Stéphane Richard et François Hollande assurent le spectacle à Orange Gardens

Lors de l'inauguration de Orange Gardens, le "vaisseau amiral de l'innovation" du groupe, Stéphane Richard s'est engagé à réduire la fracture numérique de la France avec le programme "Orange Territoires Connectés". De son côté, François Hollande a profité de sa venue pour recadrer Emmanuel Macron. Explications.
Sylvain Rolland
François Hollande a profité de l'inauguration d'Orange Gardens pour réaffirmer le soutien de l'Etat à Orange, qui s'est de son côté engagé à accélérer le déploiement du haut et du très haut débit pour réduire la fracture numérique.

Pour l'inauguration d'Orange Gardens, le "vaisseau amiral de l'innovation" de l'opérateur télécom, Orange a mis les petits plats dans les grands. Le président de la République en personne, François Hollande, a fait le déplacement dans cet immense "écocampus" de 70.000 mètres carrés, entièrement dédié à la recherche et à l'innovation. La présence du chef de l'Etat était une première depuis... 1962. A l'époque, Charles De Gaulle, premier président de la Vè République, visitait ce qui s'appelait alors la Direction générale des Télécommunications, ancêtre de France Télécom puis d'Orange. Une autre ère, assurément.

Une inauguration très politique

Hébergé à Châtillon, près de Paris, Orange Gardens concentre sur un même lieu les 3.000 salariés dans la recherche et l'innovation du groupe (développeurs, designers, data scientists, experts réseaux, chercheurs...), qui étaient jusqu'à présent répartis dans sept sites d'ïle-de-France. L'objectif de ce regroupement ? "Accélérer le cycle de l'innovation" dans le groupe, de manière plus "souple" et "agile", notamment en favorisant les interactions en interne et avec des startups, des clients et des partenaires industriels.

Même si l'Etat est l'actionnaire de référence d'Orange avec 23% du capital, on voyait mal pourquoi l'inauguration d'un centre dédié à l'innovation, aussi impressionnant soit-il, justifiait la présence du président de la République en personne. Mais les discours de Stéphane Richard, le Pdg d'Orange, puis celui de François Hollande, ont levé cette zone d'ombre.

Lancement du programme Orange Territoires Connectés pour réduire la fracture numérique

Les deux hommes ont chacun effectué une annonce importante lors de leur allocution. Stéphane Richard a d'abord révélé le lancement du programme Orange Territoires Connectés, destiné à réduire la fracture numérique en France. Un "programme ambitieux pour accélérer la couverture fixe et mobile des zones rurales les plus reculées en haut et en très haut débit", dont les effets "seront perceptibles dès les prochains mois", a promis le patron d'Orange.

Cette initiative permettra, selon l'opérateur, d'améliorer la connectivité de 2,5 millions de logements en zones peu denses. Et d'anticiper de trois ans son obligation de couverture 4G de la zone de déploiement prioritaire, en 2019 à la place de 2022. Mieux, Stéphane Richard a promis qu'un million de foyers supplémentaires seront couverts en très haut débit fixe dès 2017.

Pour le volet mobile, 1.300 nouveaux sites mobiles seront créés en cinq ans, et 5 millions d'habitants supplémentaires bénéficieront de l'arrivée de la 4G en zone rurale dès l'an prochain. Cet effort devrait permettre à Orange de rattraper en partie son retard : en 2015, l'opérateur ne couvrait en 4G que 42% des habitants des zones rurales, et devrait ainsi passer dans un an à 68% de la population sur ces territoires.

Hollande recadre Macron

Après le discours de Stéphane Richard, François Hollande a pris la parole à son tour. Et il fallait mettre les points sur les "i" après les déclarations tonitruantes d'Emmanuel Macron, fin mai, qui avait ouvert la porte au désengagement de l'Etat au capital d'Orange. "L'Etat n'a pas vocation de rester de manière pérenne au capital d'Orange", avait-t-il affirmé, tout en soulignant que le moment n'était pas "propice" à une telle décision.

Dans le plus pur style hollandais, le Président a recadré son ministre de l'Economie... tout en ménageant la chèvre et le chou. "L'Etat est l'un des principaux actionnaires d'Orange et entend le rester. Nous considérons qu'il est nécessaire pour l'entreprise qu'il y ait cet actionnariat public, même s'il y a une diversité dans le capital", a-t-il affirmé. Et d'enfoncer le clou: "Nous ne concevons pas la présence du capital public comme étant une ingérence ou une interférence". Mais ces propos sont volontairement ambigus, car la volonté de rester coûte que coûte au capital d'Orange ne désavoue pas totalement Emmanuel Macron. L'Etat pourrait rester l'actionnaire de référence de l'opérateur télécom, même s'il réduisait sa participation.

     | Pour aller plus loin. Les tribulations de l'Etat au capital d'Orange

Sylvain Rolland

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