Management : pourquoi les méthodes de la start-up Fifty séduisent les investisseurs

Face aux enjeux de transformation des entreprises, la formation est clé. Mais encore faut-il que les collaborateurs retiennent ce qu'ils ont appris et mettent ces nouvelles connaissances en pratique au quotidien. La méthode de l'eDoing, sur laquelle s'appuie Fifty, est faite pour cela. Et la start-up entend bien l'appliquer à toute l'Europe, grâce à sa nouvelle levée de fonds de 10 millions de dollars.
Fifty a réalisé une levée de fonds de 10 millions de dollars
Fifty a réalisé une levée de fonds de 10 millions de dollars (Crédits : Antoine Doyen / Mirage Collectif)

Lancée en 2018 par Alexia Cordier, Clément Lavollé et Jérémy Salmon, la start-up Fifty compte déjà 15 salariés. Mais grâce à la levée de fonds de 10 millions de dollars (9,6 millions d'euros) qu'elle vient de réaliser, notamment auprès de l'Allemand Signals Venture Capital, d'Eurazeo et des fonds américains Acadian Ventures, S3 Partners et Tekton Ventures, elle compte bien multiplier ses effectifs par trois. Et surtout, elle entend conquérir l'Europe, en commençant par l'Allemagne et le Royaume-Uni.

Comme en France, où sa plateforme d'apprentissage est déjà utilisée par de grandes entreprises telles que le Crédit Agricole, Orange, Axa, L'Oréal, Michelin, Bouygues, Engie, le groupe La Poste et la SNCF, de même que des ETI comme ManoMano et Pierre Fabre, nombre d'entreprises, en Europe, doivent relever le défi de la transformation - numérique, écologique, économique. Dans certains cas, les organisations doivent à la fois changer de business modèle, veiller à l'engagement et à la fidélisation des talents, dans un monde de plus en plus concurrentiel, et se soucier de leur impact social et environnemental. Et cela passe en particulier par la formation des DRH, des managers et des collaborateurs. « Mais cela va au-delà, déclare d'entrée de jeu Alexia Cordier, directrice générale de Fifty. Il s'agit de faire évoluer l'organisation elle-même et ses process, de même que les comportements. » Bref, c'est dans un véritable mouvement sociétal que Fifty s'inscrit.

Retour sur investissement

Or dans ces domaines, les méthodes de formation traditionnelles n'ont qu'un impact limité. Elles donnent des connaissances, certes, mais sont rarement accompagnées d'un vrai changement au quotidien. « C'est comme les bonnes résolutions, sourit la co-fondatrice de Fifty, ce n'est pas parce qu'on les prend qu'on les fait vivre ensuite... »

Comment faire alors pour que la formation ait l'impact recherché par les entreprises ? Pour que le retour sur investissement soit bien au rendez-vous ? En adoptant une approche nouvelle : l'eDoing, proposée par Fifty sur sa plateforme. Comme son nom l'indique, la méthode est fondée sur l'action. Ou plutôt, sur des actions au quotidien.

Pour les définir, la start-up s'est appuyée sur la recherche scientifique, et en particulier les travaux de deux prix Nobel en économie comportementale, recommandant aux bénéficiaires de la formation des (petites) actions personnalisées et réalisables dans leur quotidien professionnel, sous forme d'incitations. « Nous abordons plusieurs thématiques, dont l'amélioration du leadership et du management, la transformation des modes de travail, sur fond d'hybridation entre présentiel et distanciel, les questions de responsabilité sociale et environnementale, qui vont de l'inclusion à l'écologie, et enfin, les soft skills [compétences "douces", intelligence relationnelle, ndlr] et les valeurs de l'entreprise », détaille Alexia Cordier.

Ainsi, un manager, à qui une formation théorique se contente de conseiller de mieux écouter son équipe, se verra proposer sur la plateforme une série d'actions, à mettre en pratique, pas à pas, comme un tour de table pour libérer la parole lors de sa prochaine réunion d'équipe, puis, via des outils aussi simples qu'un agenda, de valider sur la plateforme l'action une fois qu'elle a été réalisée. De quoi mesurer les progrès, ancrer les nouvelles habitudes et surtout, donner aux bénéficiaires de ces formations en eDoing le sentiment qu'enfin, ils peuvent agir ! Et cela vaut évidemment pour d'autres actions, que ce soit les économies d'énergie, le recyclage des cartouches d'encre, l'envoi d'emails limité à quelques personnes seulement, l'examen d'un CV avec un esprit plus ouvert, la conduite d'un entretien de reconversion avec bienveillance et créativité...

Nouveaux pouvoirs

« J'ai travaillé auparavant chez Procter & Gamble, et malgré de nombreuses formations en management, in fine, je ne faisais rien et j'en étais très frustrée », relève ainsi la start-uppeuse. A l'heure où les salariés sont à la recherche de sens et d'action, les voici dotés d'un nouveau pouvoir, celui de peser, par les habitudes acquises, sur leur vie quotidienne...

« Nous sommes arrivés au bon moment, se réjouit Alexia Cordier, la crise sanitaire a induit un changement des comportements. »

Le dérèglement climatique et les derniers évènements économiques, liés notamment à la guerre en Ukraine et l'envolée du prix de l'énergie, ne peuvent qu'inciter les entreprises à confirmer cette volonté de faire évoluer les réflexes, individuels et collectifs. Et si Fifty veut poursuivre sur sa lancée auprès des grandes entreprises, en profitant notamment des implantations des multinationales françaises dans divers pays européens, elle ne veut pas négliger les entreprises de plus petite taille, qui forment souvent le tissu économique de nombre de ces pays.

Pas étonnant donc, que des investisseurs internationaux aient décidé de soutenir Fifty, et de rejoindre ainsi les premiers qui ont cru en l'eDoing, dont Romain Niccoli, le cofondateur de Criteo, Olivier Sibony, professeur à HEC et Oxford, Steve Fiehl, cofondateur de CrossKnowledge, et Hugo et Axel Manoukian, fondateurs de MoovOne.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 05/07/2022 à 18:17
Signaler
C'et bien ça... ils ont breveté la Todo list...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.