Pourquoi Spotify avait-il attaqué Apple en justice en mars 2019? L'opérateur suédois de musique en ligne ne cessait de rencontrer des obstacles avec l'App Store: entre autres, le blocage des offres promotionnelles, les refus de mises à jours, mais aussi l'obligation pour les développeurs de passer par le système de paiement Apple et bien sûr la ponction de 30% de taxe sur les transactions payantes, qui constitue, selon la société suédoise, une violation des règles de concurrence loyale..
Sur l'App Store, pas les mêmes règles pour Apple Music et Spotify
Explication sur ce dernier point: cette taxe de 30% oblige Spotify à proposer son offre à 12,99 euros au lieu de 9,99 euros par mois, pour rester bénéficiaire. Tandis que son concurrent direct, Apple Music, ne s'appliquant pas les même règles, peut proposer de manière bien plus attractive son offre à 9,99 euros par mois sur le même store.
C'est pourquoi Bruxelles avait ouvert une enquête à la suite de la plainte de Spotify accusant l'entreprise de Cupertino d'utiliser son App Store de manière déloyale pour promouvoir sa propre application Apple Music.
Ce que "fausser la concurrence" veut dire pour Margrethe Vestager
Après enquête, Bruxelles a estimé, ce vendredi 30 avril, que le géant américain Apple a "faussé la concurrence" sur le marché de la musique en ligne, en "abusant de sa position dominante" pour évincer ses rivaux, selon un communiqué de la Commission européenne publié aujourd'hui.
Dans cet "avis préliminaire" transmis au groupe californien, la Commission critique l'obligation imposée aux développeurs d'applications de musique en ligne de recourir au système de paiement d'Apple, condition sine qua non pour que leurs services soient accessibles dans la boutique App Store du groupe.
De même, Bruxelles se dit "préoccupé" par le fait qu'Apple soumet les développeurs d'applications à des "restrictions les empêchant d'informer les utilisateurs des iPhone (smartphones) et iPad (tablettes) d'alternatives potentielles moins chères".
"En fixant des règles strictes sur l'App Store qui désavantagent les services concurrents de musique en ligne, Apple prive les utilisateurs d'alternatives moins onéreuses et fausse la concurrence. Elle le fait en prélevant des commissions élevées sur chaque transaction effectuée via les applications rivales", souligne la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
Apple pourra défendre sa position avant que l'UE rende son verdict
Apple aura l'occasion de défendre sa position, mais aussi de proposer des réponses aux reproches formulés, avant que l'UE ne rende un verdict final, pouvant aller jusqu'à des amendes ou à l'obligation de changer certaines de ses règles.
Apple a pour sa part renvoyé à une déclaration de 2019 soulignant que son App Store avait aidé Spotify à devenir le plus grand service de streaming musical en Europe.
La rebellion contre l'App Store prend de l'ampleur
Le groupe technologique est confronté à la rébellion croissante d'entreprises du monde entier face aux conditions d'utilisation de l'App Store, sa plateforme de téléchargement de logiciels pour ses terminaux informatiques et mobiles. Les autorités de la concurrence américaine, britannique et sud-coréenne, s'intéressent également à la question.
Cette affaire intervient au moment où Apple se prépare à une bataille épique avec Facebook sur sa nouvelle politique visant à mieux protéger les données personnelles des utilisateurs d'iPhone. L'affaire est une des quatre ouvertes l'année passée par la Commission européenne contre Apple.
Apple fustige les accusations de Spotify et celles de Bruxelles
Le géant américain Apple, accusé vendredi par l'UE d'avoir "abusé de sa position dominante" sur le marché de la musique en ligne, a estimé que son rival Spotify voulait profiter des atouts de sa boutique d'applications App Store "sans payer".
Le suédois Spotify, qui avait porté plainte devant l'UE, "veut tous les avantages de l'App Store mais ne pense pas qu'il doive payer quoi que ce soit pour ça", s'est justifié le groupe californien dans un communiqué, jugeant les arguments de Bruxelles "contraires à une concurrence équitable".
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