Comcast porté par une hausse des abonnements Internet

Le géant américain du câble et de la télévision payante continue d’engranger les abonnés haut débit. Mais, en parallèle, il voit beaucoup de ses fidèles se détourner de ses bouquets de chaînes.
Pierre Manière
Depuis plusieurs années, le groupe est confronté à cette tendance des « cord cutters ». Il s’agit de consommateurs qui ne veulent plus s’abonner, comme par le passé, à de gros bouquets de chaînes, et optent pour les services de vidéo à la demande, comme Netflix ou HBO Now.
Depuis plusieurs années, le groupe est confronté à cette tendance des « cord cutters ». Il s’agit de consommateurs qui ne veulent plus s’abonner, comme par le passé, à de gros bouquets de chaînes, et optent pour les services de vidéo à la demande, comme Netflix ou HBO Now. (Crédits : Mike Blake)

Au global, sur le papier, les voyants sont au vert. Au troisième trimestre, Comcast a publié, la semaine dernière, un chiffre d'affaires en progression de plus de 21%, à 26,82 milliards de dollars. Son bénéfice par action ajusté se situe à 79 cents, contre 68 cents un an auparavant. C'est mieux que ce qu'attentaient les analystes, qui pariaient sur des ventes à hauteur de 26,77 milliards de dollars, et un bénéfice par action ajusté de 74 cents, comme l'indique l'Agence Option Finance (AOF).

Mais, dans le détail, la situation de Comcast est complexe. Sur le front des abonnements Internet, le numéro un américain du câble continue d'engranger des abonnés. Au troisième trimestre, le groupe a raflé 379.000 clients Internet haut débit. Un joli score, puisque les analystes en attendaient 330.000, comme le relève le Financial Times. En revanche, Comcast perd de plus en plus d'abonnés à la télévision via le câble. Sur la même période, 238.000 d'entre eux se sont évaporés. Ce qui est énorme puisque, toujours selon le FT, Comcast n'en avait perdu « que » 106.000 à la même période l'année dernière.

La menace des « cord cutters »

C'est ce mouvement, qui va crescendo, qui préoccupe l'état-major de Comcast. Depuis plusieurs années, le groupe est confronté à cette tendance des « cord cutters ». Il s'agit de consommateurs qui ne veulent plus s'abonner, comme par le passé, à de gros bouquets de chaînes, et optent pour les services de vidéo à la demande, comme Netflix ou HBO Now. Ces derniers sont d'ailleurs de plus en plus nombreux, avec l'arrivée d'Amazon, d'Apple ou encore de Disney.

Pour éviter de se faire damer le pion, Comcast se prépare à lancer son propre service de streaming, Peacock, qui sera proposé dans le courant de l'année prochaine via NBCUniversal. Le groupe de médias mise notamment sur ce service pour se relancer. Et pour cause : au troisième trimestre, il a vu son chiffre d'affaire fondre de 3,5% à 8,3 milliards de dollars par rapport à la même période l'an passé.

L'Europe en ligne de mire

En parallèle, Comcast cherche à étendre son empreinte dans la télévision payante au-delà des frontières des Etats-Unis. C'est la raison pour laquelle, l'an dernier, il a n'a pas hésité à débourser plus de 30 milliards de livres (34,8 milliards d'euros) pour s'offrir Sky, le puissant groupe de télévision britannique. Il s'agit, ni plus ni moins, que du numéro un européen de la « pay TV », qui est présent au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne, en Autriche et en Italie. Avec cette emplette, Comcast veut étoffer son portefeuille de contenus et élargir ses canaux de distribution. « L'acquisition de Sky » permettra « d'investir davantage dans les programmes originaux ou existants, et d'amortir les coûts sur une base de clients plus large, comptant 52 millions de consommateurs », soulignait Comcast au moment du rachat.

La manœuvre pourrait également permettre au géant américain de poursuivre son essor dans les télécoms sur le Vieux Continent. C'est ce qu'estime Stéphane Beyazian, analyste chez Mainfirst. « D'après nos estimations, en Italie, Sky pourrait capter, à horizon dix ans, 10% à 12% du marché de l'Internet fixe, affirme-t-il. [...] En Allemagne, s'il se décidait à lancer des offres Internet fixe, Sky pourrait conquérir 8% de ce marché d'ici à dix ans. »

Pierre Manière

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