La réalité virtuelle offre une seconde vie à Notre-Dame de Paris

L’opérateur Orange et la société de production Amacilio ont levé le voile, ce mercredi, sur « Eternelle Notre-Dame ». Cette expérience « immersive » en réalité virtuelle permet découvrir la cathédrale et son histoire, comme si on y était. Elle sera proposée dans trois lieux, au moins jusqu'à la fin de la rénovation en 2024 : à La Défense à partir du 15 janvier, à la Conciergerie au printemps, et sous le parvis de Notre-Dame cet automne.
Pierre Manière
La nef de Notre-Dame, ici reconstruite en trois dimensions.
La nef de Notre-Dame, ici reconstruite en trois dimensions. (Crédits : DR)

L'expérience est, disons le tout net, simplement bluffante et ne laisse pas indifférent. L'opérateur Orange et la société de production Amacilio ont levé le voile, ce mercredi, sous la Grande Arche de La Défense, sur un objet culturel d'un genre nouveau. Alors que Notre-Dame de Paris est aujourd'hui en pleine rénovation après le violent incendie du 15 avril 2019, ils offrent à la cathédrale une seconde vie, totalement numérique. Grâce à la réalité virtuelle, la société Emissive, spécialisée dans cette technologie, a rebâti le monument en trois dimensions avec une grande finesse et à différentes époques, de sa construction il y a plus de 800 ans jusqu'à nos jours.

Baptisée « Eternelle Notre-Dame », l'expérience est dite « immersive ». Après avoir enfilé son casque à réalité virtuelle et monté le son, le visiteur peut librement déambuler à différents endroits du monument, s'y déplacer, et l'observer comme s'il y était vraiment. Le résultat est saisissant. On oublie vite son équipement high tech pour se fondre dans le paysage et le monument. La sensation de vertige est bien présente, par exemple, lorsque l'on marche sur un échafaudage au cœur de la nef de la cathédrale.

Un grand saut dans le passé

L'énorme avantage de la réalité virtuelle est surtout de pouvoir effectuer un grand saut dans le passé. L'expérience débute au Moyen Age, sur le parvis de la merveille, alors en pleine construction. On assiste, avec les premiers bâtisseurs, à la pose de certains éléments de la grande rosace. Plus tard, on déambule au milieu de « la forêt », la célèbre charpente de Notre-Dame, incroyable enchevêtrement de poutres, qui fût une des grandes victimes de l'incendie. Un moment après, nous voici devant une maquette du monument en compagnie d'un architecte, un certain Eugène Viollet-le-Duc. Celui-là même qui, au 19ème siècle, a restauré la cathédrale et l'a coiffé d'une majestueuse flèche, également partie en fumée. Le visiteur se retrouve ensuite tout en haut de la tour nord, mais de nos jours, après l'incendie. Il n'y a pas meilleur perchoir pour se rendre compte des ravages des flammes, qui ont emporté toute la toiture.

En définitive, la réalité virtuelle permet ici d'atteindre l'inaccessible, et d'avoir un aperçu du passé, même lointain. « Eternelle Notre-Dame » rend ainsi hommage aux premiers bâtisseurs. Mais aussi à ceux d'aujourd'hui, et notamment aux compagnons qui rénovent l'édifice. C'est également, bien sûr, un moyen de préserver un lien avec la cathédrale, fermée pendant les travaux, et ce jusqu'en 2024.

Une expérience validée par des experts

Pour façonner toutes les séquences de cette visite virtuelle, Emissive a travaillé main dans la main, et pendant deux ans, avec l'Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame. Trois autres experts ont validé les modélisations : Rémy Fromont, l'architecte en chef des monuments historiques et responsable du chantier de la cathédrale, Dany Sandron, professeur d'histoire de l'art et spécialiste de l'architecture gothique à La Sorbonne, et Cristina Dagalita, docteur en histoire de l'art. L'objectif étant, nous précise Orange, d'assurer « la fiabilité architecturale, historique et artistique » de l'expérience.

Celle-ci sera accessible dès ce samedi à La Défense, au prix de 30 euros (20 euros en tarif réduit). Deux autres lieux ouvriront plus tard. Le premier au printemps, à la Concergerie. Le second à l'automne, sous le parvis de Notre-Dame. A noter que 30% du prix du billet sera reversé par Orange à l'établissement public pour les travaux de restauration.

Orange soigne son image

Orange refuse de lever le voile sur le coût global de l'initiative. L'opérateur réalise, ici, une belle opération. Lui qui souhaitait, à sa manière, apporter sa contribution après l'incendie de 2019, soigne d'abord son image en proposant au grand public une expérience de grande qualité. Il démontre aussi son savoir-faire technologique, alors que la réalité virtuelle est promise à un bel avenir avec l'arrivée des puissants réseaux 5G.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 13/01/2022 à 15:42
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En même temps on s'en fout de la réalité virtuelle. Un bâtiment n'a d'intérêt que si on peu l'approcher, le toucher, le visiter, se confronter avec physiquement. Sur un écran, on voit...bon a vu une "réalité virtuelle"...merci beaucoup !

à écrit le 13/01/2022 à 15:39
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Il aurait été bon que dans cet article soient mentionnés les historiens d’art Andrew Tallon du Vassar College (université de l’état de New-York) et Stephen Murray de la Columbia University, lesquels ont numérisé avec des télémètres laser la totalité ...

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