
Au Mobile World Congress, le salon du mobile de Barcelone qui s'ouvre lundi prochain, nul doute que la situation de Vodafone sera sur toutes les lèvres. Depuis plusieurs années, le géant britannique des télécoms essuie d'importantes difficultés. En témoigne son cours de Bourse qui a dégringolé de moitié en cinq ans, à 101 pence (soit 1,13 euro). Mais en face, de nombreux investisseurs y voient une opportunité... C'est le cas de l'américain Liberty Global, du « roi du câble » John Malone, souvent cité pour être le modèle de Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice (SFR). Cet acteur important des télécoms s'est offert, la semaine dernière, pas moins de 5% de Vodafone pour environ 1,5 milliard d'euros.
Liberty Global, l'assure : il n'entend pas, ici, mener un raid sur Vodafone, mais simplement profiter de la sous-valorisation, selon lui, de l'opérateur britannique. C'est du moins ce qu'a laissé entendre Mike Fries, le directeur général de Liberty Global, dans un communiqué. « Le cours actuel de l'action de Vodafone ne reflète pas la valeur sous-jacente à long terme de ses activités opérationnelles, ni les opportunités de consolidation et des cessions d'infrastructures annoncées », a-t-il expliqué. Le groupe a, en outre, souligné qu'il « n'a pas l'intention de chercher à être représenté au conseil d'administration ».
Vers une fusion avec Three UK ?
Liberty Global fait ici référence à deux grandes opérations qui pourraient changer la donne pour Vodafone. La première, c'est une éventuelle fusion avec son rival Three UK, qui permettrait de consolider le marché britannique, et possiblement de faire remonter les prix. Sur le front des infrastructures, Vodafone entend tirer entre 3,2 et 7,1 milliards d'euros de la création d'une coentreprise avec les fonds américains KKR et GIP, qui vont lui racheter une partie de Vantage Towers, sa filiale d'antennes-relais. Liberty Global observe ces mouvements avec attention. Au Royaume-Uni, il détient un acteur majeur des télécoms, Virgin-O2, qu'il contrôle avec l'espagnol Telefonica.
Liberty Global n'est pas le seul à s'intéresser à Vodafone. Loin de là. Ces derniers mois, le groupe de télécoms émirati e& (ex-Etisalat) s'est renforcé au capital de l'opérateur. Désormais, il en est le premier actionnaire, avec 13% des parts. Lui aussi promet qu'il n'entend pas prendre les rênes du groupe. En fin d'année dernière, il a justifié sa montée au capital par sa volonté « d'obtenir une exposition significative à un leader mondial de la connectivité et des services numériques à une valorisation attrayante ». Lui aussi ne compte, pour l'heure, pas « faire une offre sur Vodafone ».
Xavier Niel en embuscade
Le groupe britannique intéresse aussi un tycoon français des télécoms. En septembre dernier, Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free) a pris 2,5% du capital de Vodafone via la société Atlas Investissement. Tout comme Liberty Global, Atlas souligne que Vodafone pourra tirer profit des « opportunités de consolidation dans certaines zones géographiques », et de ses « efforts de séparation des infrastructures ». A noter toutefois qu'Iliad, après avoir fait son nid en France, en Italie et en Pologne, ne cache pas ses ambitions de s'implanter dans un nouveau pays...
En résumé, nombreux sont ceux qui misent sur un rebond de Vodafone à moyen terme, malgré des performances économiques et financières jugées très insuffisantes. Au début du mois, l'opérateur a vu son chiffre d'affaires s'effriter au titre de son troisième trimestre décalé. Celui-ci a baissé de 0,4% à 11,6 milliards d'euros. L'opérateur a déploré un « recul » de ses ventes en Allemagne, en Italie et en Espagne, qui a été « partiellement compensé par une bonne croissance au Royaume-Uni ».
Réduction des coûts
En réaction, Vodafone a engagé de profondes restructurations visant à diminuer fortement ses coûts et à réduire son énorme dette de 41 milliards d'euros. En janvier dernier, l'opérateur a indiqué qu'il allait tailler dans ses effectifs, et se séparer de plusieurs centaines de collaborateurs à son siège londonien. En parallèle, de nombreux investisseurs appellent le groupe à se recentrer sur ses marchés les plus stratégiques.
Vodafone pourrait-il, un jour, quitter l'Espagne ou l'Italie ? Pour certains observateurs, ces possibilités ne sont pas à écarter. Beaucoup estiment que l'opérateur a raté de nombreuses opportunités dans ces pays, en laissant Orange se marier à MasMovil en Espagne, ou en refusant une offre de 11 milliards d'euros d'Iliad Italia en Italie... C'est probablement, au passage, ce qui a précipité la chute de Nick Read, l'emblématique patron de Vodafone, qui a dû rendre son tablier en décembre dernier.
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