonçait vouloir « renforcer ses fonds propres ». Six mois après, cette levée de fonds avance apparemment lentement. "Le processus n'en est qu'à son début. Il n'y a rien d'imminent", indique un proche du studio de Luc Besson. En pratique, Europa Corp cherche 15 à 20 millions d'euros. Pour trouver cet argent, le studio a mandaté Rothschild, sa banque habituelle. L'avocat d'affaires Patrice Gassenbach, rentré en mars au conseil d'administration, s'activerait aussi en ce sens.

Quant aux investisseurs potentiels, difficile d'y voir clair. Il y a un ou deux ans, Europa Corp avait approché en ce sens Bolloré et même Lagardère, mais en vain. Des approches toujours officiellement démenties par la société. Plus récemment, le studio aurait, selon des sources concordantes, approché des fonds qataris. Mais là encore, la porte-parole dément: "il n'y a pas de discussions avec le Qatar".

Rendez-vous à Doha
Précisément, Luc Besson lui-même aurait rencontré en octobre à Doha le cheik Al Hussein Ben Ali Ben Ahmed Al-Thani, le gendre du premier ministre, et surtout patron du fonds Q.media, bras armé de l'émirat pour les investissements dans les médias. Q.media a déjà investi dans les salles de cinéma ou l?affichage, via une filiale commune avec JC Decaux. Précisément, Q.media est une filiale du du fonds Qatari Diar Real Estate Investment Co, lui-même détenu par le fonds souverain Qatar Investment Authority, et disposerait d?une première enveloppe d?investissement de 500 millions de dollars. A noter toutefois que c'est Qatar Holding (autre filiale de QIA) et non Q.media qui a repris, au sein d'un consortium, le producteur américain Miramax fin 2010. Interrogée, la porte-parole d'Europa Corp assure : "Luc Besson était bien à Doha en octobre pour le festival du film, a vu naturellement beaucoup de personnalités , mais n'a parlé avec aucune d'elles et à aucun moment de l'augmentation de capital d'EuropaCorp".

Remplir la cité du cinéma de Saint Denis
Mais, selon d'autres sources, la levée de fonds était bien au menu des discussions avec Q.media. « Les Qataris sont favorablement impressionnés par la réputation dont dispose Luc Besson aux Etats-Unis », ajoute l'une d'elles. Mais les discussions se seraient enlisées, car les Qataris seraient gênés par la cotation en bourse d?Europa Corp. En outre, Luc Besson aurait demandé aux Qataris de l?aider à remplir les bureaux de la Cité du cinéma de Saint Denis.

En effet, comme l?a révélé « Capital » début mai, Luc Besson a garanti sur ses deniers personnels l?occupation de 85% des bureaux de la Cité durant les deux premières années, ce qui représente un engagement de 14 millions d?euros sur deux ans. Le problème est que les locataires ne se bousculent pas : hormis Europa Corp, les seuls connus sont modestes : la future chaîne TVous de Pascal Houzelot et la société de production de Jamel Debbouze.

De l'argent pour quoi faire?

En pratique, les fonds recherchés par EuropaCorp serviraient à racheter des sociétés de production télévisée et à exploiter de salles de cinéma. En effet, Luc Besson souhaite se diversifier dans les multiplexes. Deux projets ont déjà été annoncés à Marseille (5 à 8 millions d?euros d?investissements) et à Roissy (9 à 12 millions). L?objectif serait d?opérer 8 multiplexes au total.

En revanche, une sortie de la bourse paraît très improbable à court terme. En effet, la société aurait étudié le sujet l?an dernier, et aurait conclu que cela était impossible sans un accord avec Pierre-Ange Le Pogam, qui détenait 8% du capital du studio. Or l?an dernier, Luc Besson s?est définitivement fâché avec son ancien droit, qui a quitté la société. Certes, Pierre-Ange Le Pogam a confié ses actions à un fonds, Equitis Gestion, mais apparemment ce fonds détient toujours ces 8%, aucun franchissement de seuil n?ayant été déclaré. C?est d?ailleurs assez logique vu la faiblesse du cours de bourse.

Jolie plus-value immobilière

Si la levée de fonds d?Europa Corp s?avère laborieuse, le réalisateur est en revanche enfin parvenu à céder  son hôtel particulier de la rue du Faubourg Saint Honoré à Paris, mis en vente il y a un an. Mi-mai, « Immoweek » a annoncé que cet hôtel avait été acheté pour 56 millions d?euros par Pramerica Real Estate Investors, branche immobilière de l?américain Prudential. Cette opération permettra au réalisateur d?alléger sa lourde dette personnelle (26 millions d?euros à fin mars 2010). Elle lui permet aussi de réaliser une belle plus-value par rapport à la valeur de l?immeuble dans ses comptes (37,7 millions d?euros). Le réalisateur avait déjà nanti l?immeuble pour 36 millions d?euros auprès de Fortis et Neuflize OBC. Toutefois, il rêvait d?un prix de vente encore plus élevé, exigeant au départ  90 millions d?euros. A noter que les Qataris ?toujours eux- auraient aussi regardé le dossier?

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Commentaire 1
à écrit le 11/06/2012 à 15:19
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Je me demande toujours où les cinéastes trouvent le fric ... c'est vraiment de l'investissement à risque .... et pourtant tout le monde regarde la TV, le cinéma !

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