
Xavier Niel est sorti de ses gonds. Le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free) était interrogé, ce mercredi, sur les perspectives de son groupe par la commission des affaires économiques du Sénat. Mais le milliardaire s'est rapidement emporté sur un sujet particulièrement sensible : celui du tarif du dégroupage. Il s'agit du prix, payé à la ligne, par les opérateurs alternatifs à Orange pour utiliser son réseau cuivre, et apporter l'ADSL à leurs clients. L'Arcep, le régulateur des télécoms, envisage d'autoriser l'opérateur historique de l'augmenter dans les territoires où la fibre est disponible. Avec un objectif affiché : accélérer la migration des abonnés ADSL vers la fibre, et favoriser ainsi la fermeture du réseau cuivre d'Orange. Mais ce projet, soumis à consultation publique jusqu'au 30 mars prochain, suscite l'ire de Xavier Niel.
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D'après lui, l'Arcep a tout faux. « Augmenter dans ces conditions le prix du dégroupage revient à donner une rente de situation et des parts de marché à Orange [aux dépens de ses concurrents, dont Free, Ndlr], a lancé Xavier Niel. Eh bah c'est pour ça qu'on est contre ! Parce qu'on pense que c'est une erreur ! »
« On pousse Orange à ne pas éteindre le réseau cuivre »
D'après Xavier Niel, le problème est lié au « calendrier trop étendu » de fermeture du réseau cuivre par Orange. A partir de sa fermeture commerciale (où les clients pourront garder leur abonnement ADSL, mais plus souscrire à de nouvelles offres), Orange disposera, souligne Xavier Niel, d'une période « de cinq ans » pour l'éteindre définitivement, et augmenter dans cet intervalle le prix du dégroupage.
Or cette période est jugée beaucoup trop longue par le propriétaire de Free pour inciter de nombreux abonnés à basculer vers la fibre. D'autant plus que selon Xavier Niel, Orange n'augmentera pas le prix de l'ADSL (« vendu 10 euros moins chère que la fibre »), ce qui obligera, précise-t-il, la concurrence à ne pas toucher non plus à ses tarifs. In fine, « on va pousser Orange à ne surtout pas éteindre le réseau cuivre » pour ne pas perdre d'abonnés, tout en faisant, fulmine Xavier Niel, les poches des opérateurs alternatifs via l'augmentation du prix du dégroupage.
Xavier Niel juge l'Arcep inféodée à Orange
Cette perspective est, à ses yeux, inacceptable. « Nous sommes d'accord pour une hausse du prix du dégroupage - et même une dérégulation - un an avant la fermeture pratique du réseau cuivre, mais pas cinq ans avant », a-t-il finalement lancé. Dans ce cas, a-t-il ajouté, « tout le monde, y compris Orange, va se presser » pour migrer ses abonnés ADSL vers la fibre. « Mais aujourd'hui, ce qu'on nous vend, c'est cinq ans », a râlé Xavier Niel, fustigeant « une Arcep complètement acquise à Orange, qui se couche devant Orange ».
Cette sortie de Xavier Niel intervient alors que l'opérateur historique mène un lobbying intense auprès du régulateur pour réviser à la hausse le prix du dégroupage. Orange considère que cette mesure est un impératif. Sa direction argue que son réseau cuivre vieillissant lui coûte de plus en plus cher à entretenir, alors que ses revenus décroissent fortement à mesure que les abonnés se convertissent à la fibre.
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