Ericsson met la main sur l'Américain Vonage pour 6,2 milliards de dollars

Le géant suédois des télécoms, qui voit ses parts de marché s'effriter sur le marché de la 5G notamment à cause des représailles de Pékin dans l'affaire Huawei, acquiert cette entreprise américaine au chiffre d'affaires de 1,4 milliard de dollars. Objectif : "élargir son offre mondiale" en misant sur le marché des solutions d'intégration dites UCaaS ("Unified Communications as a Service"), dont le potentiel est estimé à 22 milliards de dollars d'ici 2025.
L'acquisition doit être financée par les réserves de trésorerie du géant suédois, des liquidités nettes qui s'élevaient fin septembre à 5,6 milliards d'euros.
L'acquisition doit être financée par les réserves de trésorerie du géant suédois, des liquidités nettes qui s'élevaient fin septembre à 5,6 milliards d'euros. (Crédits : Aly Song)

C'est l'acquisition la plus importante dans l'histoire récente d'Ericsson. Le groupe suédois va mettre la main sur l'entreprise américaine Vonage, connue pour ses solutions de communications (messageries, voix, vidéo) transitant par le cloud. La transaction devrait s'élever à 6,2 milliards de dollars (5,5 milliards d'euros), selon un communiqué publié ce lundi. Alors que l'action du groupe américain côté au Nasdaq valait 21 dollars, l'offre représente une prime de 28% par rapport au dernier cours de bourse de Vonage. Ericsson prévoit de garder ses opérations sous le nom de Vonage et en fera une filiale indépendante dans ses résultats, précise le groupe suédois.

"Stratégie d'expansion"

Résultat, le conseil d'administration de Vonage a accepté à l'unanimité cette offre. Avec 120.000 clients et un accès des développeurs à son interface API, son activité de plateforme spécialisée dans les communications représente 80% de son chiffre d'affaires annuel, qui s'élève actuellement à 1,4 milliard de dollars. Sa croissance a avoisiné 20% par an ces trois dernières années. Basé au New Jersey, Vonage compte plus de 2.000 employés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, selon le site internet de l'entreprise.

Pour le spécialiste suédois des télécommunications, cette acquisition s'inscrit dans une "stratégie d'expansion dans les communications sans fil et d'élargissement de son offre mondiale". L'an dernier, Ericsson avait déjà mis la main sur une autre entreprise américaine, Cradlepoint, spécialisée dans les solutions sans fil WAN pour les sociétés, pour 1,1 milliard de dollars. Cet élargissement est notamment dû à ses difficultés rencontrées sur le marché de la 5G, où il bataille avec le leader chinois Huawei et le finlandais Nokia.

5G : les représailles de Pékin pèsent sur le chiffre d'affaires

Alors que le déploiement des réseaux 5G devrait doper l'activité de l'équipementier télécoms et ses revenus, ses résultats au titre du troisième trimestre, publiés fin octobre, sont mitigés. Certes, son bénéfice net progresse. Il s'élève à 5,8 milliards de couronnes (573 millions d'euros). Mais son chiffre d'affaires, lui, recule de 2%, à 56,3 milliards de couronnes (environ 3,3 milliards d'euros). Cette baisse des ventes est la conséquence des volumes « considérablement plus faibles en Chine continentale », avait souligné Börje Ekhlom, le PDG d'Ericsson, lors de la présentation des derniers résultats.

Ericsson paye ces derniers mois la décision de Stockholm de bannir Huawei du marché suédois de la 5G, intervenue en octobre 2020. A l'époque, le gouvernement suédois a justifié cette mesure pour préserver la sécurité nationale, dans un contexte de méfiance, en Europe et aux Etats-Unis, à l'égard du fleuron chinois des équipements télécoms et des smartphones. Elle a suscité l'ire de Pékin, qui a brandi, et finalement mis à exécution, des menaces de sanctions.

Un nouveau marché au fort potentiel

En se tournant vers ce nouveau marché grâce à l'acquisition de Vonage, le Suédois espère donc diversifier ses revenus et ses activités. Le marché des solutions d'intégration dites UCaaS ("Unified Communications as a Service") qui combinent des communications par la voix, les messages et la vidéo dans un seul outil devrait atteindre 22 milliards de dollars d'ici 2025 avec une croissance annuelle de 30%, selon Ericsson.

L'acquisition doit être financée par les réserves de trésorerie du géant suédois, des liquidités nettes qui s'élevaient fin septembre à 5,6 milliards d'euros. Ericsson espère finaliser l'opération au cours du premier semestre 2022. En début de séance à la Bourse de Stockholm, l'action du groupe suédois perdait 3,87% dans un marché en légère hausse.

A LIRE AUSSI | Ericsson paye au prix fort l'interdiction de Huawei en Suède

(avec AFP)

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