Éric Léandri et Gaël Musquet s'offrent un showroom sur le Campus de l'Espace

Entre ces deux insulaires, chantres de la souveraineté de la tech, le courant ne pouvait que passer. L’hacktiviste Gaël Musquet, cador de l’alerte aux populations, et Éric Léandri, fondateur de Qwant, viennent d’inaugurer un observatoire sur le Campus de l’Espace, à Vernon. Tout à la fois démonstrateur technologique et outil pédagogique, il sera le siège de l'une des branches de la startup Altrnativ.com.
(Crédits : Campus de l'Espace)

À ma gauche, le Guadeloupéen Gaël Musquet, hacker citoyen et fondateur de l'association Hands (Hackers Against Naturel Disasters), passé maître dans la mise en place de dispositifs d'alerte depuis qu'enfant il a été traumatisé par le cyclone Hugo.

Capteurs, radios, antennes 4G, réseaux sociaux, drones.... Ce bidouilleur de génie, météorologue de formation, n'a eu de cesse de mettre la tech, de préférence frugale, au service de la protection des populations de la Caraïbe grâce à son réseau de hacktivistes et de donateurs.

À ma droite, le Corse Éric Léandri, ingénieur et ex-patron de Qwant, le moteur de recherche concurrent de Google, aujourd'hui à la tête d'Altrnativ.com (oui, sans « e ») : une jeune entreprise spécialisée dans la sécurité numérique qui prône un internet de la confiance. Entre ces deux-là, beaucoup d'affinités. Question de naissance, expliquent-ils. "Nous sommes issus de petits territoires où l'on a une conscience aigüe des limites, et où l'État ne peut pas tout".

S'émanciper des grandes plateformes

Admiratif du travail de Gaël Musquet ("une star mondiale", dit-il) depuis plusieurs années, Éric Léandri lui a confié la direction de la branche radio de sa nouvelle société.  Laquelle branche propose pour l'instant deux types de prestations à l'intention des Etats ou des administrations qui cherchent à s'émanciper des grandes plateformes internationales de la donnée pour retrouver leur "indépendance technologique".

Baptisé Cerbère, le premier type de prestations est conçu pour prévenir les populations à risque en cas de crise via la technologie du "cell broadcast", l'alerte par "diffusion cellulaire", en français. Le second type s'appuie sur la captation et l'analyse des ondes radio et permet de superviser le trafic aérien, maritime et satellitaire pour éviter les intrusions ou les collisions en mer, à terre et dans la stratosphère.

"Nos infrastructures s'intéressent à tout ce qui passe sous ou au dessus des radars ou des systèmes de surveillance ainsi qu'aux endroits où ceux-ci sont inopérants comme dans le Sahel par exemple, détaille Éric Léandri. Il s'agit d'industrialiser les systèmes mis au point par Gaël de façon à ce qu'il puisse se concentrer sur ce qu'il sait le mieux faire :  innover. »

Plusieurs clients auraient déjà signé des bons de commandes dont l'armée française.

Un observatoire et un laboratoire de prototypage

Quant au quartier général d'Altrnativ.radio, il est domicilié à un jet de pierre de l'appartement de Gaël Musquet, sur le campus de l'espace à Vernon, berceau de l'aventure spatiale européenne où sont  conçus les moteurs d'Ariane. Epaulé par le ministre Sébastien Lecornu dont c'est le fief, le hacker citoyen a investi l'ancien laboratoire de visée stellaire laissé en friche par le laboratoire de balistique de l'armée (LRBA), fermé en 2013.

Fort du soutien de plusieurs industriels comme Nvidia, Sipartech ou Akuo, l'endroit, transformé en observatoire, a repris vie. Sous son toit ouvrant, se nichent désormais une quinzaine d'instruments : télescopes, spectroscopes, lunettes astronomiques, stations météo... et bientôt une cage de Faraday de 30 m2. Un show room taillé sur mesure pour le maître des lieux qui le décrit avec gourmandise. "Nous installons à une heure de Paris un démonstrateur où on pourra prototyper des technologies duales  -civiles et militaires- mais aussi acculturer des décideurs à la gestion de crise".

Ainsi, chaque premier jeudi du mois, Gaël Musquet fera "sonner" son Cerbère pour tester les réactions d'une vingtaine de volontaires, élus ou responsables administratifs, lors de la survenue d'une crise climatique ou industrielle fictive.  Objectif : préparer les esprits et prévenir pour ne pas subir. "Les assureurs avec qui je travaille le savent bien. Mettre un euro dans la prévention, c'est éviter d'en dépenser sept" rappelle t-il.
L'intéressé se prépare  d'ailleurs à candidater aux appels d'offres de l'Etat pour le déploiement du cell broadcast que le gouvernement a promis d'accélérer suite à l'incendie de Lubrizol... et qui aurait probablement été fort utile pendant les dramatiques inondations des Alpes Maritimes.

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