Paris veut faire naître de nouveaux Makers

La capitale française souhaite élargir les cercles d'influence et faciliter le développement de ce mouvement de passionnés qui désirent comprendre les objets qu'ils utilisent en les créant par eux-mêmes. Derrière la soif de connaissance, il y a également des enjeux financiers importants dans cette "révolution industrielle" lancée à la suite de l'avènement de l'impression 3D.
Laszlo Perelstein
Pour l'occasion, la mairie de Paris a prêté à Maker Faire France le Pavillon circulaire, situé sur la place de l'Hôtel de ville, afin de présenter les projets de différents makers au grand public.

Magnifiant le savoir-faire et la transmission de compétences, le mouvement Maker veut s'étendre. Deux mois avant la grande-messe à la Foire de Paris (du 30 avril au 1er mai), Paris ainsi tenu mercredi 24 février un événement adressé à ces adeptes du DIY (Do It Yourself), qui remettent l'usage et l'usager au cœur du processus de création. C'est au cours de l'événement "Paris, cité des makers" que la Ville a présenté un plan d'action qui ambitionne d'"inscrire Paris sur la carte mondiale du mouvement des makers".

     | Explication  Makers, pro-amateurs, consom'acteurs... de qui parle-t-on ?

Présenté par Antoinette Guhl, adjointe à la maire, chargée de l'économie sociale et solidaire (ESS), et par Jean-Louis Missika, adjoint à la maire, chargé notamment du développement économique, de l'attractivité et du Grand Paris, ce projet entend faire découvrir le mouvement inspiré notamment par la philosophie de l'immense festival de contre-culture Burning Man, comme par le mouvement du Web participatif. Il vise aussi à encourager les makers actifs dans cette "révolution industrielle" qui aspire à se "redonner le pouvoir sur les objets en sachant ce qu'ils font et en les recréant", des mots même d'Antoinette Guhl.

"Pas un plan d'action traditionnel"

"Ce n'est pas un plan d'action traditionnel car les makers ne sont pas traditionnels", a toutefois insisté Jean-Louis Missika lors de la présentation mercredi, ajoutant qu'il s'agit là d'"outils d'accompagnement" et non d'"une démarche technocratique".

Parmi les principaux objectifs que la Ville s'est fixée, on trouve :

  • le développement de nouveaux lieux en Île-de-France, au sein de l'"Arc de l'innovation" allant de la Porte de Versailles à la Porte de Clichy. La Ville souhaite doubler le nombre actuel d'espaces dédiés à la fabrication (comme les "FabLabs", pour "laboratoires de fabrication"), les faisant passer de vingt actuellement à une quarantaine d'ici à 2020 ;
  • l'implantation d'une "ressourcerie" dans chaque arrondissement  afin que les objets usagés ne soient pas simplement jetés, les makers "ayant cette qualité de voir en chaque chose des ressources", a expliqué, enthousiaste, Antoinette Guhl ;
  • la mise en place de liens avec les structures éducatives pour faire découvrir les makers aux enfants. "Peut-être que l'école n'apprend plus [aux enfants] ce qu'ils ont envie de faire, car ce dont ils ont envie, c'est faire", selon l'adjointe au Maire ;
  • l'accompagnement d'entreprises dans les changements portés par l'impression 3D, qui fait "repenser la logistique de manière optimale" en "relocalisant la production dans les métropoles", explique Jean-Louis Missika, également en charge de l'urbanisme.

Des mesures avant tout destinées à ceux qui ne se sont pas lancés dans l'aventure des makers et qui facilitera leur développement, comme le constate l'une des participantes à l'événement.

"La concurrence pourra me rattraper plus facilement", s'amuse-t-elle.

Un retard à rattraper

Consciente de l'importance de l'enjeu économique -le seul marché des imprimantes 3D a représenté pour 2015 un chiffre d'affaires d'un peu moins de 2 milliards de dollars et devrait s'approcher des 15 milliards de dollars en 2019, selon le cabinet d'études Gartner-, la Mairie de Paris ne peut pour l'instant que constater le retard de la France dans ce domaine. Malgré ses nombreux talents en la matière, l'Hexagone ne s'inscrit que 7e au classement des pays équipés d'imprimantes 3D, avec 3,3% du marché total, bien loin derrière les États-Unis, premier avec près de dix fois plus de parts de marché.

Rappelant l'historique du mouvement , Bertier Luyt, producteur en France de l'événement Maker Faire, a fait l'éloge des Makers, ces hommes et femmes capables de lancer la "troisième révolution industrielle".

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Et si l'événement "Maker Faire", lancé pour la première fois dans l'Hexagone en 2013 à Saint-Malo et produit par Bertier Luyt, a attiré l'an passé 35.000 visiteurs lors de son édition parisienne au Centquatre, Paris souffre de la comparaison avec les autres capitales mondiales, comme n'a pas manqué de le souligner Bertier Luyt, qui produit l'événement en France. Aux États-Unis, le mouvement a séduit le président américain Barack Obama, qui, en 2014, a lancé le National Day of Making et organisé le premier Maker Faire à la Maison Blanche. Tandis que Rome héberge le plus gros événement en Europe (100.000 visiteurs pour l'édition 2015) et que l'Italie soutient largement financièrement le mouvement des Makers, rappelle le créateur du FabShop, startup bretonne qui s'est rapidement imposée dans la fabrication digitale (impression 3D).

En multipliant les initiatives, avec dix événements prévus au total en 2016, Maker Faire France espère toucher "80.000 personnes" cette année. De quoi certainement éveiller de nouvelles vocations et propager les idées du mouvement.

"Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins, prévient Antoinette Guhl, soit [les makers] seront intégrés à un système mondialisé et prédateur des ressources, des humains et des idées, soit ils participeront à un système du libre au service de l'objectif du bien commun."

Laszlo Perelstein

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Commentaires 2
à écrit le 27/02/2016 à 18:22
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Pourquoi comprendre ce qu'on achète, puisque c'est fabriqué par les chinois ?

à écrit le 27/02/2016 à 18:21
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On a pas besoin de comprendre, on est des CONsommateurs !

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