Ce sera un des dossiers les plus chauds du successeur de Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur des télécoms, qui rendra son tablier à la fin de l'année. Tout récemment, l'autorité a indiqué son souhait d'augmenter légèrement le tarif du dégroupage. Il s'agit du prix payé par mois et à la ligne par les SFR, Bouygues Telecom et Free à Orange pour utiliser son réseau cuivre, et ainsi vendre leurs abonnements ADSL. Le régulateur veut passer ce tarif de 9,46 euros à 9,65 euros pour la période 2021-2023. Surtout, il fait miroiter à Orange la possibilité d'augmenter beaucoup plus significativement ce prix à une condition : que l'opérateur historique prenne des dispositions pour migrer aussi vite que possible ses abonnés du cuivre vers la fibre, et accélère la fermeture de son réseau cuivre.
Orange va, à n'en point douter, chercher à convaincre l'Arcep qu'il fait son maximum en ce sens. Sachant que l'opérateur réclamait jusqu'alors, aux dires du régulateur à La Tribune, une augmentation du prix du dégroupage comprise entre 2 et 3 euros. Ce jeudi, lors d'une conférence de presse à Paris, Fabienne Dulac, la patronne d'Orange France, a réaffirmé sa volonté de fermer le réseau cuivre. « Je rappelle qu'en décembre 2019, de notre propre initiative, nous avons indiqué que nous allions décommissionner le cuivre », a insisté la dirigeante. « C'est totalement normal », a-t-elle poursuivi, rappelant les gros investissements de l'opérateur historique dans son nouveau réseau de fibre. « Ce serait un non-sens d'avoir deux réseaux Internet fixe dans la durée », a-t-elle ajouté.
Les opérateurs alternatifs se mobilisent
Orange prépare aujourd'hui la manière dont il fermera le réseau cuivre. L'opération doit se dérouler progressivement, jusqu'en 2030. « Ce n'est pas si simple », affirme Fabienne Dulac. Pour anticiper les difficultés et accompagner les clients pendant l'extinction de cette infrastructure, Orange mise sur des expérimentations dans différentes villes. Une première a été lancée à Lévis-Saint-Nom, une commune de 1.600 âmes dans les Yvelines. Celle-ci n'a pas été choisie au hasard. « Nous l'avons sélectionnée parce qu'il y a assez peu de clients professionnels » comme beaucoup d'autres communes de taille similaire, détaille Marc Blanchet, le directeur technique d'Orange. Deux autres villes, aux profils différents, feront également l'objet d'expérimentations.
Début 2021, Orange compte bien retoquer à la porte de l'Arcep pour rediscuter l'augmentation du prix du dégroupage. L'argumentaire de l'opérateur est bien rôdé : une importante augmentation est à ses yeux nécessaire puisque le réseau cuivre, vieillissant et datant des années 1960, coûte de plus en plus cher à entretenir alors qu'en parallèle, il se vide de ses abonnés à mesure qu'ils passent à la fibre. Cela dit, Fabienne Dulac n'est déjà pas mécontente que l'Arcep se soit positionnée en faveur d'une augmentation. Ce n'était pas gagné. Au début de l'année, Sébastien Soriano a notamment déclaré que « plus on baisse le prix du cuivre, plus on incite à sa fermeture ». En outre, depuis des mois, les SFR, Bouygues Telecom et Free se mobilisent en faveur d'une baisse du tarif du dégroupage. « Il n'y a aucune raison de monter ce tarif, s'étranglait, dans nos colonnes, un responsable d'un opérateur alternatifs en février dernier. Il est temps qu'il baisse ! Le sujet, maintenant, c'est la fibre. C'est ce nouveau réseau qui doit profiter de nos investissements. Pas le cuivre. La position d'Orange, c'est du bullshit ! » Dans cet épineux dossier, les opérateurs n'ont pas fini de s'écharper.
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