Vente de M6 : Bertelsmann a un mois seulement pour finaliser un accord avec un acheteur

Selon le président de l'Autorité française de la concurrence Benoît Cœuré, si l'opération n'est pas notifiée aux autorités de la concurrence d'ici à fin octobre, il sera difficile d'aboutir avant le mois de mai, date-limite qui marque le renouvellement de l'autorisation de diffuser pendant cinq ans. Selon la loi, une fois ce renouvellement obtenu, une chaîne ne peut pas changer de mains.
(Crédits : Eric Gaillard)

La fenêtre de tir extrêmement réduite pour la vente de M6 met son actionnaire, le groupe allemand Bertelsmann, sous pression. Si, après l'échec de la fusion avec TF1, il veut vendre sa filiale pour se désengager du marché français, il doit le faire très vite, ce qui n'est jamais confortable dans les négociations avec les acheteurs.

A l'occasion d'une audition au Sénat, le président de l'Autorité française de la concurrence Benoît Cœuré a rappelé  que le calendrier était « très tendu ». Car l'autorisation de diffusion de la chaîne principale M6 sur la TNT doit être renouvelée en mai 2023 par l'Arcom, régulateur de l'audiovisuel. Or, selon la loi, un tel renouvellement empêche ensuite tout changement de contrôle de la fréquence pendant cinq ans. Pour le gendarme de la concurrence, si « l'opération ne nous est pas notifiée avant la fin octobre, ça va être difficile, et c'est dans tous les cas très tendu ». Et pour être notifié d'ici à un mois, il faut avoir finalisé les conditions de vente avec un repreneur. Bertelsmann l'a bien compris. C'est pour cela qu'il a demandé aux éventuels prétendants de se déclarer avant vendredi dernier.

Trois offres au moins

Au moins trois propositions ont été déposées : une provient d'un tandem formé par Xavier Niel (groupe Iliad) et MediaForEurope (ex-Mediaset, le groupe de télévision fondé par Silvio Berlusconi), une autre émane du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà présent dans plusieurs médias français, et une dernière regroupe « ar FL Entertainment (Banijay, Betclic) contrôlé par le Français Stéphane Courbit, associé pour l'occasion à Rodolphe Saadé, le patron du géant du transport maritime CMA-CGM, qui vient de mettre la main sur La Provence. Aussi prestigieux soient-ils, de tels candidats pourraient néanmoins ralentir le processus de vente.

Selon Benoît Cœuré, « compte tenu de la taille des acquéreurs potentiels tels qu'ils ont été mentionnés dans la presse, la logique voudrait que cette opération soit examinée par la Commission européenne », gardienne de la concurrence dans l'UE. Celle-ci pourra décider de renvoyer le dossier vers l'autorité française, mais ce mécanisme « est lui-même générateur de délais supplémentaires », a-t-il relevé.

Si tous ces acteurs ne possèdent pas de chaînes, il existe de « possibles effets congloméraux dans des secteurs » autres que la télévision, a fait valoir Benoît Cœuré.

Plus de 1,1 milliard d'euros

Selon le Point, les trois candidats ont tous déposé une offre supérieure à 19,2 euros par action, soit un investissement de 1,1 milliard d'euros pour racheter la participation du géant allemand dans M6. A travers sa filiale RTL Group, Bertelsmann détient quelque 48% du capital du groupe M6 (les chaînes TV M6, W9, 6ter, Teva, Gulli et les radios RTL, RTL2, Fun Radio). Vendredi, M6 était valorisée à 1,86 milliard d'euros. Selon l'agence Bloomberg, l'offre de Stéphane Courbit et ses partenaires financiers s'élève à 20 euros par action, ce qui correspond à une prime de 53% par rapport au cours de clôture de l'action M6 ce mardi à 13,04 euros.

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