En France, Orange souffre toujours de la concurrence

Dans l'Hexagone, l’accalmie dans la guerre des prix ne se reflète pas encore dans les comptes de l’opérateur historique. Sur ce marché qui représente près de la moitié de ses ventes globales, Orange a vu son chiffre d’affaires reculer de 0,4% à 4,5 milliards d’euros.
Pierre Manière
Ramon Fernandez, le directeur général délégué d’Orange.
Ramon Fernandez, le directeur général délégué d’Orange. (Crédits : Reuters)

Le marché français reste difficile pour Orange. L'opérateur historique a publié mardi matin ses résultats du troisième trimestre. Dans l'Hexagone, il a vu ses ventes baisser de 0,4% à 4,55 milliards d'euros par rapport à l'année dernière. Lors d'une conférence téléphonique, Ramon Fernandez, le directeur général délégué d'Orange, a mis cette « érosion » sur le compte de « l'activité promotionnelle » de ses rivaux. Il relève cependant « une nette amélioration de la dynamique de prix sur le marché ». Traduction : Orange continue de pâtir des dégriffes de la concurrence, mais espère bénéficier, à terme, d'une sortie progressive de la guerre des prix. Sur ce front, « on continue à voir une amélioration, dans le mobile notamment, avec la fin des forfaits à 5 euros, lesquels sont passés à 10 euros, puis à 12 euros », constate Ramon Fernandez.

Au début du mois, lors du lancement de la dernière box d'Orange, Fabienne Dulac, la patronne d'Orange France, s'était félicitée des hausses de prix des offres mobiles d'entrée de gamme de Bouygues Telecom, de SFR et de Free. Il s'agit d'un signal « positif », affirmait-elle. Avant de renchérir : « Il prouve ce que nous disons depuis longtemps : les offres à 10 euros à vie pour 50 gigaoctets de données ne sont pas pérennes. » Ce mardi, la dirigeante a toutefois indiqué que « cette évolution positive du "pricing" met du temps à se retrouver dans les comptes ». « Ce ne sera pas avant 2020 ou 2021 », a-t-elle précisé.

Si l'état-major d'Orange se montre optimiste, les investisseurs, eux, le sont beaucoup moins. En fin d'après-midi, le titre d'Orange baissait de 3,2% à 14 euros à la Bourse de Paris. Les marchés sanctionnent visiblement les résultats du groupe en France (qui représente près de la moitié de ses ventes), mais aussi en Espagne.

L'opérateur souffre également de l'autre côté des Pyrénées. Sur ce marché, il vu son chiffre d'affaires chuter de 2,5%, à 1,31 milliard d'euros. Orange est notamment confronté à l'agressivité tarifaire de MasMovil et de Vodafone. Ramon Fernandez souligne que le marché a changé depuis l'acquisition, en 2015, de l'opérateur Jazztel par Orange pour près de 4 milliards d'euros. MasMovil a profité des remèdes imposés par les autorités concurrentielles pour récupérer des actifs dans l'Internet fixe, avant de se renforcer dans le mobile. Ce qui lui a permis « de disrupter le marché », insiste Ramon Fernandez. En parallèle, poursuit le dirigeant, Vodafone a renoncé à la diffusion du football, « pour réinjecter ces économies dans une politique de promotions assez agressives ». « En conséquence, nous avons assisté à un glissement du marché espagnol vers le milieu et le bas de marché », enchaîne le DG délégué, qui table sur différentes marques d'Orange pour se renforcer sur ce segment.

Moody's pessimiste pour les télécoms européennes

Dans la foulée de la publication des résultats d'Orange, Moody's s'est montré pessimiste sur les perspectives des opérateurs en Europe. Dans un rapport, l'agence de notation financière les juge « négatives » pour « les prochains 12 à 18 mois », « à cause de l'absence de croissance des revenus, de l'intensité de la concurrence, et du ralentissement économique ». En outre, Moody's estime que les opérateurs pourront difficilement compter sur des stratégies de consolidations nationales pour diminuer la concurrence et augmenter les prix. « Le récent renouvellement de Margrethe Vestager en tant que commissaire européenne à la Concurrence laisse penser que les règles des fusions et acquisitions resteront inchangées, ce qui limitera les opportunités », écrit l'agence.

Dans ce contexte, également caractérisé par d'énormes investissements (dans la fibre, la 4G et la 5G), comment les opérateurs européens, dont beaucoup sont très endettés, vont-ils retrouver des marges de manœuvre financières ? Beaucoup « cherchent [...] des moyens de monétiser [leurs] infrastructures, telles que les tours de téléphonie mobile et les réseaux de fibre », répond Moody's. En France, Bouygues Telecom, SFR et Iliad (Free) ont déjà vendu des milliers de pylônes de réseaux mobiles pour se renflouer. Orange est aujourd'hui le seul à avoir gardé la main sur l'intégralité de ses infrastructures. A ce sujet, Ramon Fernandez souligne que le groupe dévoilera ses intentions le 5 décembre prochain, lors d'une journée d'information aux investisseurs. « Nous sommes un des plus importants opérateurs d'infrastructures en Europe, affirme le dirigeant. Nous préciserons, sur le marché du mobile et celui de l'Internet fixe, ce que nous entendons faire. »

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 16/11/2019 à 0:03
Signaler
Souffrir de la concurrence... En français de la rue ça se traduit par : ne pas pouvoir pratiquer les prix qu'on veut :-)

à écrit le 01/11/2019 à 14:48
Signaler
Le monopole absolu s'est transformé en monopole relatif : la belle affaire ! Orange comme toutes les entreprises d'état sont faites pour mordre la poussière et plus vite ce sera fait plus vite la concurrence saine pourra s'exercer

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.