Le "Retail 4.0" à l'assaut des marchands de journaux

Applications « drive-to-store », nouveaux outils marketing... Les startups veulent séduire les diffuseurs de presse. Un marché prometteur mais difficile du fait de son éclatement.
Avec son application Luseed, Arthur Burnichon (photo) cible les 600 Maisons de la presse.
Avec son application Luseed, Arthur Burnichon (photo) cible les 600 Maisons de la presse. (Crédits : DR)

Les nouveaux modes de retail ont commencé leur pénétration du réseau des marchands de presse. Une approche pour l'instant expérimentale mais qui devrait s'amplifier cette année avec, essentiellement, deux types de solutions distinctes et (parfois) complémentaires vis-à-vis de ces commerces. Dans ce cadre, l'attirance de la clientèle vers le magasin (drive-to-store) se taille la part du lion. Les applications numériques peuvent passer par la proposition d'un catalogue de presse classique ou des animations ludiques par exemple.

Immanents et Newspayper ciblent la première option. Éditeur de logiciel installé sur le marché de la presse depuis 2004, Immanents prévoit de lancer en septembre une nouvelle plateforme de fidélisation des acheteurs de presse. À la clé, le référencement de quelque 1.200 titres et un système d'alerte des clients notamment sur les nouvelles parutions et les nouveaux services mis en place par les détaillants. Bien plus modeste est l'offre de Newspayper qui prend en compte les commandes en ligne d'une cinquantaine de titres et renvoie les acheteurs, via un chatbot, dans les points de vente. En ciblant exclusivement le réseau presse, la startup, fondée début 2018 par Assen Lekarsky et Maxime Blaszyk, bénéficie toutefois d'un avantage décisif vis-à-vis de ces concurrents qui lui vaut d'être soutenue par l'organisation de la profession baptisée "Culture Presse".

Pour Holooh, Metidia et Urbanaq, le drive to store passe par les animations et les jeux. Ces jeunes pousses, apparues il y a deux ans, comptent désormais adapter leurs dispositifs de Retail 4.0 aux magasins de presse. Déjà adoptées par Etam, Les Galeries Lafayette, Casino et Unibail, les solutions ludiques de Metidia sur smartphones ciblent clairement les jeunes générations (les "Millennials") et leur proposent des défis à relever. (Ci-dessous, en illustration, un exemple de jeu Metidia pour animer les points de vente, DR)

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À la clé, des prix sous forme de promotions sur des magazines ou des produits hors presse à retirer dans le point de vente. Fanny Garret, dirigeante de Metidia, table sur une vingtaine de clients tous secteurs confondus en 2019. Sur un concept proche, l'application d'Urbanaq, qui se greffe automatiquement sur celles des marques, organise des jeux-concours, des chasses aux trésors avec comme objectif d'animer les points de vente. La startup présidée par Gilles Le Guennec concoctera d'ici à l'été de véritable parcours spécifiquement adaptés aux marchands de presse. Holooh développe enfin des expériences en réalité augmentée sur smartphone qu'il compte aussi proposer aux éditeurs de presse. Premier exemple en date, la présentation du dernier dossier immobilier de L'Express par le médiatique agent immobilier Stéphane Plaza.

Des magasins de presse pauvres en données clients

La connaissance des clients comme clé de leur fidélisation, c'est ce que propose de mettre en œuvre Luseed dans un secteur très pauvre en données sur ses acheteurs. Via des bornes interactives entièrement personnalisables, la société d'Arthur Burnichon donne la possibilité aux magasins de qualifier leurs clients. L'objectif est de créer une communauté d'affinités avec une marque ou un produit. Installés dans les showrooms du vendeur de meubles design Miliboo et dans quelques stations-serviceaw Total, les totems de Luseed offrent par exemple la possibilité de bénéficier d'un ticket de caisse avec la photo de sa famille intégrée. Le magasin récupère en échange un compte rendu détaillé sur la physionomie de sa clientèle.

Également sur le créneau communautaire, Dewee met à disposition toute une palette de services allant du ticket de caisse dématérialisé à la récupération de données moyennant un abonnement mensuel d'une vingtaine d'euros pour les diffuseurs. Son boîtier (photo ci-dessous; DR), qui s'adapte aux caisses sans aucune installation particulière, a déjà été adopté par une poignée de marchands de journaux normands.

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Last but no least, Potion Social propose un pack aux magasins incluant un site Internet, un blog et un chat pour communiquer avec leur clientèle. Objectif : la constitution de véritables outils de gestion de la relation client (CRM, pour Customer Relationship Management) qui ont déjà séduit une cinquantaine d'enseignes comme Auchan, Intermarché, Cofidis ou La Poste.

Difficulté de monétisation d'un réseau hétérogène

Booster par différents canaux la fréquentation des points de vente de presse via le digital: les détaillants rêvent d'une telle revanche, eux dont les ventes ont sévèrement reculé depuis une décennie sous les coups de boutoir d'Internet. Pour preuve, le village des startups, installé au cœur d'Expopresse, la grand-messe bisannuelle des diffuseurs de presse, a été l'attraction du salon organisé par Culture Presse fin mars Porte de Versailles à Paris. De leur côté, les jeunes pousses du Retail 4.0, pour la plupart rameutées par la Française des jeux, partenaire historique des marchands de presse, regardent avec appétit l'énorme force de frappe que ces diffuseurs de presse représentent. Avec 22.000 magasins en 2018, ce réseau reste, de loin, le premier du commerce de détail français. Un ensemble puissant mais également hétérogène, ce qui limite les investissements de marchands souvent indépendants. Philippe Belin, PDG d'Immanens, a bien conscience de ce handicap et propose un concept clé en main à Culture Presse, charge à l'organisme professionnel de prescrire son application drive to store auprès de ses adhérents.

Le modèle économique de cette solution reste néanmoins à imaginer. Une seule chose est sûre à ce stade, ni le commerçant ni le client ne paieront pour en bénéficier. Ce souci d'atteindre une masse critique, pour rendre le prix de son application acceptable, anime aussi Arthur Burnichon. Plutôt que de s'adresser aux marchands indépendants, Luseed a ainsi préféré entamer dès le départ des discussions avec le groupe NAP, franchiseur des quelque 600 Maisons de la presse et 850 Mag Presse dans l'Hexagone.

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