Ce lancement était très attendu. Huawei a levé le voile, ce mercredi, sur son propre système d'exploitation. Baptisé HarmonyOS, celui-ci doit permettre au géant chinois des télécoms et des smartphones de rebondir sur le marché des terminaux, et de redorer son blason auprès du grand public. Huawei essuie de grave difficultés dans ce domaine. En mai 2019, l'administration Trump, qui accusait le groupe chinois d'espionnage pour le compte de Pékin, a signé un décret l'interdisant d'utiliser des technologies américaines.
Dans la foulée Google a coupé les ponts avec Huawei pour se conformer à ces nouvelles règles. Dès lors, l'industriel chinois a dû composer sans le système d'exploitation du géant américain, Android, qui équipait jusque-là tous ses terminaux. Un véritable coup de massue pour Huawei qui a vu, d'un coup, ses ambitions dans les smartphones menacées. C'est particulièrement vrai en Europe, où les applications et services de Google sont très prisés, voire essentiels.
HarmonyOS partagera avec Android certains composants librement réutilisables par tous les développeurs (open source). Mais Huawei en a profité pour aller plus loin que le système de Google. Le sien intègre la possibilité d'interagir avec les objets connectés, « un besoin auquel Android et iOS [le système d'exploitation d'Apple] n'ont pas répondu », a affirmé à des journalistes Wang Chenglu, le développeur d'HarmonyOS. « Avec HarmonyOS, nous n'allions pas simplement produire un autre Android ou iOS », a-t-il déclaré selon l'AFP, évoquant des « caractéristiques spéciales ». Les utilisateurs de smartphones HarmonyOS pourront, par exemple, accéder à des fichiers, des documents et autres contenus sur des ordinateurs, des téléviseurs ou des tablettes, a-t-il ajouté.
Le véritable enjeu, pour Huawei, sera de convertir l'éventail le plus large possible des développeurs d'applications à HarmonyOS. Ce qui constitue un sacré défi. En outre, le groupe de Shenzhen ne pourra plus proposer à ses clients certaines des applications les plus populaires de Google, comme son navigateur ou encore Youtube.
Un exercice 2020 honorable
Huawei pourra-t-il, ainsi, se relancer dans le segment ultra-concurrentiel des smartphones ? C'est tout l'enjeu. Les sanctions américaines ont plongé cette activité dans l'incertitude. En novembre dernier, Huawei s'est déjà séparé de sa marque de terminaux à bas prix Honor. Et en janvier, des rumeurs de presse ont même fait état de discussions concernant une possible cession de ses marques haut de gamme P et Mate.
Huawei a toutefois prouvé qu'il était capable de résister aux piques du pays de l'Oncle Sam. En témoigne ses résultats 2020, finalement honorable au regard du contexte. Son chiffre d'affaires ne s'est pas écroulé. Il a même légèrement progressé, de près de 4%, à 891 milliards de yuans (116 milliards d'euros). Son bénéfice s'est quant à lui stabilisé à 64 milliards de yuans (8,4 milliards d'euros).
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