En difficulté, Vodafone se prépare à tailler dans ses effectifs

L’opérateur, qui broie du noir depuis des mois, compte se séparer de plusieurs centaines de ses employés à son siège londonien. Cette décision intervient alors que le géant britannique des télécoms, qui s’est séparé de Nick Read, son emblématique patron, cherche à se recentrer sur ses marchés les plus stratégiques et à éponger son énorme dette.
Pierre Manière
(Crédits : Toby Melville)

Cette nouvelle année s'annonce pour le moins compliquée pour Vodafone. Le géant britannique des télécoms, dont les résultats ne sont pas au rendez-vous, fait tout pour se relancer dans un contexte économique difficile. Après s'être récemment séparé de Nick Read, son emblématique patron, le groupe a décidé de tailler dans les effectifs de son siège londonien. D'après le Financial Timesplusieurs centaines de postes sont concernés. Vodafone pousse aujourd'hui tous les leviers pour réduire ses coûts. Son objectif est notamment de diminuer son endettement, qui dépasse les 41 milliards d'euros.

Comme tous les opérateurs du Vieux Continent, Vodafone souffre de l'inflation et de la hausse des prix de l'énergie. Mais ses actionnaires estiment surtout que le groupe, présent au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie ou encore en Espagne, paye son manque de stratégie ces dernières années. Ils reprochent notamment à son état-major d'avoir manqué plusieurs opportunités de consolidation, ou de cessions d'actifs. En Espagne, Vodafone regarde aujourd'hui Orange et MasMovil se marier, alors qu'il était aussi sur les rangs pour participer à une réduction du nombre d'acteurs dans ce marché ultra-concurrentiel. En Italie, où la compétition fait également rage, il a refusé, l'an dernier, un gros chèque d'Iliad Italia, l'antenne transalpine de Xavier Niel, pour sa propre filiale.

De profondes restructurations

Vodafone a, dès 2022, amorcé de profondes restructurations. Les objectifs sont connus : se renforcer dans ses principaux marchés, quitte à abandonner les plus difficiles et les moins profitables. En parallèle, l'opérateur cherche à fusionner avec son rival Three UK au Royaume-Uni. Et en août dernier, il s'est séparé de sa filiale en Hongrie pour 1,8 milliard d'euros. Vodafone entend surtout tirer entre 3,2 et 7,1 milliards d'euros de la création d'une coentreprise avec les fonds américains KKR et GIP, qui vont lui racheter une partie de Vantage Towers, sa filiale d'antennes-relais. Cela n'a pas, toutefois, permis à Nick Read de sauver sa tête. Vodafone lui cherche désormais un successeur.

Les difficultés de Vodafone pourraient bien, à terme, faire le bonheur d'autres opérateurs. Iliad, la maison-mère de Free en France, ne cache pas son souhait d'étendre son empreinte à l'échelle européenne. Le groupe de Xavier Niel se porte bien, et dispose de la surface financière pour, pourquoi pas, profiter d'éventuelles cessions d'actifs pour se renforcer en Italie, ou se lancer en Espagne... Le 22 décembre dernier, Xavier Niel s'est d'ailleurs offert 2,5% de Vodafone. Les grandes manœuvres autour de ce mastodonte des télécoms européennes n'en sont qu'à leurs débuts.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.