Arnaud Lagardère renvoie Amber Capital dans les cordes

Grâce à ses nouveaux soutiens, Arnaud Lagardère a remporté la bataille qui l’opposait à son premier actionnaire, le fonds activiste Amber Capital. En assemblée générale ce mardi, toutes les résolutions de ce dernier, qui voulait prendre le pouvoir au conseil de surveillance, ont été rejetées.
Pierre Manière
« Je vous remercie, chers actionnaires, d’avoir voté sans appel en faveur de la gérance, de la stratégie du groupe, de ses perspectives, et en faveur du conseil de surveillance », a affirmé Arnaud Lagardère, au terme de l'AG.
« Je vous remercie, chers actionnaires, d’avoir voté sans appel en faveur de la gérance, de la stratégie du groupe, de ses perspectives, et en faveur du conseil de surveillance », a affirmé Arnaud Lagardère, au terme de l'AG. (Crédits : Reuters)

Il peut souffler. Pour le moment du moins. Arnaud Lagardère a remporté le bras de fer qui l'opposait, depuis des mois, au fonds activiste britannique Amber Capital. Premier actionnaire de Lagardère à hauteur de 18%, ce dernier a mené une campagne intense pour dénoncer la gérance de l'héritier du groupe. Pour l'évincer, Amber souhaitait d'abord prendre le pouvoir, ce mardi matin en assemblée générale, au conseil de surveillance. Son objectif ? Révoquer la majorité des membres du conseil, qui représente les intérêts des actionnaires, et les remplacer par des candidats maisons. Mais au terme de l'AG, toutes ses résolutions ont été retoquées.

Arnaud Lagardère n'a pas boudé son plaisir. En conclusion de l'AG, il bombait le torse. « Je vous remercie, chers actionnaires, d'avoir voté sans appel en faveur de la gérance, de la stratégie du groupe, de ses perspectives, et en faveur du conseil de surveillance », a-t-il lâché. Sa victoire n'est pas, toutefois, aussi nette qu'il l'assure. Ainsi, la résolution d'Amber visant à évincer Patrick Valroff, l'actuel président du conseil de surveillance, a tout de même récolté près de 43% de votes « pour ». Le fonds activiste souhaitait le remplacer par Patrick Sayer, l'ex-dirigeant d'Eurazeo. La résolution concernant la nomination de ce dernier au conseil a aussi été rejetée. Mais elle a également fédéré près de 43% de votes « pour ». Ce n'est pas rien. Cela témoigne d'une opposition d'une grande partie des actionnaires à la ligne d'Arnaud Lagardère.

De précieux soutiens

Celui-ci peut surtout remercier les personnalités qu'il a appelé à l'aide pour éviter un camouflet. Face à la menace d'Amber, Arnaud Lagardère a rallié deux proches : Nicolas Sarkozy et Guillaume Pepy, tous deux cooptés et validés au conseil. L'ancien président de la République et l'ex-patron de la SNCF étaient présentés comme un moyen, pour Arnaud Lagardère, de préserver les faveurs du fonds souverain Qatar Investment Authority, deuxième actionnaire du groupe avec 13% des parts. En parallèle, Arnaud Lagardère a visiblement bénéficié des votes de nouveaux arrivants au capital de l'entreprise. A savoir le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, qui aurait récemment pris 3,5% des parts, et surtout Vincent Bolloré, qui en a englouti 10,6% via Vivendi.

Arnaud Lagardère est-il, alors, tiré d'affaire ? Pas sûr. Certes, la fronde d'Amber a échoué. Etant donné que le fonds activiste n'a pas réussi à entrer et à mettre la main sur le conseil, ce dernier ne devrait pas s'opposer, l'an prochain, au renouvellement du mandat de gérant d'Arnaud Lagardère. Or cette étape était jugée cruciale aux yeux d'Amber. Avec cette manœuvre, il souhaitait, in fine, pousser Arnaud Lagardère à abandonner le régime particulier de la commandite, qui lui permet de contrôler le groupe avec seulement un peu plus de 7% du capital.

Arnaud Lagardère désormais fragilisé

Mais Arnaud Lagardère est maintenant fragilisé. Outre le fait qu'il ne fait pas l'unanimité auprès des actionnaires, certains de ses nouveaux alliés, qui lui ont permis de l'emporter, pourraient, à terme, lui causer bien des tourments. L'arrivée de Vincent Bolloré, en particulier, interroge. Vivendi a indiqué à l'AMF qu'il pourrait encore grimper au capital du groupe, sans, toutefois, en prendre le contrôle. Mais que fera-t-il demain ? Envisage-t-il, plus tard, de prendre le pouvoir ? Est-il intéressé par certains actifs de Lagardère, comme des médias ou sa pépite Hachette, laquelle lui permettrait de grandir dans l'édition ? Difficile, aujourd'hui, d'y voir clair sur les intentions de Vincent Bolloré. Reste qu'Arnaud Lagardère doit désormais composer avec ce redoutable homme d'affaires.

Rien ne dit que les critiques formulées par Amber ne se retrouveront pas, demain, dans la bouche de ses amis d'aujourd'hui. Au début de l'AG, Arnaud Lagardère s'est livré à un plaidoyer pour le développement du groupe. A ses yeux, Lagardère doit « aller de l'avant »« grandir » et « chercher d'autres territoires, d'autres horizons »« C'est cela qui m'importe le plus, c'est cela qui m'anime », a-t-il lancé, souhaitant tout faire pour que les grands métiers du groupe, le « Publishing » et le « Travel Retail », deviennent « leaders mondiaux »« Quand il y a une volonté, il y a un chemin », a-t-il dit en citant son père, « Jean-Luc ». Un chemin qui semble, plus que jamais, semé d'embûches.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 07/05/2020 à 5:10
Signaler
Au pays de Ronsart, etre riche et nanti n'est pas un sesame. La jalousie du francais moyen est sans aucune mesure. Ailleurs ou reussir rime avec admiration, courage et tenacite. Lagardere est certes un" fils de", personne n'a rien a y redire.

à écrit le 05/05/2020 à 18:18
Signaler
Pas si nul que certains nous le décrivent, Arnaud Lagardère ! Malgré une campagne de com délétère contre lui, il a réussi à protéger son groupe de média face à un fond anglais dont on ne connait ni les investisseurs, ni les intentions, ni s'il ne re...

à écrit le 05/05/2020 à 18:04
Signaler
Bien joué Nono !!! Tu peux dilapider ta fortune comme tu veux et mettre tous tes gueux au chômage.

le 06/05/2020 à 0:04
Signaler
De quelle "stratégie " tu parles ? Fils Lagardère, flambeur ? finir les cessions : Le Fleuron de ton Papa n'a plus Rien de stratégique, en sociétés.

le 06/05/2020 à 16:28
Signaler
Chère Anne-Sophie, la notion de fleuron est visiblement subjective. Arnaud a le droit de gérer ses sociétés comme il l'entend. Et je ne vous ai pas tutoyer non plus.

le 07/05/2020 à 2:51
Signaler
Comme vous, Je tutoie ce Fils, si vous me relisez. Pas vous naturellement. RESPECTUEUSEMENT

le 07/05/2020 à 8:41
Signaler
Conversation avec Anne-Sophie : Vous avez raison. On le tutoie Arnaud parce qu'il est sympa. Il fait ce que tout le monde rêverait de faire : jouir de sa fortune. Mes respects également.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.