Iliad (Free) se lance dans la cybersécurité en rachetant la startup ITrust

Cette acquisition permet au groupe de télécoms de Xavier Niel d’ajouter à son catalogue des offres de protection informatique pour les entreprises.
Pierre Manière
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad, la maison-mère de Free.
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad, la maison-mère de Free. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

La cybersécurité a décidément la cote chez les opérateurs télécoms. Tandis qu'Orange et SFR se renforcent énormément sur ce front, Iliad leur emboîte le pas. Le groupe de télécoms de Xavier Niel, maison-mère de Free en France, a annoncé ce mardi l'acquisition de la pépite toulousaine ITrust. D'après Thomas Reynaud, le directeur général d'Iliad, celui-ci a pris le contrôle, à hauteur de 55% du capital, de cette société spécialisée dans la lutte contre les cyberattaques. Fondée en 2007, cette startup compte 80 collaborateurs, et affiche un chiffre d'affaires d'environ 4 millions d'euros. Elle revendique « plus de 400 clients dans le monde », dont « six sociétés du CAC 40 ». Elle travaille notamment pour le ministère de la Défense et de nombreux groupes hospitaliers. Malgré le rachat d'ITrust par Iliad, Jean-Nicolas Piotrowski, son fondateur, reste aux commandes de la société, dont il conserve 35% du capital.

Aux yeux du groupe de Xavier Niel, cette acquisition, dont le montant n'a pas été dévoilé, est stratégique pour étoffer ses offres télécoms à destination des professionnels. L'opérateur s'est lancé il y a tout juste deux ans sur ce créneau avec sa branche Free Pro. Il a déjà complété ses offres Internet fixe ou de téléphonie mobile pour les entreprises avec des services de cloud. Mais il manquait une solution de protection contre les cyberattaques. Le sujet préoccupe de plus en plus les entreprises comme les établissements et collectivités publics. Les PME et les grands groupes sont confrontés à un essor fulgurant des attaques informatiques. Beaucoup sont aujourd'hui victimes de « ransomeware », qui consistent à prendre en otage les données d'une société, et à les débloquer contre une importante somme d'argent.

Quand les cyberattaques provoquent des faillites

Ces attaques, rappelle Thomas Reynaud, vont jusqu'à menacer la survie des entreprises. « Une PME sur deux fait faillite dans les 18 mois suivant une attaque », affirme le dirigeant. Grâce à ITrust, Free Pro est maintenant en mesure de protéger ses abonnés. Sa nouvelle offre, baptisée « Cyber XPR », est proposée aux plus de 35.000 clients professionnels du groupe. D'après Jean-Nicolas Piotrowski, les prix débutent à 60 euros par mois. A ce tarif, une PME peut sécuriser jusqu'à cinq postes de travail. Les prix vont ensuite crescendo en fonction de la taille du parc informatique, comme de la criticité des installations et des données. Thomas Reynaud ambitionne de multiplier par dix le chiffre d'affaires d'ITrust pour atteindre, a minima, les 40 millions d'euros, d'ici deux à trois ans.

D'après le directeur général d'Iliad, cette startup a plusieurs atouts. Il s'agit d'abord d'une solution 100% française, qui développe ses propres logiciels. Thomas Reynaud souhaite se démarquer de certains concurrents qui revendent des solutions étrangères - américaines notamment -, ce qui constitue un risque pour la confidentialité des données. En outre, ITrust se dit en pointe dans l'utilisation de l'intelligence artificielle pour détecter les menaces.

Free Pro vise les 400 millions de chiffre d'affaires

Free Pro voit son offre de cybersécurité comme un important catalyseur des ventes dans les télécoms professionnelles. Aujourd'hui, son chiffre d'affaires s'élève à près de 200 millions d'euros, avec l'objectif d'atteindre les 400 à 500 millions d'euros d'ici à 2024. Denis Planat, le patron de Free Pro, affirme que la demande en matière de cybersécurité a explosé depuis la crise du Covid-19, laquelle « a bouleversé l'organisation du travail ». D'après lui, le risque d'être attaqué s'est notamment accru avec le télétravail, dans la mesure où les collaborateurs utilisent davantage d'outils numériques, souvent peu ou mal sécurisés, pour communiquer ou échanger des données. Denis Planat juge aussi que la cybersécurité constitue un moyen de créer de la valeur dans les télécoms, tandis que la connectivité, elle, est devenue « une commodité ».

Pierre Manière

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